Vendredi soir 29 novembre, tous les regards des journalistes
sont braqués sur l'itinéraire de l'avion du premier ministre
canadien Justin Trudeau. Plutôt que de revenir peinard à Ottawa à
la suite d'un événement tenu à l'île-du-Prince-Édouard, elle
a pris la direction de West Palm Beach afin de participer à un
souper chez Donald J. Trump à Mar-a-Lago.
L'alerte a retenti dans la sphère
politique canadienne, et pour cause. Avant même d'avoir
officiellement intégré ses fonctions, Donald Trump, l'ex-président
des États-Unis, est déjà à réécrire les règles du jeu. Évoquer
Trump, c'est toujours se confronter à une figure controversée, un
homme aux talents indéniables de manipulateur qui opère en
maître-marionnettiste sur la scène politique nord-américaine. Son
dernier coup ? Une menace lancée sur son réseau social, Truth,
d'imposer un tarif de 25 % sur tous les biens canadiens
exportés aux États-Unis. Cette déclaration a non seulement fait
trembler la classe politique canadienne, mais a aussi suscité des
questions sur le rôle du Canada dans la politique américaine.
Des
menaces efficaces pour Trump
Le contexte est crucial. À
quelques mois de l'investiture, Trump n'a pas ménagé ses
efforts pour faire entendre sa voix sur la scène internationale. La
menace d'un tarif considérable sur les exportations canadiennes
sert à rappeler, à ceux qui l'ont oublié, que les États-Unis,
sous sa houlette, peuvent soit être un partenaire fiable, soit
devenir un adversaire redoutable. Ce rappel brutal n'est pas qu'une
simple bravade, mais bien une manœuvre calculée visant à insuffler
un sentiment d'urgence dans le camp des Canadiens.
Le
succès de cette stratégie réside dans sa capacité à frapper là
où ça fait mal, c'est-à-dire dans l'économie. En imposant un
tel tarif, Trump ne touche pas simplement les exportations, il
insulte l'identité économique canadienne, ébranlant les
fondations d'une relation douloureusement tissée au cours des
décennies. Son acte est acéré et, comme un marionnettiste habile,
il tire sur les ficelles d'un jeu qu'il connaît
parfaitement.
Trudeau proactif...
Devant cette
offensive, Justin Trudeau n'a pas tardé à réagir. Conscient du
choc qu'a provoqué cette déclaration, il a décidé d'adopter
une stratégie d'apaisement, allant même jusqu'à rendre visite
à Trump à Mar-a-Lago lors du week-end de l'Action de grâce
américaine. Ce geste révèle la profondeur de l'inquiétude de
son gouvernement face à la menace économique et politique que
représente un Trump réélu. En agissant ainsi, Trudeau se
positionne comme un dirigeant lucide des enjeux, cherchant à établir
un dialogue avec un homme dont les méthodes constituent un défi aux
conventions diplomatiques.
La rencontre n'a pas
seulement pour but de calmer les esprits, elle s'inscrit dans une
logique plus vaste de compréhension et de navigation dans les eaux
tumultueuses des relations bilatérales. En serrant la main du lion,
Trudeau tente de gagner du temps, de découvrir les motifs et les
intentions sous-jacentes de Trump, et potentiellement d'apaiser la
bête.
Poilievre fait de la petite politique
Pendant
que la maison canadienne est en feu, le chef de l'opposition
officielle au Canada et premier ministre putatif, Pierre Poilievre
tient une conférence de presse et fait la démonstration de sa
partisanerie extrême plutôt que de joindre sa voix à l'apaisement
que cherche à créer Justin Trudeau. Lorsque Trump émet des menaces
de tarifs douaniers, Poilievre devra être agile dans sa réponse.
Plutôt que de se positionner comme un opposant féroce à Trudeau,
il pourrait adopter une posture diplomatique tout en défendant
fermement les intérêts canadiens. Il aurait aussi pu tendre la main
à son souffre-douleur Justin Trudeau pour le féliciter de son
initiative et de son audace. Après tout, il est peu probable que
Justin Trudeau puisse renverser la vapeur et battre Poilievre aux
prochaines élections. Il n'a pas saisi l'occasion de se montrer
premier ministrable. Ce qui confirme l'opinion de plusieurs que
Poilievre est une bibite partisane sans capacité d'élévation et
qui fera un piètre premier ministre. Que Dieu nous en préserve !
