À l'été 1982, la situation économique était poche. Vraiment poche. Des taux d'intérêt hypothécaires à 20%, un chômage élevé, une inflation galopante, bref, les temps étaient sombres.
La Fête du lac des Nations est née dans ce contexte. Il fallait trouver du financement pour l'école de ski nautique Jean-Perrault, certes, mais le fait d'organiser un événement pour que les familles s'amusent localement, à peu de frais, comptait aussi dans l'équation.
De toute façon, l'argent pour les vacances était rare. Et le besoin de se distraire très présent!
La fête du Lac des Nations tient toujours l'affiche, événement phare, avec le Festival des Traditions du Monde, de notre été sherbrookois.
Vivre sa ville...dans la mesure où la ville vit!
Chaque année, nous visitons le site de la Fête du lac des Nations. Et le Festival des Traditions du monde.
J'ouvre une parenthèse : j'ai un petit vertige qui s'accentue avec les années quand je constate que les dates de ces événements annuels s'approchent sur les carreaux du calendrier. Ces rendez-vous annuels sont autant de façons de constater que le temps semble accélérer sa fuite au fur et à mesure qu'on vieillit! Question de perspective probablement. L'été me semblait une vie en soi quand j'étais au primaire! Le ti-cul en moi voyait les nombreuses semaines de l'été comme une longue oasis de bonheur quotidien! Le bonheur y est encore, mais me semble que l'oasis a perdu en superficie!Bon. Fermeture de la parenthèse.
Il me semble que la ville vit de plus en plus autour de nous. Qu'elle s'éclate de partout. Je salue l'initiative géniale de tenir des célébrations de la Fête nationale au centre-ville de Sherbrooke. Il faut dire que les événements extérieurs foisonnent! À partir des concerts de la Cité à formats multiples jusqu'aux événements musicaux à grand déploiement (comme le Sherblues and folk), tout y est!
S'approprier ces événements, c'est voir sa ville autrement. C'est marcher dans sa ville. La vivre au rythme des pas qui bifurquent d'un élément d'intérêt à l'autre.
Vivre sa ville, c'est déjouer le quotidien qui se gère en fonction de l'heure. Laisser la voiture plus loin, se foutre du temps. Le temps qu'on le peut!
Vivre sa ville, c'est croiser des gens bien différents de nous. Habillés de façon différente. Parlant de façon différente. Mais visiblement habités par la même envie d'être ensemble. Sur la rue Wellington, j'ai vu de jeunes familles qui apprivoisaient les airs d'Alain-François et qui se laissaient envoûter par les rythmes folklorico-modernes du violonneux et sa joyeuse bande. À mon oeil, elles le faisaient de façon légère, sans se demander si le fait d'accepter les airs de l'un voulait dire renoncer aux nôtres.
Vivre sa ville en participant au foisonnement de ses activités, c'est, il me semble, une façon de se retrouver toutes et tous égaux, partageant une voie publique commune, savourant de tous nos sens ce qui se passe autour.
C'est s'apercevoir qu'il y a une vie au-delà de notre strict cadre quotidien. Si ce cadre est un repère rassurant, il est aussi bon d'en sortir et de vivre aussi la réalité de notre milieu.
Je suis heureux de voir ma ville vivre. Et vivre avec elle apporte une sorte de légèreté qui soulage du poids des obligations quotidiennes.
Nous sommes submergés d'opinions, de nouvelles, vraies ou fausses et de chiâlages instantanés via les réseaux sociaux.
Vivre sa ville, se fondre aux gens qui marchent tout autour, c'est ajouter une perspective dans le regard qu'on porte à la vie qui nous entoure. Une perspective qui apaise bien plus qu'elle n'angoisse!
Le chacun-pour-soi et la sensation d'être en communion avec les autres parce qu'on va 20 fois par jour sur Facebook créent une route qui longe la vie sans y être vraiment.
À nous de joindre la vie qui va! Parce qu'elle est là. Avec ou sans nous!
Clin d'œil de la semaine
Si magnifiques soient-elles, les vidéos et photos des événements ne sont que des constats de ce qui s'est déroulé. Être là, présents, ce n'est pas constater. C'est vivre...