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L’illibéralisme, l’âge doré des États-Unis d’Amérique?

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Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 9 avril 2025

La deuxième semaine de la campagne électorale fédérale aura été une fois de plus éclipsée par Donald Trump. Ce diable d'homme bouffe tout l'oxygène médiatique. L'annonce de sa politique tarifaire aura permis au chef du Parti libéral du Canada, Mark Carney, de revêtir ses habits de premier ministre et de briller davantage que lorsqu'il fait campagne. Briller est un mot exagéré lorsque l'on évoque Mark Carney qui est d'une nature plutôt ennuyeuse. Une chose est certaine, les plus grands perdants de l'âge doré américain, ce sont les électeurs canadiens. Permettez-moi, si vous le voulez bien, de vous expliquer mon point de vue à ce sujet.

Une campagne dominée par les enjeux tarifaires

Jusqu'à présent, l'ombre américaine masque totalement les enjeux canadiens. Il est vrai que notre relation avec notre voisin compte beaucoup pour nous. Les États-Unis sont la plus grande puissance militaire et économique du monde. Nous avons la chance d'être son voisin. Durant de nombreuses décennies, notre proximité avec le géant américain a été un avantage pour nous. Toute notre politique étrangère était copiée, à quelques exceptions près, sur celle de notre voisin. Pour l'essentiel, notre rôle était de jouer les intermédiaires entre les États-Unis et les autres pays de la planète. En tant que meilleurs amis du géant, les pays faisaient appel à nous pour chercher à nouer ou à renforcer ses relations avec les États-Unis. C'est l'ordre mondial qui fut établi au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, fondé sur l'État de droit, le libéralisme économique et la démocratie. Cet ordre mondial patiemment construit par les États-Unis d'Amérique a été jeté aux orties par le président Donald Trump. De décret en décret, Donald Trump renie les valeurs américaines auxquelles nous sommes attachés et il choisit plutôt de devenir le chef de file de l'illibéralisme.

L'illibéralisme, ça mange quoi en hiver ?

Les racines de l'illibéralisme peuvent être retracées à la fin du XXe siècle, notamment dans le sillage de la chute du communisme en Europe centrale et orientale. À cette époque, de nombreux pays se sont engagés dans un processus de transition démocratique inspiré par les idéaux libéraux. Cependant, ce processus s'est souvent heurté à des réalités sociopolitiques complexes, notamment la montée de l'autoritarisme et la désillusion devant les promesses du libéralisme.

Le terme illibéralisme a été popularisé par des penseurs comme Fareed Zakaria dans son essai The Rise of Illiberal Democracy, dans lequel il distingue démocratie et libéralisme. Il souligne que la démocratie électorale ne garantit pas nécessairement la protection des droits de l'homme (des femmes aussi, ajouterais-je) et des libertés individuelles. La crise de la pandémie de la COVID-19 a illustré de façon manifeste que les gouvernements élus pouvaient adopter des mesures restreignant les libertés individuelles au nom du bien commun. Il n'en fallait pas plus pour que des citoyennes et des citoyens de chez nous se comparent à des pays comme la Hongrie, la Pologne et la Turquie où les gouvernements élus adoptent des mesures qui restreignent les libertés civiles tout en préservant les mécanismes de la démocratie formelle, telles des élections régulières.

L'illibéralisme se caractérise par un rejet explicite des fondements du libéralisme classique. Ce dernier repose sur l'idée que l'individu possède des droits inaliénables qui doivent être protégés par l'État. Les partisans de ce concept, en revanche, mettent l'accent sur l'autorité de l'État et la nécessité d'une homogénéité culturelle et politique. Ils considèrent souvent que la défense de la nation et de la culture prime les droits individuels.

Trump, l'illibéral en chef

Avec cette grille de lecture, on peut mieux comprendre les actions du gouvernement de Donald Trump. Les piliers de l'illibéralisme sont le populisme, la souveraineté nationale, l'anti-élitisme et le contrôle absolu de l'État sur les médias et les tribunaux. Cherchons à mieux comprendre ces éléments clés de l'illibéralisme.

 

Le populisme est l'arme suprême des illibéraux. Les leaders exploitent le mécontentement économique et social, comme l'a fait Donald Trump, pour mobiliser un soutien populaire en rejetant les élites établies et promettent le retour d'un passé glorieux, l'âge doré de Donald Trump. On se sert aussi de la souveraineté nationale pour l'opposer à l'idée de portée universelle des droits de l'homme, souvent perçue comme une imposition des normes libérales occidentales. Dans le cas de Trump, il a même fait de la chasse aux minorités une partie importante de son discours si l'on pense à ses déclarations sur le wokisme. En même temps, on cherche à décrire les élites intellectuelles, politiques et économiques comme déconnectées des réalités du citoyen ordinaire lambda, les seuls représentants légitimes du bien commun et de l'intérêt national.

Pour installer leur pouvoir, les illibéraux utilisent leur contrôle sur l'État. Les gouvernements illibéraux tendent à affaiblir l'indépendance des médias, du système judiciaire et des organisations de la société civile. Ils manipulent les règlements pour limiter l'opposition et renforcer leur propre pouvoir. On comprend mieux l'utilisation abusive des décrets par le président Trump.

Le Canada, défenseur de l'ordre libéral ?

Dans ce contexte, je crois qu'il est crucial que le Canada et ses chefs politiques se fassent les défenseurs avec ses amis européens de l'ordre libéral construit par les États-Unis et qu'ils ont aujourd'hui déserté. Il faut se rappeler que Donald Trump n'est pas à lui seul les États-Unis d'Amérique et que nos amis et voisins américains méritent que le Canada tienne le coup pendant ce moment dramatique de l'histoire de l'Occident.

L'illibéralisme est une réponse complexe aux défis contemporains, mêlant des éléments de rejet du libéralisme classique, du populisme, du nationalisme et de l'autoritarisme. Son émergence, portée par de nombreux leaders en Occident, dont Donald Trump, remet en question la notion même de démocratie en soulignant que celle-ci ne garantit pas nécessairement la protection des droits individuels.

Alors que nous tenons une campagne électorale dans un contexte où les valeurs libérales semblent de plus en plus menacées, il est crucial que chaque chef de parti s'engage activement à défendre ces principes afin d'assurer un avenir où la liberté et la justice prévaudront. L'illibéralisme n'est pas un simple phénomène politique, c'est un défi fondamental pour la philosophie politique moderne qui nécessite une réflexion approfondie et un engagement collectif pour le surmonter.

Nous devons dire non à l'âge doré de Donald Trump. Plutôt que de chercher à le séduire, nous devons le combattre avec nos idéaux et nos valeurs. Nous avons le choix de mourir debout ou à genoux. Fidèle aux enseignements de mon grand-père paternel, je préfère mourir debout plutôt que de vivre à genoux devant l'empereur de l'illibéralisme, Donald Trump. Le président américain Donald Trump joue aux apprentis sorciers avec l'ordre mondial au nom de principes vaseux et d'un discours populiste racoleur qui mise sur la peur et les préjugés. Rappelez-vous ces Haïtiens qui mangeaient les animaux domestiques. Il est vrai que s'opposer à l'empire américain demande beaucoup d'audace, mais je souhaite que nous tous soient assez lucides pour donner à nos politiciens la dose de courage nécessaire pour dire un non retentissant à l'âge doré des États-Unis d'Amérique de Donald Trump...



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