Je me fais toujours un devoir de suivre les débats de notre
conseil de ville par la rediffusion sur MAtv des morceaux choisis par la Ville
de Sherbrooke d'extraits que jugent significatifs les comités pléniers publics
et les assemblées du conseil. Cela me tient informé des principaux enjeux de
notre ville vue par les actions du conseil. La dernière séance, celle du 2 juillet
dernier, donnait l'impression d'un conseil adulte, normal en dépit de la crise
qui affecte le leadership municipal. J'ai été très heureux de voir que l'on
rouvrira dans des délais raisonnables la passerelle de la rivière Magog, que la
proposition visant à allonger le budget concernant l'achat de vélos électriques
a été rejeté à huit contre huit, que nous avons un bon plan de match pour le Bois
Beckett dont je suis voisin et que de bonnes nouvelles attendent les usagers de
la piscine À-la-Claire-Fontaine qui
sera rouverte à la population au mois d'août prochain. Les nouvelles sont moins
bonnes, financièrement parlant, pour la toiture du centre récréatif de Rock Forest.
N'empêche, le 2 juillet dernier, nous avons eu droit à un conseil qui pose
de bonnes questions, qui prend des décisions appropriées et qui travaille
ensemble pour notre bien-être à nous citoyennes et citoyens. Cela m'amène à
vous parler du plan d'urbanisme de la Ville de Sherbrooke.
Mise en bouche : plan
d'urbanisme
N'empêche, qu'il ne faut pas gratter bien loin sous
l'épiderme pour constater que ce conseil est tout sauf fonctionnel. Il s'agit
de visionner toutes les séances des deux dernières années. Ce qui m'amène à
féliciter la conseillère Geneviève La Roche en marge de son travail comme
présidente du comité d'urbanisme et du projet de plan d'urbanisme dont les
consultations avec les citoyennes et citoyens se sont amorcées. La dernière
fois, le plan d'urbanisme a été un échec total. Un référendum a été tenu par le
maire Perrault à l'époque qui s'est soldé par la victoire de Thierry Nootens et
ses alliés dont l'ex-maire Bernard Sévigny qui avait profité de l'occasion pour
fonder le Renouveau Sherbrookois. Un véritable cauchemar pour Sherbrooke. J'ai
même été appelé à trouver une solution pour recoller les morceaux avec le projet Dialogue-citoyen qui
fut même couronné d'un prix Or dans le cadre du Gala d'excellence de la Société
québécoise des professionnels en relations publiques. Je trouve que le point de
départ de madame La Roche pour arriver à un plan d'urbanisme est prometteur.
Pour bien me faire comprendre, permettez-moi de vous faire le bilan de la
tentative avortée de doter Sherbrooke d'un plan d'urbanisme. J'avais déjà
publié cette réflexion dans le cadre d'un livre sous la direction de Danielle
Maisonneuve intitulé : Les relations
publiques dans une société en mouvance publié aux Presses de l'Université
du Québec en 2010. Vous retrouverez mon étude de cas à la page 71 de ce
livre. (Danielle Maisonneuve, Les relations publiques dans une société en
mouvance, Québec, PUQ, 2010,479 p.)
L'Échec du plan : réflexions en
aval
En 2009, la
municipalité de Sherbrooke a élaboré un nouveau Plan d'urbanisme visant à
définir les orientations de développement de la Ville pour les années à venir.
Ce plan prévoyait notamment la construction de nouvelles infrastructures, le
développement de quartiers résidentiels et commerciaux, ainsi que des mesures
visant à améliorer la qualité de vie des citoyennes et des citoyens. Cependant,
ce plan a suscité une vague de contestations de la part de certains groupes de
citoyens, inquiets des impacts sur l'environnement, l'urbanisme et la qualité
de vie.
Faisant suite
à ces contestations, une consultation référendaire a été organisée pour
permettre à la population de se prononcer sur le Plan d'urbanisme proposé. À la
surprise générale, le plan a été rejeté par une majorité de voix, marquant un
échec retentissant pour les autorités municipales et les promoteurs du projet.
Cet épisode
soulève plusieurs questions et souligne des enjeux importants pour la
planification urbaine et la gouvernance locale au Québec. Voici quelques leçons
clés à tirer de l'échec du plan d'urbanisme de Sherbrooke en 2009 :
1.
