Rien
ne me passionne plus que l'observation des différents acteurs dans la joute
politique. En ce début d'année, je suis plutôt bien servi tant avec la scène
politique internationale avec les guerres au Moyen-Orient et en Ukraine. Il y a
aussi les événements politiques aux États-Unis, en France, au Canada, au Québec
et même sur la scène municipale à Sherbrooke avec la rentrée annoncée de madame
Évelyne Beaudin. Que d'événements à commenter, disséquer, analyser et
comprendre ! Le pied absolu pour un chroniqueur. Il est vrai qu'il est beaucoup
plus facile de commenter l'actualité que de la faire. Moment pour réitérer mon
plus grand respect pour celles et ceux qui s'investissent dans l'action
politique. Que nous soyons en accord ou en désaccord avec l'un ou l'autre de
ces élus tant chez nous qu'ailleurs, il faut reconnaître les bons et les
mauvais coups et chercher à décrypter les actions mises de l'avant avec les
objectifs poursuivis. Chose certaine, le matériel ne manque pas en ce début de
2024 pour chroniquer sur la petite et la grande politique. Tour d'horizon
d'enjeux politiques d'ici et d'ailleurs. Je vous offre la tournée politique de
ce début d'année.
La France de Macron
On
peut s'intéresser à la politique française qui est un monde complexe aux
multiples rebondissements et aux références historiques constantes dans le
discours public. D'autant plus que si l'on fréquente les réseaux d'information en
continu tels BFM, LCI ou Cnews, on y retrouvera, du moins à Cnews, des visages
de notre paysage du commentaire politique. L'ineffable Mathieu Bock-Côté sévit
sur ce réseau en y prenant tellement ses aises qu'on pourrait penser qu'il est
un Français. Ce n'est pas cautionner ses idées que de reconnaître son talent et
l'amplitude de sa culture politique française. Cela dit, il répète là-bas comme
ici les mêmes inepties de la droite conservatrice.
Si
l'on se donne la peine d'observer les acteurs politiques français, on est happé
par l'immense talent de communicateur politique du président Emmanuel Macron.
Quel Machiavel ! Le renvoi de sa première ministre Élisabeth Borne et la
nomination du jeune talentueux Gabriel Attal a été joué finement sur du papier
à musique. Même chose pour la nomination de son nouveau conseil des ministres
qui pour l'essentiel s'est traduit par la reconduction des mêmes personnages
avec l'arrivée de la vedette de la droite Rachida Dati. Ce qui aux yeux des
observateurs de la scène politique française a confirmé le tour de vis à droite
du président Macron et l'influence marquée de l'ancien président Nicholas
Sarkozy sur l'actuel locataire de l'Élysée. Outre le jeu politique partisan,
l'observation de la politique française rappelle que toutes les démocraties
vivent les mêmes problèmes que nous au Québec : l'immigration, l'école, le
réseau de santé et le coût de la vie. Ce qui marque la plus grande différence
de la France et nous c'est la violence dans les propos et les actions que l'on
retrouve dans la gestion des rapports sociaux en France. Autre différence
significative, la qualité des acteurs politiques, leur verve et leur épaisseur
de culture historique. Nous sommes ailleurs qu'au Québec.
