Ces dernières semaines, les débats politiques au Québec sont
happés par la crise à Québec solidaire ainsi que par l'idée du gouvernement Legault
de créer un musée national de la nation québécoise.
Au cœur de ces débats, nous sommes en présence des éléments
constitutifs de l'histoire du Québec, soit la question nationale et la question
sociale. Dit autrement, le devenir de la nation se joue autour des questions du
rôle de l'État qui se conjuguent entre progressisme, libéralisme et
nationalisme. Tous ces débats nous ramènent à une question simple, mais
essentielle : qu'est-ce qu'un Québécois ? Tentons, si vous le voulez bien,
de réfléchir à cette question brièvement dans le cadre de ma chronique de ce
matin.
L'histoire nationale...
L'histoire
nationale du Québec est riche, complexe et profondément ancrée dans l'identité
collective des Québécois. Depuis les premières migrations autochtones jusqu'à
la société moderne et diversifiée d'aujourd'hui, le passé du Québec a été
marqué par des périodes de conflits, d'exploration, de colonisation, de
révoltes et de transformations socioculturelles majeures.
Une
grande partie de l'histoire du Québec est inextricablement liée à ses relations
avec la France, puis avec l'Angleterre et le Canada. Les luttes politiques et
sociales, notamment la Révolution tranquille des années 1960, ont
profondément façonné l'identité nationale québécoise et ont jeté les bases de l'actuel
débat sur la souveraineté et l'autodétermination.
Cependant,
il est important de reconnaître que l'histoire nationale du Québec est
plurielle, comprenant non seulement le récit des francophones, mais aussi celui
des communautés autochtones, des anglophones et des immigrants qui ont
contribué à former la mosaïque culturelle et sociale du Québec.
En
fin de compte, l'histoire nationale du Québec est un sujet d'étude fascinant
qui mérite d'être exploré et compris dans toute sa diversité et sa complexité.
Elle soulève des questions identitaires, politiques et sociales essentielles
qui continuent à façonner le discours public et les débats politiques
contemporains au Québec.
Dans
ces conditions, il n'est pas étonnant que l'idée de créer un musée d'histoire
nationale fasse débat. D'autant plus que dans le récit national, il est
généralement admis que les questions des histoires du plus grand nombre
laissent place à l'histoire des grands événements fondateurs et aux personnages
marquants de l'histoire. Souventes fois, les conflits sociaux qui traversent la
société sont gommés au profit d'un récit national qui fait abstraction des
classes sociales, du genre et d'autres caractéristiques qui font état des
conditions de vie du plus grand nombre. Est-ce à dire qu'une idée telle que la
nation n'existe pas et doive s'effacer au profit d'autres vecteurs plus
sociaux, comme la vie en société ? Ma réponse simple est non. Il n'en demeure
pas moins qu'il faut raconter l'histoire d'une nation avec soin et avec
prudence.
Les
racines de l'histoire du Québec
L'évolution des idées entourant les nationalités et leurs
interactions avec la reconnaissance des peuples autochtones pose des défis
complexes dans le contexte de la diversité culturelle et sociale. Cette
réflexion explore les implications de ces dynamiques en mettant en lumière les
tensions et les opportunités qu'elles offrent.
L'idée de
nationalité est souvent liée à la souveraineté étatique et à l'identité
collective d'une nation. Cependant, dans un monde de plus en plus interconnecté
et diversifié, la notion de nationalité est remise en question. Les mouvements
de décolonisation et la reconnaissance croissante des droits des peuples
autochtones soulèvent des interrogations sur la légitimité des frontières
nationales et de l'identité nationale.