Chose certaine, en cas de guerre commerciale, Poilievre sera d'une
faible utilité pour préserver les intérêts supérieurs du Québec
et du Canada.
L'art de la manipulation
Ce qui
est fascinant avec Trump, c'est sa capacité à manipuler les
perceptions. Tel un grand marionnettiste, il utilise la peur comme un
instrument. Chaque déclaration est soigneusement orchestrée pour
créer des vagues de panique, générant des réactions qui, à leur
tour, alimentent la dynamique de pouvoir qu'il souhaite établir.
Il attire l'attention, polarise les opinions et force ses
adversaires à improviser.
Trump n'est pas simplement un
homme politique, il est devenu une figure emblématique d'une
nouvelle forme de politique où les jeux de pouvoir se jouent selon
des règles différentes. Il réussit à transformer les médias en
une extension de sa volonté, s'assurant que chaque mot prononcé
ne passe pas inaperçu. Sa capacité à se tailler un chemin dans le
paysage politique contemporain témoigne de son aptitude à manipuler
les ficelles de l'opinion publique et à susciter des réactions
immédiates et souvent démesurées.
Les répercussions de
ses manipulations dépassent de loin le cadre des négociations
commerciales. Elles touchent à la stabilité même du paysage
politique canadien. La menace de Trump d'imposer des tarifs soulève
une question universelle : jusqu'où le Canada sera-t-il prêt
à aller pour protéger le pays ? Ce débat ne se limite pas
seulement à une réponse économique, mais s'étend à une
réflexion plus large sur l'identité nationale, la souveraineté
et la dépendance économique.
Les vieux partis politiques
canadiens, alors que le pays est à un tournant, doivent s'adapter
à ce nouveau paradigme. Ils doivent répondre non seulement à la
menace d'un tarif, mais également à un électorat de plus en plus
polarisé. Les positions doivent être claires, mais elles doivent
également prendre en compte la nécessité d'une résilience
devant l'imprévisibilité de Trump. Ce climat instable produit des
leaders qui doivent être agiles et réactifs, capables de jongler
avec la menace Trump tout en proposant une vision d'un Canada uni
et fort.
Les implications, bien plus qu'économiques,
forgent un paysage où les alliances sont repliées sous la crainte
des représailles. Les provinces qui dépendent des exportations pour
leur survie économique risquent d'entrer en désaccord avec les
choix du gouvernement central. Les intérêts régionaux sont à nu,
une division potentielle se profile alors qu'aucun leader ne
souhaite être le chevalier qui perd sa bravoure face à la menace du
tarif.
Un jeu à deux
En fin de compte, Trump
opère toujours comme un grand marionnettiste, mais le Canada n'est
pas un simple figurant dans cette pièce, il a son propre rôle à
jouer. La réaction du Canada concernant cette menace n'est qu'une
fenêtre sur la manière dont les nations doivent négocier en
utilisant une autodéfense calculée. Il est essentiel que Trudeau et
son gouvernement cultivent leur propre habileté à manœuvrer dans
ce jeu complexe.
Le talent de Trump à jouer avec les
réalités politiques fait de lui un adversaire redoutable, mais cela
peut aussi forcer le Canada à se réinventer, à se rapprocher de
ses partenaires internationaux, à forger des alliances stratégiques
tout en maintenant son intégrité nationale. En fin de compte, cette
dynamique pourrait bien donner naissance à un Canada plus uni,
capable de répondre à l'imprévisibilité d'un président comme
Trump et de se hisser au-delà des menaces de tarifs et des
manipulations politiques.
Ainsi, même si le fil du
marionnettiste américain est tendu à l'extrême, le Canada
pourrait très bien montrer qu'il possède sa propre paire de
ciseaux, prêt à couper les fils du grand marionnettiste pour jouer
sa propre mélodie politique. Ainsi ira le destin du grand
marionnettiste Donald Trump...