Depuis un certain nombre de mois, je vous fais part dans
cette chronique de mes inquiétudes pour l'état de la démocratie en Occident.
Je sais que c'est un classique pour les politiques de dire à
l'aube d'une campagne électorale que c'est la plus importante de l'histoire et
que des enjeux fondamentaux sont en jeu, mais souventes fois, c'est de la
rhétorique politique. Cette fois, tant aux États-Unis que chez nous au Canada,
cela m'apparaît comme une évidence.
Avec les troubles en France, la recrudescence de la violence
au Royaume-Uni, il ne faut pas prendre à la légère la lutte pour la présidence
américaine entre Donald Trump et Kamala Harris. C'est le sort de la démocratie
libérale qui est en jeu. Cela ne débute pas avec l'élection. On peut retrouver
les racines de ces menaces au moment de la pandémie de 2020. Un petit retour
sur des moments que l'on cherche à oublier.
La pandémie et la démocratie...
Depuis
l'apparition de la pandémie mondiale, le terme « démocratie » a été l'objet de
multiples interprétations et de controverses. Des nations démocratiques ont été
contraintes, au nom de la santé publique et de la survie, d'adopter des mesures
d'urgence autoritaires, posant ainsi la question fondamentale de savoir si ces
actions contredisent ou renforcent les valeurs démocratiques en jeu. Devant
cette réalité inattendue, il est indispensable de réfléchir à l'impact de ces
événements sur l'avenir des démocraties véritables, en particulier à la lumière
de la montée du populisme autoritaire observable dans des pays tels que le
Canada et les États-Unis.
L'une des
principales répercussions de cette période de la crise sanitaire sur les
démocraties a été la remise en question de l'équilibre délicat entre la
protection des libertés individuelles et le bien-être collectif. Les
gouvernements ont souvent justifié des mesures strictes telles que les
confinements, les restrictions de déplacement et la surveillance accrue au nom
de l'urgence sanitaire, même si ces mesures ont parfois restreint les droits et
libertés individuels traditionnellement associés aux régimes démocratiques. Par
conséquent, une tension notable s'est instaurée entre la nécessité d'assurer la
sécurité publique et le respect des principes démocratiques fondamentaux tels
que les libertés civiques et les garanties constitutionnelles.
La crise
pandémique a également mis en lumière les limites de la démocratie
représentative traditionnelle, mettant en exergue des lacunes en matière de
réactivité, de transparence et de communication gouvernementale. Les citoyennes
et les citoyens ont exprimé à maintes reprises leur mécontentement concernant
des décisions prises par les autorités, soulignant un sentiment croissant de
défiance à l'égard des institutions démocratiques. Cette frustration a été
exploitée par des mouvements populistes autoritaires, qui ont réussi à gagner
du terrain en s'appuyant sur des discours simplistes et des promesses de
solutions radicales devant l'incapacité perçue des gouvernements d'affronter la
crise. Il faut se rappeler le blocage du centre-ville d'Ottawa pour faire
image.
Que faire alors ?
Ainsi, la
question cruciale qui se pose est de savoir si les démocraties réelles ont
encore un avenir viable dans un contexte où le populisme autoritaire gagne en
influence. Dans des pays comme le Canada et les États-Unis, où les institutions
démocratiques ont été mises à l'épreuve par des crises de grande envergure, il
devient impératif de repenser le fonctionnement de ces systèmes politiques afin
de restaurer la confiance des citoyennes et des citoyens de renforcer les
contre-pouvoirs démocratiques.
Pour
contrer la montée du populisme autoritaire, il est essentiel de réaffirmer les
principes démocratiques fondamentaux tels que le respect de l'État de droit, la
séparation des pouvoirs et le pluralisme politique. Les démocraties doivent
également s'adapter aux nouvelles réalités du monde contemporain en renforçant
les mécanismes de participation citoyenne, en promouvant la transparence et la
reddition de comptes, et en favorisant un dialogue ouvert et inclusif entre les
gouvernants et les gouvernés.
Manifestement,
la pandémie mondiale a indéniablement remis en question la signification et la
pertinence du concept de démocratie dans un contexte de crise sanitaire et
politique. S'il n'y avait que cela. Il faut aussi ajouter au portrait global la
crise du logement et le problème de l'inflation et du coût de la vie. Ces deux
facteurs ont aussi un impact sur la vitalité de nos démocraties. On sait que le
logement, l'immigration massive et l'inflation peuvent avoir des ramifications
importantes sur l'économie générale d'un pays et sur la situation sociale des
individus.
L'inflation
galopante, caractérisée par une augmentation rapide et soutenue des prix des
biens et services, peut entraîner plusieurs conséquences. Elle peut réduire le
pouvoir d'achat des personnes, augmenter l'incertitude économique, décourager
l'investissement et compromettre la stabilité financière. Visiblement, cette
inflation constitue un obstacle majeur pour atteindre des objectifs économiques
ou sociaux et pour maintenir une classe moyenne forte tant aux États-Unis qu'au
Canada.
Ce qui est
vrai pour l'inflation est aussi vrai pour la crise du logement et l'immigration
massive. Une crise du logement survient lorsque la demande de logements dépasse
l'offre disponible, entraînant une augmentation des prix immobiliers, des taux
d'occupation élevés et des difficultés d'accès au logement pour de nombreux
individus. Cela engendre des problèmes sociaux, tels que l'itinérance, la
précarité résidentielle et la détresse financière.
Peut-on sauver la démocratie ?
Sauver la démocratie,
c'est d'abord et avant tout prendre à bras-le-corps les problèmes sous-jacents
que sont l'immigration massive, la crise du logement et le pouvoir d'achat des
classes moyennes, malgré ce que peut en dire chez nous Poilievre ou chez notre
voisin Trump, ce n'est pas leur arrivée au pouvoir qui règlera ces problèmes.
C'est pourquoi il est intéressant de voir le parcours de Kamala Harris aux
États-Unis dans le cadre de la course à la présidence.
Si l'on
observe ce qui se passe ces jours-ci aux États-Unis, on note que l'enthousiasme
semble avoir retrouvé son chemin parmi les démocrates américains. Le discours
de Kamala Harris, centré sur l'avenir et les besoins des citoyennes et des
citoyens américains, contraste avec celui de Donald Trump. Alors que le second
propose de retourner dans le passé, la première est résolument tournée vers
l'avenir.
Kamala
Harris minimise les quolibets de son adversaire. Elle n'a pas craint de choisir
un colistier résolument ancré à gauche, mais populiste, Tim Walz. Cet ancien
enseignant, militaire et coach de football donne un caractère plus près des
gens à la politique. Cela rompt avec les élites démocrates habituelles qui
tiennent des discours que peu d'Américains comprennent ou veulent comprendre.
La décision
de Joe Biden de laisser sa place était une excellente décision. Le choix de
Kamala Harris comme candidate est aussi un choix qui tient la route. Puis,
l'arrivée de ce gouverneur du Minnesota, Tim Walz, ne vient qu'ajouter à un
regain d'enthousiasme des démocrates américains pour la bataille qui les attend
contre l'improbable Donald Trump. Ce sera une course à la présidence chaudement
disputée. Bien malin qui peut en prédire l'issue. Ce qui avantage à mon sens
les démocrates, c'est que l'espoir renaît. Et soudain l'espoir...