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Il fait beau chez vous?


C'est donc une fête d'enfant qui est à l'origine de tout ce branle-bas médiatique et de nos vives émotions sociales sur la question fondamentale du report ou non de la fête. Cela en soi constitue un excellent indicateur sur le niveau de notre misère dans le monde.
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Photo : crédit image: Wikimédia
Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 6 novembre 2019

Le temps qu'il fait. Le temps qu'il fera. Ces questions occupent beaucoup de l'espace mental des gens. La question que l'on peut se poser dans la foulée du Halloweengate québécois est la suivante : Sommes-nous obsédés par le temps qu'il fera?

Notre relation intime au climat et aux intempéries est-elle une caractéristique qui distingue le Québec d'autres sociétés comparables ou est-ce plutôt une caractéristique universelle de l'être humain où qu'il se trouve sur cette planète ? C'est à cette question que cherchera à répondre la chronique d'aujourd'hui.

Halloweengate

Le choix de ce sujet s'est imposé la semaine dernière quand j'ai vu s'enflammer les réseaux sociaux et les médias pour cette décision de certaines municipalités de reporter la fête de l'Halloween du jeudi au vendredi en motivant cette décision sur les prévisions de Météo Canada qui prévoyait pour jeudi une pluie diluvienne et de forts vents. Il n'en fallait pas plus pour que le bon peuple que nous sommes s'emballe et que les réseaux sociaux s'enflamment. Les médias traditionnels pour ne pas être en reste et nous rappeler qu'ils étaient bien de leur temps en ont fait une manchette de leurs bulletins d'actualité et on a même poussé l'audace à interroger nos représentants à l'Assemblée nationale du Québec et même le premier ministre sur cette question ô combien fondamentale sur la pertinence ou pas de la décision de certaines municipalités de reporter la fête de l'Halloween. Je me sens obligé de préciser ici que cela n'est pas un canular, mais bel et bien notre réalité.

On parle bien ici d'une fête d'enfants qui a pris comme bien d'autres de nos coutumes et traditions un tournant résolument commercial. Cette fête de l'Halloween qui est un moment heureux de la vie des enfants qui vont de porte en porte réclamer leur aumône de bonbons en se déguisant d'un costume qui aura été l'objet d'une préparation soigneuse. Une fête qui a été instrumentalisée pour devenir un événement marchand. C'est donc une fête d'enfant qui est à l'origine de tout ce branle-bas médiatique et de nos vives émotions sociales sur la question fondamentale du report ou non de la fête. Cela en soi constitue un excellent indicateur sur le niveau de notre misère dans le monde.

L'origine de l'Halloween

Si l'on prend la peine de chercher un peu sur Wikipédia, on retrouve des informations fort pertinentes sur l'origine de l'Halloween. Je vous rappelle ici ce qu'en dit Wikipédia : « Halloween ou l'Halloween est une fête folklorique et païenne traditionnelle originaire des îles Anglo-Celtes célébrée dans la soirée du 31 octobre, veille de la fête chrétienne de la Toussaint. Son nom est une contraction de l'anglais All Hallows-Even qui signifie the eve of All Hallows' Day en anglais contemporain et peut se traduire comme "la veille de tous les saints" ou "la veillée de la Toussaint". En dépit de son nom d'origine chrétienne et anglaise, la grande majorité des sources présentent Halloween comme un héritage de la fête païenne de Samain qui était célébrée au début de l'automne par les Celtes et constituait pour eux une sorte de fête du nouvel an.

C'est à partir du VIIIe siècle, sous le pape Grégoire III (731-741) et, au siècle suivant, sous le pape Grégoire IV (827-844), que l'Église catholique déplaça la fête de la Toussaint, qui pouvait se fêter jusqu'alors après Pâques ou après la Pentecôte, à la date du 1er novembre, christianisant ainsi la fête de Samain. La fête d'Halloween est introduite aux États-Unis et au Canada après l'arrivée massive d'émigrants irlandais et écossais notamment à la suite de la grande famine en Irlande (1845-1851). Elle y gagne en popularité à partir des années 1920 et c'est sur le nouveau continent qu'apparaissent les lanternes Jack-O'-lantern confectionnées à partir de citrouilles, d'origine locale, en remplacement des navets utilisés en Europe. » L'Halloween est aujourd'hui principalement célébrée en Irlande, en Grande-Bretagne, aux États-Unis, au Canada, en Australie et en Nouvelle-Zélande.

La météo et l'activité humaine

Donc, si vous me suivez bien, tout ce débat autour d'une fête païenne du Nouvel An inconnu de la plupart des gens et qui a été christianisée au Moyen-âge qui a lieu dans une société dont la dévotion chrétienne n'est pas si voyante que cela de nos jours. L'Halloween est donc une fête purement commerciale et marchande qui fait le bonheur des enfants. Une fête instrumentalisée par le capitalisme qui fétichise toute notre vie pour en faire de l'argent sonnant. Prendre conscience de cela serait déjà un pas dans la bonne direction permettant d'en relativiser l'importance que cela prend dans nos vies.
Puis, l'autre versant de la question est beaucoup plus préoccupant c'est notre obsession au temps qu'il fait et au temps qu'il fera. Rassurez-vous si nous en croyons Gilles Brien un des rares experts en biométéorologie au Québec, le temps qu'il fait ou qu'il fera, la météo bref, a une influence sur nos humeurs. Sur le plan scientifique, la réponse sera non, mais sur un plan sociologique la réponse variera pour se transformer en oui. Comment est-ce possible ?

Les baromètres humains

Gilles Brien a publié en 2015 aux Éditions Québec-livres un intéressant essai intitulé : Les baromètres humains. Comment la météo nous influence. Santé, humeur, crime, suicide qui avec humour et talent nous parle de ce sujet. Voici son constat : « Les relations entre la météo, la santé, les comportements et les humeurs sont réelles. Elles ont été expérimentées, mesurées, reproduites. Elles sont même connues depuis l'Antiquité. Partout dans le monde, tout un front de recherche s'est ouvert ces dernières années afin de savoir dans quelle mesure la température, l'humidité, les vents et la pression barométrique influencent notre santé, notre bien-être intérieur et nos comportements de tous les jours. Les retombées de ce type de recherche sont évidentes... Partout où le facteur météo affecte la santé humaine et la bonne marche des affaires. » (Gilles Brien, Les baromètres humains. Comment la météo nous influence ?, Montréal, Éditions Québec-livres, 2015, 256 p., p. 11)

Une chose est certaine désormais, c'est que nous savons aussi que la météo et ses modèles prévisionnels peuvent affecter nos fêtes et la paix sociale au Québec. Ce qui devrait être un facteur encore plus présent dans l'avenir si l'on en croit les modèles prévisionnels des scientifiques sur les changements climatiques pour le Québec.

La météo, une arène démocratique

Bref, la météo à savoir le temps qu'il fait ou qu'il fera est une caractéristique assez largement partagée dans le monde. De grands personnages historiques comme Léonard Da Vinci, Voltaire, Shakespeare, Napoléon, Mozart et Victor Hugo étaient tous très sensibles à la météo. La météo demeure un sujet passionnant et une source intarissable de discussions légères avec le premier inconnu venu. Qui plus est, c'est un lieu commun à toutes et à tous, nous pouvons donner notre opinion sans crainte de nous faire juger.

La météo est un prétexte pour parler de tout et surtout un révélateur de ce que nous sommes comme l'indique le débat vécu la semaine dernière sur le report de la fête de l'Halloween au Québec. Chose à se rappeler et à méditer quand quelqu'un vous demandera : Il fait beau chez vous ?...


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