J'ai un
ami qui a toujours eu cette capacité d'étirer un montant d'argent. Dans ses
mains, un billet de 20$ durait bien plus longtemps que dans les miennes! Et
non, ce n'est pas un pingre personnage. Pas du tout.
Il avait
un don, que je le luis disais (et que je lui dis encore)!
À la
base de la recette, je m'en rends bien compte aujourd'hui, il y avait une bonne
dose de discipline. Une discipline basée sur la compréhension que chacune des 80
pièces de 25¢ qui composaient le billet de 20 $ avait une importance.
Petite,
mais une importance quand même!
Et si
une pièce de 25¢ était un biscuit?
Je
m'explique : imaginez une grande assiette de biscuits directement sortis
du four et assez nombreux pour faire un monticule au centre de l'assiette (je
salive!). Ma gestion de la consommation de biscuits, dans ce contexte, est la
suivante : je prends une poignée de biscuits et je replace minutieusement les
autres biscuits dans l'assiette pour minimiser l'impact visuel de ce que j'ai
mangé.
Un
classique!
L'assiette
de biscuits
Bien
anodine au premier coup d'œil, l'image de l'assiette de biscuits est pourtant
révélatrice de notre façon de consommer les ressources matérielles et
environnementales.
De plus
en plus de chroniqueurs, de citoyens et d'entrepreneurs expriment haut et fort
un ras-le-bol contre le discours de sauvegarde des ressources naturelles.
Ça va du
« quand y en aura pus, y en aura encore! » au « sacrez-moi
patience avec les milieux humides! On veut une économie qui marche, pas des
grenouilles qui nous envahissent! »
Plus
récemment, on s'en prend au principe de l'impact réel que chaque geste qu'on
pose a, en réalité. « Ne changeons rien et continuons ce qu'on fait déjà!
De toute façon, notre effort est minime par rapport aux autres pays. »
L'argument
est d'une faiblesse étonnante : le plus grand pollueur de la planète
pourrait dire la même chose puisqu'il ne constitue, à lui seul, que 30% des
émissions de GES (gaz à effets de serre). Pourquoi modifier quoi que ce soit?
Pourtant,
on pourra replacer les biscuits dans l'assiette tant qu'on le voudra, ce qui
est mangé est mangé! Et les ingrédients pour refaire des biscuits ne sont pas
infinis.
Et
laissons tomber l'image de sauvetage de la planète! La planète n'a jamais et
n'aura jamais besoin de l'humain pour évoluer. Le combat met en vedette
l'humain VS l'humain.
Le
sens de l'économie
J'ai
toujours admiré le sens de l'économie de mon ami au 20$ élastique.
Mais je
préférais me réfugier dans le fait que je n'avais pas reçu ce don à la
naissance et je me dédouanais encore plus en plaidant que mes gestes avaient,
somme toute, bien peu d'importance.
Après un
25¢ par-ci, par-là, ne changerait rien!
J'aurais
dû prendre ça un peu plus au sérieux à l'époque. Mon environnement aurait été
bien différent aujourd'hui, j'imagine.
Alors,
je me fais la réflexion complémentaire suivante : dans une société où
l'économie est la mère de tout (y compris des vices), s'intéresser à chaque
petit geste personnel ou collectif n'est pas superflu.
Avoir le
sens de l'économie, c'est bien.
Avoir
une économie qui a du sens est bien mieux.
Clin
d'œil de la semaine
Comme
dirait Pierre Fitzgibbon, ministre de tout ce qui est économique (donc ministre
de tout, tout simplement!) : « qui va à la chasse ne perdra jamais sa
place! »