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  CHRONIQUEURS / Deux mots à vous dire

Le président. Que dis-je, le roi !

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Photo : Pixabay
François Fouquet Par François Fouquet
Mardi le 10 décembre 2024

Enfant, j'étais en contact, comme vous toutes et tous, avec des contes de fées, de chevaliers, de châteaux où il y avait toujours un roi, bon ou méchant, et, quelque part, le cheval noir du méchant et le cheval blanc du sauveur.

La vie de château était réservée à une élite. Les citoyens semblaient voir en ces personnages princiers et royaux une catégorie de gens sélectionnés par je-ne-sais-trop-qui et habités dès leur naissance par une flamme spéciale qui donne courage, intelligence et jugement.

La vie de château, c'était une vie souvent cloîtrée dans le luxe d'un bâtiment orgueilleusement orné de richesses. Je réalise aujourd'hui que je lisais les histoires de château en les imaginant avec mes repères de vie moderne : je ne réalisais pas vraiment qu'il n'y avait ni électricité ni eau courante et que l'humidité devait habiter les lieux de façon permanente. Vie de château, disons-nous...

De roi en prince et de prince à roi, les membres des familles se léguaient le pouvoir politique sur leur pays. Comme une bonne lignée d'animaux dits de race pure !

Je repensais à tout ça cette semaine en voyant naviguer le président désigné Donald Trump. Il a invité Justin Trudeau à sa table. Il s'est présenté à la réouverture officielle de la basilique Notre-Dame-de-Paris, en France, et il a déjà reçu d'autres dignitaires politiques. Il est frappant de constater que lorsque Trump serre la main de quelqu'un, son bras est toujours placé bien plus haut que celui de l'autre personne. Une forme de domination. Il sent rarement le besoin de regarder l'autre dans les yeux. Je trouve qu'il agit comme un roi tout-puissant. 

Cette semaine, quelqu'un me disait : « Au fond, Trump est une bonne personne. On voit bien qu'il ne ressemble pas à ce qu'il projetait lors de la campagne électorale ! »

C'est vrai qu'il ressemble peu au Trump agressif de la campagne, mais il demeure le Trump qu'on a connu depuis 2015.

Depuis des années, il sème la peur par des menaces incessantes envers et contre tous (ou presque). Il vient de réaliser une série de nominations aux postes clés de son équipe présidentielle. Le point commun entre elles et eux ? Une loyauté sans faute envers sa personne. Ce critère bat tous les autres, incluant la compétence !

 

Il agit déjà comme s'il accordait aux autres dirigeants du monde le privilège de le voir. Lui. Le président.

Que dis-je, le président : le roi !

Dans notre système démocratique, il s'approche de plus en plus de la définition pratique d'un roi. D'un dictateur.

Entouré de gens qui le vénèrent, bien en contrôle de la fameuse Cour suprême, aux commandes à la Chambre des représentants et au Sénat, il a pas mal tout ce qu'il faut pour faire ce qu'il veut, au moins pour les deux prochaines années. Les élections de mi-mandat pourraient faire basculer la Chambre des représentants en 2026.

Autre comportement royal : cette habitude de gracier des gens reconnus coupables de fautes graves. Il l'a fait lors de son premier mandat et le refera allègrement dans le deuxième.

Cette simple notion qu'un président puisse gracier qui il veut pendant son mandat est ridicule et vient disqualifier tout le processus de justice. J'imagine que la mesure n'a pas été adoptée en pensant qu'un jour, un président aussi narcissique aboutirait dans le bureau ovale.

Mais c'est le cas.

Que le roi soit bon comme dans certains contes ou qu'il soit méchant comme dans d'autres, un fait demeure, à mon point de vue : centraliser autant de pouvoirs dans les mains d'une seule personne est fondamentalement dangereux.

Le roi Trump sourit et sert des poignées de main dominatrices. On sent bien, il tisse une toile. Une toile par laquelle il essaiera de transcender le temps. Comment les États-Unis pourraient se priver de sa royale personne pour un troisième mandat ?

Donner toutes les allumettes disponibles à un pyromane, c'est dangereux. Quand ce pyromane s'assure que ses pompiers n'éteignent pas les feux par loyauté pour lui, ça me semble pas mal plus dangereux.

Clin d'œil de la semaine

Le Roi des habits, le Roi de la patate, le Roi de ci et de ça... même les commerces semblent avoir abandonné la royauté ! 

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