Alors que plusieurs Québécois affirment vouloir boycotter les
États-Unis cet été, les hôteliers et gestionnaires de campings de
l'Estrie commencent à en ressentir les effets. Trois
établissements de la région confirment une tendance à la hausse
des séjours locaux, bien que les raisons précises soient parfois
difficiles à cerner.
Des réservations
hôtelières en forte avance
Du côté des hôtels
Espace 4 Saisons et Verso, à Orford, la saison estivale s'annonce
prometteuse. « On est beaucoup en avance par rapport aux
réservations de l'année dernière à la même date », affirme
Elyse L'Espérance Présidente et co-DG de Pal+. Après un hiver jugé
« très, très positif » en matière d'achalandage, l'été
suit la même courbe.
Même si les clients
ne mentionnent pas directement le boycott des États-Unis comme
raison de leur séjour, les données internes montrent une forte
proportion de Québécois et de Canadiens qui choisissent de rester
dans la province. « Il y a un sondage qui montrait que les
intentions de voyage étaient beaucoup orientées vers le local cet
été », souligne-t-on.
Quant à la durée
des séjours à l'Espace 4 Saisons et à l'hôtel Versō, a
légèrement augmenté en 2025 par rapport à 2024.
Au Camping Pont
Couvert : des séjours plus longs et une clientèle plus âgée
Le Camping Pont
Couvert, situé à Waterville, observe lui aussi un changement de
cap. Après un léger ralentissement au début de la période de
réservation, la courbe s'est redressée. « Les séjours sont plus
longs, les gens réservent pour sept nuitées et plus »,
indique-t-on.
La clientèle change
également : une hausse de la moyenne d'âge a été observée,
avec une augmentation notable des visiteurs en provenance de la
Capitale-Nationale. Bien que les campeurs ne mentionnent pas
ouvertement le boycott des États-Unis, les gestionnaires estiment
que la tendance y est probablement liée. « On n'a pas de
confirmation, mais on peut présumer que c'est un facteur. »
Camping Aventure
Mégantic : un impact qui se dessine à plus long terme
Pour le Camping
Aventure Lac Mégantic, les effets sont plus nuancés. La
gestionnaire Julie Rouillard note qu'en début d'année, les
réservations étaient en retard comparativement à l'an passé.
Toutefois, la situation s'est stabilisée au fil des mois.
Elle attribue ce
ralentissement initial à une combinaison de facteurs économiques :
récession, incertitudes budgétaires et grèves ayant affecté le
portefeuille des vacanciers. « Je pense que les gens attendaient
d'être certains avant de réserver. »
Comme ailleurs, une
hausse des séjours prolongés est constatée. Mais c'est surtout
chez les retraités que Mme Rouillard anticipe un effet du boycott. «
Ce sont des gens qui ne réservent pas d'avance. On va probablement
voir la différence pendant l'été, surtout en basse saison. »
Une tendance à
surveiller tout au long de l'été
Si les trois
témoignages n'offrent pas une preuve directe que le boycott des
États-Unis a un impact majeur, les indices sont nombreux : plus de
Québécois qui choisissent l'Estrie, des séjours plus longs, une
clientèle qui change. Le phénomène semble bel et bien réel, mais
il faudra attendre la fin de la saison estivale pour en tirer des
conclusions fermes.