Le débat fait rage en Cour supérieure, en Cour d'appel très bientôt et sûrement à la Cour Suprême du Canada dans un avenir prochain.
La question débattue : les Québécoises et les Québécois auront-ils le droit d'entendre les conversations téléphoniques interceptées de Michel Arsenault et de ses amis par les services policiers pendant une enquête visant à extirper le crime organisé de la gestion du Fonds de solidarité des travailleurs du Québec de la FTQ?
Visite de courtoisie et opacité
Après d'habiles plaidoiries, la juge Charbonneau a décidé de ne pas recevoir la demande de Me Jean Claude Hébert, brillant criminaliste s'il en est un, de ne pas faire entendre les résultats de l'écoute électronique dans le cadre de l'enquête policière « Diligence ». Fidèle aux propos tenus devant la commission selon lesquels son plaidoyer devant elle devait être assimilée à une visite de courtoisie, le Fonds a porté sa cause devant la Cour supérieure. Là aussi, les prétentions de Me Hébert et de son client Michel Arsenault ont été déboutées. N'en déplaise aux payeurs de taxes et aux actionnaires du Fonds, la cause sera portée en appel au Tribunal d'appel du Québec et vraisemblablement en Cour Suprême si la Cour d'appel ne donne pas raison aux prétentions et doléances du Fonds et de Michel Arsenault. Pourquoi donc tout ce branle-bas de combat déjà? Pour ne pas voir divulguer les conversations de Michel Arsenault qui relevaient selon son avocat de sa vie privée. La belle affaire!
Nous sommes floués doublement
Le fond des choses c'est que nous sommes nombreux à être floués dans cette affaire. D'abord, en tant que contribuable, nous avons payé nos travaux d'infrastructures beaucoup trop cher, on évoque souvent le chiffre de 30 %. Puis, nous avons aussi à vivre avec le fait que blanchir de l'argent à travers des industries légitimes est devenu simple comme bonjour et cela avec la complicité présumée d'un puissant syndicat et d'un formidable outil de développement économique. Pas jojo...
Si en plus, tout comme moi, vous êtes actionnaires du Fonds de solidarité de la FTQ, vous avez la désagréable impression que vos économies ont pu servir de rampe de lancement à des activités criminelles déguisées derrière des paravents de légitimité. Inquiétant...
Truands ou cachottier?
La cerise sur le gâteau c'est qu'une partie de nos contributions en tant qu'actionnaires du Fonds de solidarité de la FTQ est présentement utilisée pour payer des honoraires professionnels d'avocats pour cacher des pans de réalité au public et aux actionnaires du Fonds. Vous trouvez cela normal vous que notre argent serve à cacher la vérité?
S'il n'est pas un fait avéré que Michel Arsenault ou d'autres employés du Fonds de solidarité n'ont pas commis de crimes. Rappelons qu'aucune accusation n'a été portée contre Michel Arsenault au terme de l'enquête de police. Il est un fait indiscutable si l'on se fie aux témoignages entendus et au reportage de l'équipe d'Alain Gravel d'Enquête que tout ne tournait pas rond au royaume de la FTQ et que le crime organisé en menait large ainsi que de nombreux truands à cravate.
La lumière de la vérité et vite...
En se sens, peut-être ne pouvons-nous pas accuser Michel Arsenault et les gestionnaires du Fonds de solidarité des travailleurs du Québec de truanderie, mais une chose est certaine ils sont coupables de manque de transparence et d'obstruction à la recherche de la vérité. Il y a de quoi à réfléchir à la possibilité de retirer ses avoirs personnels d'un tel organisme tout comme il apparaît difficile aujourd'hui de défendre le maintien d'un crédit d'impôt auprès du gouvernement du Canada.
Sans la lumière, l'obscurité emportera l'une des plus belles initiatives du Québec de la concertation héritée du gouvernement social-démocrate de René Lévesque. Il est temps que la FTQ et la responsable du Fonds assument leurs responsabilités et qu'ils acceptent que la lumière soit faite sur cette période trouble de l'histoire de la FTQ et du Fonds. Sans quoi, nous croirons avoir affaire à de la truanderie...
Tweet de la semaine
« Nos lunettes sont souvent si sales que l'on se demande où et quand à notre insu, elles mangent du chocolat » - dans Bernard Pivot, Les tweets sont des chats, Paris, Albin Michel, 2013,p.59.
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