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La vie nous fait son cinéma…

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Photo : courtoisie de Canal+.
Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 29 mai 2024

Vous connaissez ma marotte. Ma crainte quant à la déliquescence de la démocratie sous les pressions conjuguées de la polarisation, de l'effet bulle des réseaux sociaux et du populisme pratiqué trop souvent par les politiques en Occident, qu'importe leur parti d'origine.

Ce mal du populisme gangrène la vie politique. Imaginez que je n'allais pas bouder mon plaisir à regarder l'excellente série télévisée, disponible chez nous sur TV5unis, Baron noir. Permettez-moi de partager avec vous les tenants et aboutissants de cette excellente série de fictions-réalité française.

Baron noir

Baron noir est une série télévisée française créée par Eric Benzekri et Jean-Baptiste Delafon, réalisée par Ziad Doueiri, Antoine Chevrollier et Thomas Bourguignon, traitant de la vie politique française autour des thèmes de la trahison, de la corruption, du pouvoir et de la manipulation politique. Les trois saisons ont été diffusées en février 2016, février 2018 et février 2020, sur Canal+ en France. Chez nous, on peut la retrouver sur TV5unis.

Le synopsis de la série est bien synthétisé sur Wikipédia. Voici ce que l'on peut retrouver sur Wikipédia lorsque l'on cherche Baron noir : « La série s'articule autour de l'épopée politique et judiciaire de Philippe Rickwaert (Kad Merad), homme politique membre du Parti socialiste (PS), député du Nord et maire de Dunkerque, porté par une irrépressible soif de revanche sociale. Lors de l'entre-deux-tours de l'élection présidentielle, il voit son avenir politique s'effondrer lorsque son mentor, le candidat de gauche Francis Laugier (Niels Arestrup), le sacrifie pour sauver son élection. Déterminé à se réinventer une carrière, Philippe va utiliser élections et temps forts politiques pour s'imposer pas à pas contre celui qui l'a trahi, et ainsi obtenir le surnom de « baron noir ». Mais fort d'une nouvelle alliance avec la plus proche conseillère de son ennemi, Amélie Dorendeu (Anna Mouglalis), il se sacrifie en se livrant à la justice pour faire tomber Laugier et permettre à Dorendeu de remporter la présidentielle. Par la suite, alors qu'il se bat avec la justice, il est trahi par Dorendeu qui se détourne de la ligne politique de Rickwaert. Après avoir si longtemps œuvré dans l'ombre, Rickwaert décide de présenter sa propre candidature à la présidentielle.

En avril 2024, Kad Merad reprend le rôle de Philippe Rickwaert dans l'ultime épisode de la série La Fièvre, nouvelle création de Ziad Doueiri. Par la suite, Canal+ a confirmé une suite commune aux deux séries».

Je n'ai pas vu encore La Fièvre, mais si je me fie aux trois premières saisons du Baron noir que j'ai vues cela promet pour la suite.

La fiction et le pouvoir politique

Il est difficile pour un passionné de politique de ne pas tomber sous le charme de cette excellente série télévisée de fictions politiques de nos cousins français. Quel est le propos de cette série ?

La série de fictions françaises Baron noir propose une plongée perspicace dans les arcanes du pouvoir politique, mettant en lumière les rouages complexes et parfois sombres de la démocratie en Occident. Avec le personnage charismatique et ambigu du député Philippe Rickwaert, la série explore non seulement les jeux de pouvoir au sein d'une nation, mais également les dérives et la déliquescence de la démocratie moderne.

Au cœur de Baron noir réside une critique subtile de la démocratie en Occident, révélant les forces et les faiblesses intrinsèques de ce système politique. La série met en lumière la façon dont les idéaux démocratiques peuvent être manipulés et pervertis par des intérêts personnels, des luttes de pouvoir et des compromis moraux discutables. Elle conteste la fine frontière entre l'exercice légitime du pouvoir et les dérives autoritaires qui menacent constamment la démocratie.

