Au-delà de toute partisanerie, les Québécoises et les
Québécois aiment bien être représentés par des femmes et des hommes d'État.
Boulimique à la politique, j'ai eu le privilège de collaborer et de connaître
de près de nombreuses femmes et hommes politiques de tous les niveaux.
D'obédience libérale, j'ai mieux connu les premiers ministres libéraux Robert
Bourassa, Daniel Johnson et Jean Charest. Tous ces hommes qui ont eu le titre
de premier ministre avaient le sens de l'État. Ils étaient des hommes d'État.
Ils ont chacun à leur façon réussi à s'élever et à devenir plus grands qu'eux
en portant l'habit de premier ministre.
Tout cela pour dire que François Legault n'a pas fait la
démonstration ces dernières semaines qu'il était de la trempe des premiers
ministres que j'ai jadis connus et avec lesquels j'ai collaboré. François
Legault, par ses attitudes et ses comportements, a fait la démonstration qu'il
était un piètre premier ministre et surtout qu'il n'était pas un homme d'État.
Comme Québécoises et comme Québécois, on ne peut que s'en désoler. Un premier
ministre qui mérite notre respect se doit de nous élever collectivement, pas de
nourrir les préjugés ambiants. Retour sur les péripéties récentes de Legault.
La chicane devant la visite
Tout semble commencer lors de la visite du président
français Emmanuel Macron au Canada et au Québec. Répondant à une question de
journalistes, Justin Trudeau accuse François Legault, à raison je crois, de
dire n'importe quoi dans le dossier de l'immigration et tout particulièrement
sur le dos des réfugiés qui ont demandé asile au Canada. Le plus grand mensonge
de Legault, c'est quand il affirme que c'est Justin Trudeau qui a envoyé 160 000 réfugiés
au Québec. Legault s'inscrit ainsi dans la rhétorique des nationaleux et des
populistes qui répandent la théorie de la submersion du Québec francophone par
le méchant Canada anglais pour faire disparaître la nation québécoise
francophone. Legault, un souverainiste pressé d'une époque pas si lointaine,
cherche ainsi à nourrir son combat contre Paul St-Pierre Plamondon en lavant
plus bleu afin de maintenir les intentions de vote pour la CAQ à flot.
Cette façon de faire à un nom. C'est l'instrumentalisation
politique de l'enjeu de l'immigration et surtout de celui des réfugiés. Ça fait
lever le cœur. Rien de moins.
La notion de réfugiés
Avant d'aborder le débat sur la question du nombre de
réfugiés au Québec et au Canada, il m'apparaît important de se rappeler ce
qu'est un réfugié. Les réfugiés sont des personnes contraintes de quitter leur
pays d'origine à cause d'importantes violations de leurs droits. Le
droit d'asile devant la persécution est un droit humain international. Ce droit
est stipulé dans la Convention
de 1951 relative au statut des réfugiés.
Selon cette Convention, un réfugié est une personne :
« qui est à l'extérieur de son pays d'origine et qui craint avec
raison d'être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité,
de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques ».
Sachant maintenant ce
qu'est un réfugié, on comprend aisément que ce n'est pas Justin Trudeau qui
envoie des réfugiés au Québec et que, d'autre part, les demandeurs d'asile sont
des personnes qui sont en danger dans leur pays d'origine. La question que l'on
peut se poser, sommes-nous assez sans cœur pour refuser l'hospitalité à des
gens qui nous demandent l'asile ? Il est vrai que tous les demandeurs d'asile,
un sur deux nous disent les statistiques à ce sujet, ne sont pas tous des
personnes qui répondent à la définition de ce qu'est un réfugié. Il est aussi
vrai que nous prenons beaucoup de temps à traiter les demandes de ces
demandeurs d'asile au Canada, plus de trois ans. Enfin, il est exact que
l'afflux d'un trop grand nombre de personnes sur le territoire québécois rend
difficile l'accueil tant dans nos écoles, nos garderies que dans notre système
de santé. Il y a un problème. À cet égard, Legault a raison de vouloir en
débattre, mais il n'a pas le droit d'instrumentaliser cette question au risque
de créer chez la population un rejet de l'immigration et des étrangers.
