Cette dernière semaine a officialisé le lancement de la campagne à la présidence du candidat démocrate Joe Biden et de sa colistière Kamala Harris. Cette drôle de campagne a été lancée au Wisconsin durant une convention qui s'est déroulée virtuellement. Le point sur le lancement des hostilités dans le cadre de la prochaine élection présidentielle aux États-Unis d'Amérique.
Du jamais vu, la politique en virtuel
Le défi du parti démocrate était grand. Faire une convention politique sans la présence d'un public pour acclamer les candidats et les porte-parole était tout un contrat. Il fallait en plus réussir à susciter l'enthousiasme d'un électorat plus préoccupé ces temps-ci par des questions de santé et de l'état de l'économie. On ne saura pas tout de suite si les démocrates ont gagné leur pari. Ce que l'on sait déjà cependant c'est que le parti démocrate a réussi à projeter une image d'unité tout en générant des cotes d'écoute fort honorables pour ces grandes messes d'infopub tenues chaque soir.
S'il est vrai que la formule d'une convention politique virtuelle ne permet pas d'y retrouver l'enthousiasme d'un public en délire qui favorise des discours marquants, il est aussi vrai que cette formule aura permis de mieux formater le message et assure une offensive sur les réseaux sociaux avec des extraits de choix de ces moments télévisuels. Le message livré cette semaine était fort simple, les démocrates unis derrière le tandem Joe Biden-Kamala Harris offrent au peuple américain l'occasion de sortir des ornières ténébreuses dans lesquelles l'a entraîné le président Donald Trump et de remettre le pays dans la lumière du progrès et de la liberté. Par ailleurs, le leadership de Joe Biden a été solidement affirmé en s'appuyant sur ses qualités d'empathie et d'écoute des gens ordinaires.
Joe, le copain pour aller prendre une bière...
Lors de cette convention démocrate, on a mis en scène la vie de leur candidat à la présidence Joe Biden. Une vie marquée par le deuil de sa première femme et de l'une de ses filles, puis de son fils Beau Biden mort d'un cancer du cerveau. L'homme éploré a trouvé sa voie en servant l'intérêt public et en étant à l'écoute des Américains. Le nombre d'histoires démontrant la bonhommie de Biden et son empathie est élevé et de nombreux exemples en ont été donnés au cours de ces quatre jours de convention démocrate. L'histoire la plus touchante de toutes est celle de ce jeune homme bègue qui a eu droit à l'aide de Joe Biden qui lui a donné des trucs pour surmonter son handicap. Le discours de deux minutes que ce jeune homme a livré sur les médias nationaux dans la plage horaire des plus grandes cotes d'écoute a constitué l'un des moments les plus émouvants de ces quatre jours de diffusion des démocrates au Wisconsin.
Biden n'est pas seul...
L'autre démonstration qui a été faite c'est que Joe Biden avait rallié tous les éléments du parti démocrate derrière sa candidature. Tous les candidats défaits de la dernière course à la candidature démocrate à la présidence se sont ralliés et sont venus offrir un témoignage d'appui au tandem Biden-Harris. Joe Biden a aussi réussi à rallier à sa candidature de nombreuses personnalités républicaines, dont l'épouse de feu John McCain ainsi que l'ancien secrétaire d'État américain Colin Powell et d'un ancien candidat à l'investiture républicaine de 2016 John Kasich. Ces républicains et d'autres sont en rupture avec le président Trump c'est connu, il n'y a donc pas de surprises, mais il reste que cela devrait préoccuper le président Trump. Contrairement à lui, Joe Biden n'est pas seul et il semble posséder une bonne force de traction dans l'électorat américain surtout dans les États clés du Midwest américain où se jouera en grande partie le sort de cette élection.
Obama à la rescousse de la démocratie
Joe Biden et Kamala Harris peuvent aussi compter sur l'appui des personnalités démocrates jeunes et vieilles notamment celui de l'ancien président Obama qui a livré un discours inédit de Philadelphie, ville qui fut le berceau de la démocratie américaine, où il a mené la charge contre le président sortant qui n'a pas, selon Obama, la trempe pour occuper les fonctions de commandant en chef de la nation américaine. Barack Obama s'est dit inquiet pour l'avenir de la démocratie américaine et a lancé que l'élection qui vient était une question de vie ou de mort pour son avenir. Un discours fort efficace qui devrait avoir des répercussions majeures dans des franges importantes de l'électorat.
Que dire aussi de l'intervention remarquable de la candidate à la vice-présidence Kamala Harris qui a livré une charge à fond de train contre le président Trump ? Pour elle, la cause de Trump est déjà entendue et le jugement sera prononcé le 4 novembre prochain par l'électorat. Kamala Harris a prononcé un discours articulé sur les valeurs chères aux démocrates et sur son énorme estime envers Joe Biden. Au cours des prochaines semaines, Kamala Harris ne fera pas de quartiers à Donald Trump et Mike Pence. Ils en auront plein leurs bottes avec les assauts prévisibles de cette oratrice efficace et sympathique.
Le réveil de l'Amérique
Le discours qu'a prononcé Joe Biden, candidat à la présidence, à la fin de la convention démocrate n'avait rien à voir avec le charisme et la maîtrise d'un orateur comme Barack Obama, je vous l'accorde. Néanmoins, Biden a tenu un discours qui a surpassé de loin les basses attentes que les commentateurs avaient. Surpasser les attentes est toujours une bonne idée pour un personnage public qui s'apprête à affronter l'électorat américain dans quelques mois. Le discours qu'a prononcé jeudi soir dernier Joe Biden ne nous a pas convaincus que le surnom que lui donne Trump de Joe l'endormi était mérité. Non seulement Biden a-t-il réussi à livrer un discours empathique, clair et qui faisait l'unité, mais il a aussi fait la preuve de sa maîtrise des grands dossiers de la politique américaine.
La table est mise pour le grand affrontement avec les républicains du président Donald Trump. La question que l'on se posera cette semaine de convention républicaine c'est si ce parti réussira aussi bien que son vis-à-vis démocrate sa convention politique virtuelle.
Joe Biden a choisi le meilleur angle d'attaque en dénonçant la gestion endémique du président Trump de la crise de la COVID-19. Rappelant que Trump a failli dans sa tâche la plus élémentaire soit de protéger les citoyennes et les citoyens américains. Il a aussi marqué des points importants en rappelant que l'économie américaine se portait mal. Un autre échec qu'il attribue à Trump. Un contraste avec le rôle qu'il a joué auprès du président Obama à la suite de la grande récession pour relancer l'économie américaine.
Faisant appel à la décence, à la responsabilité, à l'espoir, Joe Biden est convaincant quand il dit aux Américains que ce dont il est question ce n'est pas qui va gagner l'élection, mais plutôt sur ce qu'ils sont prêts à faire pour sauvegarder leurs emplois, leur communauté et leur pays. Joe Biden offre au peuple américain la voie de la lumière plutôt que celle des ténèbres de Trump. Il promet que s'il est élu président il fera ressortir le meilleur de chaque Américain plutôt que le pire. Pour Biden, point de salut pour l'Amérique sans unité du peuple contre l'ennemi de l'heure, la pandémie. Joe Biden a sonné le réveil de l'Amérique dans cette drôle de convention démocrate...