Communication efficace et transparence :
L'échec du Plan d'urbanisme de Sherbrooke met en lumière l'importance d'une
communication efficace et transparente entre les autorités municipales, les
promoteurs et la population. Une meilleure information et une consultation en
amont auraient pu éviter des contestations et favoriser une meilleure
compréhension des enjeux.
2.
Participation citoyenne renforcée : Ce cas
souligne le rôle crucial de la participation citoyenne dans les processus de
planification urbaine. Les citoyennes et les citoyens doivent être impliqués
dès les premières étapes de l'élaboration des projets pour garantir une
adhésion plus grande et éviter des oppositions radicales comme celles observées
à Sherbrooke.
3.
Considération des enjeux sociétaux et
environnementaux : L'échec du plan d'urbanisme témoigne de la nécessité de
prendre en compte les enjeux sociétaux et environnementaux dans la
planification urbaine. Les projets doivent être pensés de manière durable, en
harmonie avec l'environnement et les besoins de la collectivité pour éviter des
conflits et des rejets massifs.
4.
Révision des modes de gouvernance et de prise de
décision : Enfin, cet échec souligne la nécessité de repenser les modes de
gouvernance et de prise de décision en matière d'urbanisme. Une plus grande
ouverture, une écoute active des citoyennes et des citoyens et une
collaboration accrue entre les différents acteurs peuvent contribuer à éviter
des blocages et des conflits comme ceux observés à Sherbrooke.
En
conclusion, l'échec du Plan d'urbanisme de la Ville de Sherbrooke en 2009
constitue un cas d'étude important pour la planification urbaine au Québec. Il
souligne l'importance de la communication, de la participation citoyenne, de la
durabilité et de la gouvernance démocratique dans l'élaboration des projets
urbains. Les leçons tirées de cet échec peuvent guider les futures initiatives
de planification urbaine vers une approche plus inclusive, transparente et
durable, en harmonie avec les besoins et les aspirations des citoyennes et des
citoyens.
En somme,
cet événement marque un tournant dans la manière dont les autorités locales et
les promoteurs abordent la planification urbaine, mettant en lumière la
nécessité d'écouter, de dialoguer et de collaborer avec la population pour
construire des villes plus justes, durables et résilientes.
L'absence de leadership à la ville, un frein important à l'adoption d'une
vision partagée de notre avenir !
Je l'ai écrit
plus tôt, les débuts du processus de réflexion concernant le Plan d'urbanisme sont
prometteurs. C'est pourquoi j'ai tenu à féliciter madame La Roche. Il demeure
néanmoins que le principal problème à venir est l'absence d'un véritable leadership
à la Ville de Sherbrooke. On ne nous fera quand même pas croire qu'une mairesse
démissionnaire a la vision nécessaire qu'elle peut partager avec les parties
prenantes concernées, étant donné qu'elle a de la difficulté à s'entendre avec
sa garde rapprochée et ses adversaires politiques. Non plus que subitement les
promoteurs urbains méprisés par Sherbrooke citoyen deviendront désormais des
gens fréquentables et à qui on tendra l'oreille sur leurs préoccupations !
La recette
pour faire un succès passe par de la transparence et la consultation des
citoyennes et des citoyens en amont. Cela est essentiel. Néanmoins, il faudra
un jour passer à une étape supérieure à celle qui consiste en un exercice qui
ressemble à Dessine-moi ta ville. Au-delà de nos imaginations, de nos
souhaits, il faudra bien que l'on discute des vraies affaires soit les gestes
tangibles que nous ferons collectivement pour nous adapter aux changements
climatiques, pour favoriser la croissance économique, pour soutenir la
construction de maisons et de logements et pour définir l'assiette fiscale que
cela nécessitera. À voir et à entendre les représentants de Sherbrooke citoyen
à la table du conseil qui s'en ferrent dans des questions futiles comme
subventionner des personnes aisées afin qu'elles s'achètent des vélos
électriques, on comprend que le principal obstacle à la réussite d'un travail
amorcé du bon pied par madame La Roche pour doter la Ville de Sherbrooke d'un
plan d'urbanisme c'est d'être une élue d'une ville sans gouvernail...