Le personnage central de Philippe Rickwaert incarne cette tension entre idéalisme et réalisme politique. Son parcours tumultueux et ses choix difficiles soulignent les dilemmes auxquels sont confrontés les acteurs politiques dans un paysage marqué par la compétition féroce, les alliances fragiles et les compromis ambigus. Par les actions de Rickwaert, la série met en lumière les compromissions et les compromis nécessaires pour survivre et prospérer dans un système politique souvent corrompu et amoral.

En explorant les méandres du pouvoir politique, Baron noir soulève des questions fondamentales sur la santé de nos démocraties occidentales. Elle met en lumière les menaces internes et externes qui pèsent sur la démocratie, qu'il s'agisse de l'influence croissante des intérêts privés, de la montée du populisme ou des manipulations de l'information à des fins politiques. La série nous invite à réfléchir sur la fragilité de nos institutions démocratiques et sur la nécessité de rester vigilants devant les abus de pouvoir et les dérives antidémocratiques.

Baron noir offre une réflexion profonde et saisissante sur la délitescence de la démocratie en Occident. Par son récit passionnant et ses personnages nuancés, la série nous encourage à remettre en question nos certitudes sur la nature et les limites de la démocratie. Elle nous rappelle que la démocratie est un combat constant, exigeant notre engagement citoyen et notre vigilance pour défendre les valeurs démocratiques fondamentales face aux forces qui cherchent à les corrompre ou à les détruire.

La saison 3 de la série est particulièrement intéressante. Outre la trahison, les alliances brisées, les drames des uns et des autres, ce qui fait irruption, c'est le populisme incarné par une vedette des réseaux sociaux qui prône la rupture totale avec le système des élections qu'il assimile à la corruption et à tous les problèmes de la société. Mis en scène par ses adversaires, ce personnage atteindra des sommets inégalés pour finalement se retrouver devant le plus retors des candidats à la présidence dans un match à finir pour tuer ou sauver le système démocratique tel que nous le connaissons. C'est le choix entre la démocratie du hasard ou de la démocratie.

La démocratie du hasard

La dualité entre la démocratie représentative traditionnelle, basée sur l'élection de représentants par le vote populaire, et la démocratie du hasard, où les représentants sont tirés au sort de manière aléatoire, soulève des questions fondamentales sur la nature du gouvernement et la légitimité des décisions politiques.

La démocratie représentative a longtemps été considérée comme un pilier de la gouvernance démocratique, offrant aux citoyens la possibilité de choisir leurs dirigeants et de les tenir responsables de leurs actions. Cependant, ce système n'est pas sans défauts. Les campagnes électorales coûteuses, le pouvoir de l'argent et des intérêts particuliers, ainsi que la polarisation politique croissante, ont remis en question l'efficacité et l'équité de la démocratie représentative.

D'un autre côté, la démocratie du hasard propose une approche radicalement différente. En tirant au sort des citoyens pour les désigner comme représentants, ce système vise à garantir une représentation plus équitable et inclusive de la population. En théorie, cela permettrait de limiter l'influence des élites politiques et des intérêts spéciaux, tout en favorisant une plus grande diversité d'opinion et d'expérience au sein du gouvernement.

Cependant, la démocratie du hasard soulève également des préoccupations. Certains critiques mettent en doute la capacité des représentants gagnants du tirage au sort à prendre des décisions éclairées et à comprendre les enjeux complexes de la gouvernance. De plus, il est possible que des individus peu qualifiés ou peu intéressés par la politique soient sélectionnés, ce qui pourrait compromettre l'efficacité et la légitimité du processus décisionnel.

C'est ce qui constitue l'intrigue principale de la dernière saison du Baron noir et cela donne à réfléchir. Je vous invite à voir cette série très divertissante et qui vous permettra de voir la vie vous faire son cinéma...


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