Crédit photo: Depositphotos.com
Dans l'enthousiasme des discours suivants l'exercice o
combien distrayant de Paul St-Pierre Plamondon sur le budget de l'an 1,
les souverainistes se sont empressés de commencer une campagne référendaire
malgré l'absence d'intérêt de la population du Québec qui est plus en cheville
avec ses fins de mois qu'avec le pays à venir. Parmi les plus enthousiastes, il
y a l'ineffable Mathieu Bock-Côté, le chroniqueur à la pensée conservatrice et
étroitement nationaliste pour ne pas dire nationaleux. En fait, il est le
leader incontesté de la frange des rhéteurs nationaleux dont je vous ai souvent
parlé.
Mathieu Bock Côté récidive une fois de plus. Après avoir
déclaré du haut de sa chaire que le Parti libéral du Québec n'était plus qu'une
pâle copie du parti égalité d'une autre époque, il vient de conclure dans l'une
de ses chroniques que, et je le cite : « les fédéralistes angoissent
ouvertement... Leur cause est indéfendable, à tout le moins pour le Québec
francophone. » Ses arguments qui fondent cette conviction sont à
l'avenant : la dynamique démographique qui annonce l'effacement du Québec,
le peuple québécois (en fait, qui est le peuple québécois pour Bock-Côté ?) est
condamné au Canada à sa dissolution. Il en a aussi contre ces communautés
issues de l'immigration qu'il accuse de refuser de s'intégrer à la communauté
francophone. En fait, pour Bock-Côté, un Québec idéal c'est 6 millions de
Québécoises et de Québécois issus de l'hérédité française. Les anglophones, les
Irlandais, les Écossais et toutes les autres communautés ne sont pas comptés
parmi les braves sur lesquels on pourra construire le pays du Québec à venir,
car ils sont inféodés au pouvoir d'Ottawa qui ne vise qu'à enfermer le Québec
dans la dépendance et la misère.
Fort en café, ne trouvez-vous pas ? Le Canada, quoi que l'on
puisse penser de ses politiques en matière d'immigration, de gestion de ses
finances ou encore de ses politiques en matière de langue et de culture, est un
grand pays qui mérite plus de considération que la caricature que veut bien en
faire le chef des nationaleux, Mathieu Bock-Côté. Rappelons-nous ensemble ce
qu'est le Canada.
Le Canada et le Québec, une histoire
commune
Il faut en tout premier lieu que le Canada ce soit aussi nous les
francophones. Les origines du Canada sont liées à nos ancêtres français. L'histoire des origines françaises du
Canada remonte au début du 16e siècle. Jacques Cartier explore
le golfe du Saint-Laurent et revendique la région au nom du roi de France en
1534. Faisant fi du droit de propriété des Premières Nations qui occupent déjà
le territoire. C'est le début de la colonisation des Premières Nations et du
Canada et nos ancêtres y sont intimement liés, quoi que puissent en dire
aujourd'hui les tenants d'un Québec souverain qui ont toujours eu d'excellentes
relations avec les Premiers Peuples. C'est en 1541 et 1542 que la tentative de
création de la première colonie française en Amérique du Nord,
Charlebourg-Royal échouera lamentablement. Il faudra attendre l'année 1603,
année où Samuel de Champlain explorera la région du Saint-Laurent pour qu'une
nouvelle initiative heureuse de spoliation des terres autochtone soit conclue
par un succès. C'est en 1608 que sera fondée la Ville de Québec, premier établissement
permanent de la présence française en Amérique du Nord. Il est vrai que Samuel
de Champlain a réussi à forger des alliances avec les tribus locales d'Autochtone
et a combattu les Iroquois à leurs côtés. Au 17e siècle, on assiste au
développement de la traite des fourrures, de la création de forts et de postes
de traite en expansion vers les Grands Lacs et le bassin du Mississippi. C'est
ce qui explique que nous retrouvons beaucoup de descendants francophones aux
États-Unis dans la région de Détroit par exemple.
Le début de la fin pour la présence française en
Amérique du Nord prend appui sur les conflits répétés entre les Français et
leurs alliés algonquiens contre la confédération iroquoise. De 1756 à 1763, un
conflit mondial se termine par la défaite de la France et le traité de Paris de
1763 qui cède la Nouvelle-France à la Grande-Bretagne. Ce sera alors le début
de la résistance des Français d'ici contre le pouvoir colonial britannique.
