Finalement, c'est un calcul mathématique selon une formule inédite qui aura déterminé l'identité du nouveau chef du Parti progressiste-conservateur de l'Ontario. Après des heures d'attentes et un chaos imprévu, on a finalement déclaré Doug Ford Jr. gagnant de cette curieuse course au leadership.
À peine élu, Doug Ford Jr., même s'il s'est voulu prudent, a déjà suscité maintes commentaires dans les médias et sur les réseaux sociaux. Plusieurs s'interrogent si celui-ci n'est pas un « Donald Trump du nord ». Exploration de l'univers de la Ford Nation et du climat politique ontarien.
Qui est Doug Ford Jr.?
Frère de l'ancien maire de Toronto, Rob Ford, personnalité ultra médiatisée pour ses frasques et sa consommation de crack alors qu'il était maire de Toronto, Doug Ford Jr. a toujours défendu son frère et s'en est fait le protecteur. Au demeurant, lui-même a fait l'objet de rumeurs persistantes quant à un rôle possible de « revendeur de haschich durant les années 1980. »
Doug Ford Jr. a été conseiller municipal pour le quartier 2 Etobicoke Nord à Toronto de 2010 à 2014, en même temps que son frère Rob Ford était maire de Toronto. Leur père, Doug Ford, a été membre du parlement provincial de 1995 à 1999 et a fondé Deco Labels and Tags, une entreprise d'imprimerie active au Canada et aux États-Unis. L'entreprise est maintenant détenue par Doug Ford Jr. et son frère Randy. Doug Ford Jr. est président de l'entreprise depuis 2002.
Ford s'est présenté aux élections municipales de Toronto en 2014, où il s'est classé deuxième derrière John Tory. En 2017, Ford a annoncé sa candidature pour les élections municipales de 2018 à Toronto, mais a annoncé en janvier 2018 qu'il ne se présenterait plus à la mairie pour se présenter à la course à la direction du Parti progressiste-conservateur, course déclenchée par la démission de Patrick Brown en raison d'allégations d'inconduite sexuelle. Le 10 mars 2018, il a vaincu Christine Elliott au troisième tour pour remporter la course.
Un conseiller municipal controversé
Doug Ford Jr. a été un conseiller municipal fort controversé. Il a été élu le 25 octobre 2010 dans le quartier no 2, succédant à son frère Rob élu maire cette même année. Ford avait alors annoncé qu'il ferait don de son salaire annuel de 100 000 $ aux organisations communautaires.
Alors qu'il était au conseil municipal, Ford était membre du conseil d'administration de Build Toronto, un organisme municipal indépendant chargé de mettre en valeur et de vendre des terrains urbains. Il a également été directeur de l'Exposition nationale canadienne et a entre autres siégé au comité du budget et au comité des nominations civiques.
Ford était membre du conseil d'administration de Toronto Transit Infrastructure Limited, une société créée pour financer le prolongement du métro Sheppard Avenue, qui a ensuite été annulé par le conseil. En 2011, Ford a fait la promotion d'un plan de rechange pour le district de Port Lands de Toronto, y compris un monorail, un hôtel bateau, la plus grande roue du monde et un méga centre commercial. Le plan de Ford a été rejeté par le Conseil, mais l'attention de Ford a conduit à un accord pour accélérer le développement des Port Lands.
Il a été mêlé à de nombreuses controverses avec son frère le maire de Toronto, Rob Ford, et le chef de police de Toronto Bill Blair, qu'il a accusé de se venger de son frère parce que son contrat n'avait pas été renouvelé avec le Service de police de Toronto. Blair a déposé une plainte en diffamation, exigeant des excuses écrites en échange de l'abandon du procès. Ford s'est excusé verbalement et s'est ensuite rétracté par écrit.
En décembre 2016, le commissaire à l'intégrité de la Ville de Toronto a conclu que Ford avait enfreint le code de conduite de la Ville lorsqu'il était conseiller municipal. Ford a abusivement usé de son influence dans les affaires municipales concernant des compagnies qui étaient des clients de la compagnie de sa famille. Comme Ford n'est plus conseiller, le commissaire n'a recommandé aucune sanction.
La controverse semble coller à Doug Ford. Ce qui s'est aussi produit lors de la brève campagne au leadership des conservateurs ontariens qui vient à peine de s'achever.
Doug Ford et les conservateurs ontariens
À la suite de la démission soudaine de Patrick Brown, chef du Parti progressiste-conservateur de l'Ontario, Ford a annoncé le 31 janvier 2018 qu'il voulait conduire les conservateurs ontariens pour les élections générales de 2018 en Ontario.
Ford a mené une courte campagne très idéologique. Il a dit représenter le peuple contre les élites et les privilégiés du système. Il a insisté sur le fait que le nord de l'Ontario n'était pas bien représenté par les élites actuelles et que les intérêts de cette région étaient bafoués par le gouvernement. Ford s'est attaqué au système de santé ontarien le qualifiant de « brisé » en relatant l'expérience hospitalière de son frère, l'ancien maire de Toronto, Rob Ford.
Durant une entrevue avec le Globe and Mail de Toronto, le 13 mars 2018, Ford a déclaré qu'il souhaitait mettre en œuvre un programme populiste s'il était élu. M. Ford s'est dit ouvert à une plus grande privatisation des ventes de marijuana et d'alcool en Ontario et à la suppression de la « taxe des acheteurs étrangers » relativement nouvelle sur l'immobilier. Ford a confirmé qu'il remplaçait la plate-forme du parti adoptée par l'ancien chef Patrick Brown par un plan simple en cinq points axé sur la santé, l'éducation, la création d'emplois, le programme de plafonnement et d'échange d'émissions de carbone tarifs d'électricité.
Ford a déclaré qu'il soutiendrait l'introduction d'une législation obligeant les adolescents à obtenir le consentement parental avant d'obtenir un avortement. Il a aussi dit qu'il croyait que le programme d'éducation sexuelle de l'Ontario devait être révisé et critiquait le nouveau programme mis en place en 2015. L'une des principales politiques électorales de Ford lors des élections au leadership du Parti progressiste-conservateur de 2018 fut son opposition au système de plafonnement et d'échange et à la taxe sur le carbone du gouvernement fédéral.
Doug Ford Jr., un Donald Trump du nord?
Il n'y a pas de doute possible, Doug Ford Jr. incarne le populisme à l'état pur. Son discours contre les élites et les médias, ses positions moralistes de droite contre l'avortement, l'éducation sexuelle et les changements climatiques. Son parti-pris pour l'entreprise privée à tout prix et son mépris pour les interventions gouvernementales font de Doug Ford un adversaire de taille pour le gouvernement de la libérale Katleen Wynne et son grand allié, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau.
L'incursion de Doug Ford Jr. sur la scène politique canadienne, le réveil de la Ford nation à ses côtés vont profondément transformer le discours politique canadien non seulement en Ontario, mais partout au pays. C'est dire ce que peuvent faire les mathématiques ontariennes...
N. B. J'ai puisé de nombreuses informations factuelles pour rédiger cette chronique dans le lien suivant : https://en.wikipedia.org/wiki/Doug_Ford_Jr.