L'immigration, un enjeu politique majeur en Occident
L'immigration est un enjeu politique de première importance
au Canada, et plus spécialement au Québec, où la question est souvent au cœur
des discussions publiques et politiques. Dans ce contexte, François Legault, le
premier ministre du Québec, se retrouve au centre des débats, souvent associé à
des discours qui suscitent la controverse. En particulier, son approche concernant
l'immigration temporaire a été perçue par certains comme une
instrumentalisation de la question, ainsi qu'une propagation de faussetés.
Sur la question des travailleurs temporaires, François
Legault affirme à plusieurs reprises que l'immigration temporaire pose des
problèmes pour la société québécoise, en particulier en ce qui a trait l'intégration
et le marché du travail. Cependant, il est crucial de reconnaître que de
nombreux immigrants temporaires au Canada occupent des postes que les Canadiens
ne souhaitent pas nécessairement pourvoir. Selon diverses études, une part
significative de ces travailleurs s'intègre dans des secteurs comme
l'agriculture, la construction et le secteur des services, où la main-d'œuvre
est souvent insuffisante.
Dans un contexte où le Québec fait face à un vieillissement
de la population et à des pénuries de main-d'œuvre dans plusieurs secteurs, les
travailleurs temporaires représentent non seulement une solution, mais aussi un
rempart contre le déclin économique. Au lieu de stigmatiser ces personnes, il
serait plus judicieux de reconnaître leur contribution essentielle à l'économie
québécoise. L'instrumentalisation de ce sujet par des figures politiques,
notamment François Legault, soulève des questions éthiques quant à la manière
dont le débat sur l'immigration est mené et quant aux vérités qui sont
effectivement mises en lumière. C'est cela qui me fait lever le cœur.
Combattre la désinformation
Il est crucial de dénoncer les faussetés qui sont parfois
véhiculées dans le discours public. Legault, en tant que leader, a une
responsabilité envers la population de fournir des données précises et fiables.
En se concentrant uniquement sur les chiffres qui soutiennent son programme
politique, il risque de créer une image distordue de la réalité. Les
statistiques sur l'immigration temporaire sont souvent mal interprétées ou
décontextualisées pour servir un récit qui peut alarmer l'opinion publique.
Par exemple, lorsque Legault insiste sur le nombre élevé
d'immigrants temporaires, il omet de mentionner leur rôle fondamental dans les
secteurs clés de l'économie. Cela peut aussi favoriser un climat de méfiance et
de rejet envers l'immigration en général, ce qui ne fait qu'alimenter des
stéréotypes et des préjugés. La propagande à caractère anti-immigration n'est
pas seulement problématique d'un point de vue économique, mais elle peut
également avoir des conséquences néfastes sur le tissu social, en créant des divisions
et en exacerbant les tensions communautaires.
François Legault, un
véritable, « ti-coune politique »
Finir par le constat que François Legault est « notre
ti-coune de la politique » peut sembler trivial. Je cite le jouteur Luc Lavoie
qui a utilisé cette expression pour définir le comportement de François Legault
dans le dossier de l'immigration en marge de la visite du président Macron au
Canada.
Aussi triviale que puisse paraître l'expression, elle n'en
évoque pas moins une perception plus profonde des attentes sociétales envers un
leader politique. Les citoyennes et les citoyens attendent de leurs élus qu'ils
soient capables de transcender leurs ambitions personnelles pour embrasser une
vision collective. Le culte de la personnalité et l'instrumentalisation de
problématiques complexes, comme l'immigration, montrent un manque de maturité
politique qui pourrait mener à une érosion de la confiance envers les
institutions.
Dans une démocratie, le rôle du leader est de rassembler, d'éduquer,
et d'inspirer. Récemment, des sondages ont révélé une diminution du soutien
envers Legault, précisément à cause de son utilisation jugée indue de la
question de l'immigration comme outil électoral. Cela soulève des enjeux de
responsabilité pour les politiciens qui doivent naviguer sur ces eaux délicates
avec intégrité et discernement. La réalité des travailleurs temporaires, la
désinformation qui entoure leur nombre et l'incohérence des discours devant
des leaders internationaux tels que Macron alimentent un climat politique qui
pourrait, à long terme, miner la confiance du public envers ses dirigeants.
Chose certaine, le Québec mérite mieux que la grande dérape de Legault !