De nombreuses luttes pour notre langue et pour
notre religion parsemées de la guerre des patriotes en 1837-1838 ont mené à la
création du Canada actuel. En dépit des efforts des Anglais pour extirper notre
culture française, l'héritage français persiste, particulièrement
au Québec où le français reste la langue principale et la culture québécoise
conserve des influences françaises fortes. Les Acadiens, descendants des colons
français installés dans les Maritimes, ont également préservé leur langue et
leur culture. En résumé, les origines françaises du Canada ont
joué un rôle crucial dans la formation de l'identité et de l'histoire du pays,
laissant une empreinte culturelle indélébile qui continue d'influencer le
Canada jusqu'à aujourd'hui.
Le Canada, ce n'est pas le goulag...
Disons-le franchement, le Canada comme toutes les
démocraties occidentales en 2023 traverse une période de turbulences et de
crises successives. La question nationale québécoise quasi absente en ce moment
du radar politique ne fera qu'ajouter aux difficultés de notre vivre ensemble.
Je crois fermement que le fédéralisme est le meilleur système politique
d'avenir pour les démocraties qui avec la mixité plus grande des populations
peut représenter la planche de salut des démocraties. Je ne pense pas au fédéralisme
canadien actuel, mais à un fédéralisme refondu de fond en comble à l'aune de la
reconnaissance des droits collectifs et nationaux des différentes communautés
présentes au Canada. Un fédéralisme asymétrique où le pouvoir colonial d'hier
sera dépossédé de ses attributs qui fondent le racisme systémique présent chez nous
envers les personnes racisées et les nations autochtones, acadienne et québécoise
d'origine française. Je sais que nous sommes loin de là. La coupe est loin de
nos lèvres, mais je préfère mille fois mettre nos énergies à réformer le Canada
qu'à combattre pour un pays illusoire, le fantasme des baby-boomers.
Il faut se rappeler que le Canada ce n'est pas le
goulag comme l'avait si bien dit l'ex-premier ministre du Québec, René
Lévesque. Au Contraire, le Canada offre plusieurs atouts
pour le Québec, contribuant à son développement économique, culturel et social.
D'abord, le Canada possède une économie stable et
diversifiée, offrant au Québec un environnement propice à la croissance
économique. Le Québec bénéficie également de l'accès aux marchés canadiens et
internationaux grâce aux accords commerciaux signés par le Canada notamment le
traité de libre-échange avec les États-Unis et celui avec l'Europe. Nous
pouvons aussi compter, même si celui-ci a mauvaise presse en ce temps de
négociation avec le secteur public, d'un système éducatif de haute qualité,
financé en partie par les ressources fédérales. Les universités québécoises
jouissent d'une excellente réputation à l'échelle nationale et internationale.
Il ne faudrait pas oublier le système de santé même si les contributions
fédérales ne sont pas à la hauteur en ce moment garantit un accès aux services
médicaux pour tous les citoyens, y compris les Québécois.
Bien que le Québec ait sa propre identité culturelle
et linguistique, le Canada reconnaît le bilinguisme et promeut la diversité
culturelle. Le français est l'une des deux langues officielles du Canada, ce
qui favorise la préservation et le développement de la langue française au
Québec.
Il faut aussi noter que le Canada est reconnu pour
sa stabilité politique, ce qui contribue à un environnement sécuritaire et
prévisible pour les habitants du Québec. Le Canada est engagé dans la
protection de l'environnement et le développement durable, ce qui est en ligne
avec les valeurs de nombreux Québécois. Il faut reconnaître aussi que l'appartenance
du Québec au Canada lui permet de participer à divers forums et organisations
internationales, contribuant ainsi à son rayonnement sur la scène mondiale. Enfin,
le Québec jouit d'une qualité de vie élevée, soutenue par les services publics,
la stabilité économique et sociale, et la sécurité offerte par le Canada.
En somme, le Québec tire de nombreux avantages de
son appartenance au Canada, contribuant à son développement et à la prospérité
de ses habitants. C'est pourquoi je suis convaincu que la défense vigoureuse de
ce pays qui est le nôtre n'est pas une cause perdue... Vraiment !