Le pays de Trump
Notre
voisin au Sud, cette grande démocratie que sont les États-Unis d'Amérique
vivent aussi des moments forts sur le plan politique. D'ailleurs, les nouvelles
provenant des États-Unis sont ou bien des faits divers surréalistes tels les
tueries, les grandes catastrophes climatiques ou le cirque de Donald Trump. Eh
bien mesdames et messieurs, cramponnez-vous bien à votre fauteuil, le cirque de
Trump est en ville et il risque d'offrir de nombreuses représentations
supplémentaires de son spectacle désolant et dommageable pour les valeurs
défendues par les démocraties occidentales. Cela dit, rien ne sert de
s'acharner sur Trump. Prenons plutôt parti de reconnaître son caractère de
phénomène. Comment dire autrement d'un homme qui fait l'objet de maintes
accusations criminelles et qui continuent de carburer dans les plus hautes stratosphères
d'approbation de l'opinion publique américaine ? Il doit bien y avoir quelque
chose qui plaît à l'électorat américain chez ce diable d'homme. Je vous le
donne en mille. Les États-Unis vivent les mêmes problèmes que les autres :
l'immigration, l'école et le coût de la vie. Chez notre voisin, la santé est
moins un enjeu qu'en France ou que chez nous, car il y a de nombreux exclus du
régime. Les pauvres peuvent difficilement avoir accès à des soins de santé bien
qu'il existe le Obamacare. Ce qui ressort aussi c'est l'extrême polarisation de
la société américaine et la présence d'une guerre culturelle entre le Nord et
le Sud, les grandes villes et les communautés rurales.
Si
l'on ajoute à cela la complexité de l'organisation politique qui varie d'État
en État, nous sommes devant un phénomène. Une société politique qui est un
véritable laboratoire d'étude.
Il
reste que la question que nous nous posons tous est simple : Trump peut-il
redevenir président des États-Unis ? Pour le moment, bien malin qui pourrait
prétendre prédire le résultat de la prochaine élection présidentielle
américaine de novembre prochain. Il semble maintenant aller de soi que le
candidat républicain sera Donald Trump. Il ne fait pas de doute non plus que
son opposant sera le démocrate Joe Biden. Les Américains auront donc droit à la
réédition de 2020, un match Trump vs Biden. Ce qu'ils ne souhaitaient pas nous
disent tous les sondages. À moins d'une catastrophe, l'éjection de Trump par
des entourloupettes constitutionnelles d'États démocrates qui veulent retirer
son nom du bulletin de vote ou une incapacité physique de Joe Biden qui se fait
vieux. Nous aurons donc droit au retour du même. Si Trump gagne, nous revivrons
en pire l'épisode America first à puissance mille et s'il perd, ce qui est une
probabilité incertaine aujourd'hui selon les sondages dans les États pivots, il
contestera le résultat des élections. L'Amérique polarisée deviendra l'Amérique
paralysée...
Chez nous maintenant...
Au
Québec et au Canada, ce n'est guère mieux, il faut se le dire. Au Canada,
Poilievre continue de jouer au mini-Trump faisant de la polarisation son schéma
d'intervention politique. Son attaque frontale et méprisante contre la mairesse
de Montréal, Valérie Plante et le maire de Québec, Bruno Marchand en est une
preuve incontestable. Cette manière de faire de la politique n'a pas eu
jusqu'ici d'échos en terre québécoise, Poilievre changera-t-il la donne ? À
suivre. J'aurais maintes occasions de revenir sur ce sujet dans mes prochaines
chroniques.
Au
Québec, nous sommes encore dans la tragi-comédie des grèves du secteur public,
de la crise de l'école publique et celle de notre réseau de la santé. Le
silence ce dernier mois du premier ministre Legault bienfaiteur pour ses
intérêts sera bientôt brisé et nous reviendrons à la case départ. On continuera
dans l'industrie du commentariat politique de chanter les louanges de
Paul St-Pierre Plamondon qui a choisi pour sa rentrée de donner dans les lieux
communs en faisant de l'immigration son cheval de bataille, liant la question à
la crise du logement, à la crise de l'école et pourquoi pas à notre réseau de
la santé. À la clé, la solution est toute trouvée, l'indépendance du Québec. La
table est mise pour promouvoir les débats d'hier en cherchant à les remettre au
goût du jour. Pendant ce temps, on ne parle pas des changements climatiques, de
la nécessité de revoir nos vieilles habitudes. Pour survivre à 2024, je suis
d'avis qu'il faudrait se mettre à l'ouvrage afin de combattre les idées reçues...