Dans un tel
contexte, il est parfois difficile de répondre à la simple question : qui
est Québécois ? J'ai évoqué cette difficulté dans une chronique précédente du 1ᵉʳ mai
dernier intitulée Se raconter des
histoires et qui faisait état de la déclaration du chef du Parti québécois,
Paul Saint-Pierre Plamondon qui considérait le Canada comme une machine à
assimilation du fait français. Quand on exprime une vision étroitement
nationaliste de l'histoire, on ne sait plus qui est Québécois. Est-ce les
Canadiens français de souche uniquement ? En un tel cas, où se situent dans
notre histoire nationale les Irlandais, les Juifs, les anglophones ? Ah, nous
sommes inclusifs, mais notre récit national ne fait état que des souffrances et
des humiliations des Canadiens français. Faut-il comprendre qu'un bon Québécois
est un individu assimilé à la culture canadienne-française ? De difficiles
questions.
La quadrature du cercle : un nationalisme ouvert
et transnational ?
Par
exemple, arrêtons-nous un moment sur la question des peuples autochtones.
La
coexistence des peuples autochtones avec les sociétés nationales pose des défis
importants. Les revendications des peuples autochtones pour la reconnaissance
de leurs droits territoriaux et culturels remettent en question les frontières
et les institutions des États-nations. La diversité des identités et des
appartenances souligne la complexité des notions de nationalité et
d'appartenance nationale.
La
reconnaissance des peuples autochtones dans le contexte des nationalités peut
offrir des occasions favorables de renouvellement des identités collectives. En
reconnaissant la diversité culturelle et sociale des sociétés, les États
peuvent enrichir leurs visions de la nation et promouvoir des formes d'appartenances
plus inclusives. La coopération et le dialogue entre les peuples autochtones et
les sociétés nationales peuvent favoriser le respect mutuel des identités et la
construction de sociétés plus justes et plus solidaires.
Cependant,
les tensions entre les revendications des peuples autochtones et les intérêts
des États-nations soulignent les limites de la reconnaissance et de
l'inclusion. Les conflits autour des ressources naturelles, des droits fonciers
et des pratiques culturelles mettent en lumière les déséquilibres de pouvoir et
les injustices persistantes. La reconnaissance des peuples autochtones ne peut
pas se limiter à des gestes symboliques, elle doit s'accompagner de mesures
concrètes pour garantir le respect des droits et des aspirations des communautés
autochtones.
Ce qui est
vrai pour les peuples autochtones est tout aussi pertinent pour la communauté
anglophone au Québec à laquelle on assimile souvent les Juifs et les Irlandais
puisqu'ils ont majoritairement choisi de vivre leur vie en anglais avant la
loi 101.
Nous sommes
à la recherche de la quadrature du cercle. Le cercle de la nation québécoise.
Conclure...
En
conclusion, les réflexions sur l'idée de nationalité dans un contexte de
reconnaissance des peuples autochtones et des personnes issues de diverses
communautés nationales demandent de repenser les frontières et les identités
nationales. La diversité culturelle et sociale des sociétés invite à une vision
pluraliste de la nation et de la citoyenneté.
Par
exemple, la reconnaissance des droits des peuples autochtones ouvre de
nouvelles perspectives pour la construction de sociétés plus inclusives et plus
équitables. Cependant, cette reconnaissance nécessite un engagement sincère
envers la justice et le respect des droits de la personne pour assurer un
avenir commun fondé sur le respect et la diversité.
La
reconnaissance des droits des femmes nécessite aussi une appréciation
différente de notre récit national comme celui des nouveaux arrivants.
Bref, créer
un musée de l'histoire nationale du Québec est tout sauf une question simple.
S'il est vrai que le Québec est une nation distincte en Amérique du Nord, il
appert néanmoins que raconter cette histoire au confluent d'une société dont
les racines sont françaises, les traditions britanniques et le rythme de vie
américain est d'une complexité sans nom. L'histoire du Québec mérite d'être
racontée, cela est incontestable. Mais, raconter notre histoire alors que nous
ignorons qui on est demeure une tâche difficile. Mais, ce qui est rassurant,
c'est que cette idée d'un musée de notre histoire nationale permet que
l'Histoire soit au cœur de notre vie collective. C'est signe de santé pour le
Québec que son histoire soit en débats...