La campagne électorale québécoise s'est achevée et lundi
dernier, nous avons choisi nos 125 représentants à l'Assemblée nationale
du Québec. Le résultat était attendu. L'élection fortement majoritaire d'un
gouvernement de la Coalition avenir Québec de François Legault n'est pas une
surprise pour personne. Il faut dire que les sondages nous avaient préparés à
la nouvelle. Une fois encore, les coups de sonde ont été plutôt juste surtout
ceux de la maison Léger. Les surprises sont venues dans certaines régions. La
nôtre tout particulièrement où la députée militante de Québec solidaire, madame
Christine Labrie a résisté à la vague caquiste au Québec. Réflexions sur une
élection d'automne...
Reconfiguration politique du Québec
Cette élection confirme aussi la reconfiguration politique
du Québec où s'opposait fédéraliste et souverainiste au profit d'une opposition
classique gauche-droite. Dans ce nouveau contexte, le parti libéral du Québec
conserve son titre d'opposition officielle, mais il est cantonné principalement
à l'île de Montréal. Québec solidaire a perdu Rouyn-Noranda et demeure lui aussi
prisonnier de son électorat montréalais et urbain. Seul Sherbrooke fait figure
d'un village gaulois perdu au milieu d'un océan bleu pâle caquiste. Paul
St-Pierre Plamondon s'est fait élire député dans Camille-Laurin et a évité que
l'on prononce l'oraison funèbre de son parti. Néanmoins, le travail qui lui
reste à faire pour retrouver la voie du pouvoir est colossal. Le parti
conservateur d'Éric Duhaime même s'il n'a pas réussi à faire élire de
représentants à l'Assemblée nationale constitue un phénomène à surveiller de
près au cours des prochains mois et des prochaines années. La reconfiguration
politique du Québec n'est pas achevée. Ce nouveau contexte politique exclut
toute lune de miel avec le nouveau vieux gouvernement Legault. D'énormes défis
se posent à la CAQ et à François Legault.
Une campagne qui a soulevé
d'intéressantes questions...
La campagne électorale a donné lieu à
du clientélisme électoral. On a promis de redonner de l'argent dans le
portefeuille des Québécoises et Québécois. Cela est louable, mais les questions
soulevées par Québec solidaire et par le Parti québécois sur les baisses
d'impôt sont légitimes et méritent des réponses autres que des lignes
partisanes. Il est indéniable que le vieillissement de la population, la
déroute du système de santé et de services sociaux et du d'éducation méritent
toute l'attention de l'Assemblée nationale. Il ne faudrait pas que les bonbons
électoraux d'aujourd'hui viennent amputer nos enfants et nos petits-enfants de
leur avenir.
Sur la question des changements
climatiques, là aussi une action énergique est attendue de notre gouvernement.
Si j'ai écrit que je trouvais le plan de Québec solidaire trop ambitieux eu
égard à la capacité d'adaptation de la population, je n'en pensais pas moins
que celui présenté par la Coalition avenir Québec mérite d'être amélioré. À cet
égard, revoir le projet du troisième lien à Québec dans les termes actuels est
à repenser à la faveur d'une plus grande ferveur envers des modes de transport
collectif. L'idée que ce troisième lien soit un moyen privilégié pour favoriser
le transport en commun entre les deux rives du fleuve à Québec est à creuser. Il
faut aussi donner un coup de barre pour accélérer les grands projets de
transport en commun à Québec et Montréal. Il importe aussi que des
investissements significatifs soient consentis au financement du transport en
commun dans une ville comme Sherbrooke.
En ce qui concerne le réseau de santé
et de services sociaux, je fais confiance au ministre de la Santé Christian
Dubé qui a déjà fait connaître les grands plans d'une refondation de ce système
qui est dysfonctionnel et inefficace pour répondre aux besoins accrus d'une
population vieillissante.
Le défi d'un Québec divisé...
Le plus grand constat que l'on peut
faire c'est de voir que jamais Montréal, le poumon économique du Québec, n'a
été aussi isolé du pouvoir à Québec. Il y a un réel danger de vivre dans un
Québec séparé en deux. Cela serait catastrophique. Déjà, les politiques du
gouvernement Legault concernant la laïcité, la protection de la langue
française et son discours débilitant sur l'immigration l'éloigne des
préoccupations des Montréalais et des citoyennes et citoyens issus de la
diversité. L'un des grands défis du second mandat du gouvernement Legault c'est
de rassembler le Québec incluant Montréal et ses habitants. D'ailleurs, la
réélection de Québec solidaire à Sherbrooke confirme les parentés d'esprit et
de préoccupations entre la population de cette ville et Montréal.
L'un des outils que pourrait utiliser
le gouvernement Legault c'est de réformer nos institutions démocratiques et le
mode de scrutin doit faire partie de cette réforme majeure. Pourquoi ne pas
doter le Québec d'une constitution, d'un régime de type présidentiel et d'un
mode de scrutin à deux tours plutôt que la formule bancale de la
proportionnelle mixte avec ses deux classes de députés ?
Nous aurons le temps de revenir sur
cette question, mais le résultat de l'élection pose à nouveau le problème de
notre mode de scrutin puisqu'un parti comme celui de monsieur Duhaime aurait
mérité d'être représenté à l'Assemblée nationale.
En région...
Dans notre région, la population a
choisi de reporter au pouvoir tous les députés sortants de la CAQ. Comme en
2018, le seul comté qui a échappé à la vaque caquiste c'est le comté de
Sherbrooke. C'est dommage pour celles et ceux qui comme moi avaient espoir de
voir les talents de rassembleuse et de femme d'action de Caroline St-Hilaire.
Celle-ci a mené une excellente campagne. Le peuple a parlé, il faut donc
s'incliner devant ce choix. On peut cependant avoir certaines inquiétudes pour
l'avenir du développement économique de Sherbrooke et de son rayonnement. À
Sherbrooke, tant notre député que notre mairesse Beaudin veulent rompre avec
l'économie libérale de marché. Ce qui n'est pas réjouissant pour nos
entreprises et pour les gens qui créent la vraie richesse dans notre ville. Il
faut donc compter sur cette idée des dialogues dans le cadre des Rendez-vous de
Sherbrooke pour espérer une mise en commun des énergies de toutes et de tous
pour que Sherbrooke puisse poursuivre sa croissance dans le cadre d'une
économie verte et équitable. La zone d'innovation en physique quantique est en
ce sens une bonne piste pour harnacher nos efforts communs. Enfin, nous aurons
une nouvelle école secondaire à Sherbrooke si la ville réussit à s'entendre
avec le gouvernement du Québec sur le terrain et le coût de son acquisition.
Lundi soir dernier, le peuple a parlé
et la vie continue...