Les carillons de Noël ne résonnent pas pareil pour tout le monde parce que tout le monde ne raisonne pas pareil.
Notre passé nous suit. Parfois douloureusement. Parfois péniblement. Mais souvent heureusement. Joyeusement.
C'est intense, le temps des Fêtes.
C'est le moment de l'année où se bousculent toutes sortes de sentiments. Des sentiments qui sont réunis et veilleront avec nous, côte à côte, jusqu'au début de janvier. Aucun autre temps de l'année n'est aussi propice à prendre conscience, simultanément, des éléments de notre passé et de notre futur, le tout conjugué au présent.
Ça fait vraiment beaucoup d'informations à ingérer et digérer en peu de temps.
Je ne passerai pas Noël sans penser à papa, c'est sûr. Je me souviendrai, quand on sera tous ensemble, le 24 décembre, qu'il m'avait dit, avant de mourir : « je n'ai pas peur de la mort, mais je ne me mets pas en tête que je ne vous reverrai plus... ». J'aurai un petit moment nostalgique. Je paierais pour entendre encore, juste une fois, son fameux « oui, François! » lorsqu'il me répondait au téléphone. Un simple « oui, François! » enthousiaste, prêt à aider, prêt à écouter.
Mais vous savez quoi? Le sourire va revenir après quelques secondes. Parce que dans ma besace de souvenirs, les sourires sont plus nombreux que les moments tristes quand je pense à papa.
À un moment donné du temps des Fêtes, je vais regarder en arrière. Je vais me dire qu'il y a un pas pire bout de ma vie de fait. Je vois le rôle du temps, dans ma vie, comme un sablier. Plus le tas en bas est gros, plus il attire l'attention. C'est normal, puisque chaque grain qui passe dans le goulot d'étranglement du sablier porte un moment de ma vie. Heureux ou pas, il fait partie du tas! Aujourd'hui, je dirais que j'espère que le tas d'en bas est à peu près égal au tas d'en haut. Mais je ne sais pas, parce que, par définition, la vie cache le tas d'en haut!
C'est clair qu'à un moment du temps des Fêtes, je vais regarder vers demain aussi. En me demandant si ma route est la bonne. En me demandant si j'utilise bien le temps qui passe. Si mon modèle de vie est le bon pour moi et pour celles et ceux qui sont autour de moi.
C'est ça, le mélange des émotions et des sentiments liés au temps des Fêtes. Et c'est bien ainsi. Faire semblant ne me mènera nulle part. Faire semblant qu'hier et demain n'existent pas est futile, voire inutile. « Vis maintenant et pour toi, tu le mérites! », répètent les pseudo-spécialistes de la psycho pop. Dans la catégorie de ceux que le sage Gaston Michaud appelle les laveurs de cerveau. Pour moi, il est clair que l'action d'aujourd'hui est nourrie de ce que mon passé a fait de moi et que la conséquence de cette action aura une répercussion sur tantôt ou demain. « Vivre maintenant et pour moi » équivaut à me soustraire de mon entourage. C'est beau, un nombril (des fois!), mais ce n'est pas le centre de l'univers! Tout cela étant, ça ne veut pas dire de ne pas se faire plaisir, nenon! Ça veut juste dire de ne pas se faire croire que nous, on est à part du temps qui passe.
Le temps des Fêtes, c'est tout ça. Hier, demain et aujourd'hui. Tout cela ensemble, dans un punch que l'alcool déforme parfois, pour le meilleur ou le pire.
C'est quoi, la magie du temps des Fêtes, alors?
C'est le fait d'être ensemble. Quand je penserai à mon défunt papa, je regarderai autour et je me dirai que sa vie n'a tellement pas été inutile! La famille qu'il a laissée en héritage en témoigne. Les souvenirs et les enseignements qu'il a laissés sont toujours présents. Et utiles.
La magie du temps des Fêtes, c'est se donner le temps de fêter ensemble, de se revoir (ça arrive rien qu'une fois par année!). C'est de prendre le temps de mesurer la qualité de nos repères et de recentrer nos actions, des fois.
En fait, le temps des Fêtes, c'est la fête de la solidarité. Celle qui évite l'esseulement. Celle qui rassure, aide, dépanne et embellit la vie.
C'est la solidarité qui nous permet de s'accoter sur quelqu'un quand le vertige du temps passé se pointe et que l'angoisse de celui qui reste en fait autant.
Bon temps de solidarité! Bon temps des Fêtes!
Clin d'œil de la semaine
Il n'y a pas de « boxing day » de solidarité. Ni de paiements faciles. Ça se paie en nature. Et c'est vraiment payant!