Ainsi, la confirmation de la candidature de Denis Coderre à la course au
leadership du Parti libéral du Québec branle dans le manche. En date de samedi
dernier, cette procédure qui est plutôt technique n'était pas encore achevée
dans le cas du candidat Coderre. De tous les candidats déclarés à ce jour,
seuls Charles Milliard et Pablo Rodriguez ont reçu le feu vert du PLQ. Les
candidats Marc Bélanger et Denis Coderre n'avaient pas reçu vendredi le feu
vert du parti, ce qui les empêche de commencer le travail des listes de membres
pour récolter les 750 signatures de membres afin d'officialiser leur
candidature. Triste histoire pour Denis Coderre, mais entre vous et moi, il l'a
bien cherché. Il n'a tout simplement pas d'affaire là...
Le PLQ, une longue tradition
Rappelons d'abord que le Parti libéral du Québec (PLQ), fondé en 1867,
occupe une place historique dans le paysage politique québécois. Fort d'une
tradition de gouvernance qui a façonné l'identité économique, sociale et
culturelle du Québec. Depuis les années Couillard, le PLQ a perdu pied auprès
de l'électorat francophone et il est aujourd'hui confronté à des défis sans
précédent dans un contexte politique en évolution et plus divisé que jamais
auparavant dans son histoire. La course à la chefferie qui vient de s'amorcer
sera déterminante pour l'avenir de ce parti politique. Ce n'est pas le temps de
jouer aux apprentis sorciers et de se donner un leader atypique qui viendra
faire de ce parti un parti politique populiste de droite avec un leader qui
amusera la galerie. C'est cette dernière affirmation qui fonde ma conviction
que Denis Coderre n'a pas d'affaires dans la course au leadership du PLQ. Mais
bon, nous sommes des démocrates tout comme les libéraux et s'il veut se
présenter malgré tout, grand bien lui fasse, mais où le bât blesse, c'est que
monsieur Coderre a maille à partir avec Revenu Québec, il doit plus de
130 000 $ dollars aux contribuables québécois. Je veux bien comprendre les
explications de monsieur Coderre quant à son divorce et à ses problèmes de
santé, mais les règles sont les règles et manifestement, il est incapable de
les rencontrer à ce jour.
Comme l'a dit le chef intérimaire du PLQ, le député Marc Tanguay, monsieur
Coderre doit régler ses problèmes fiscaux avec Revenu Québec et Revenu Canada
avant de prétendre devenir le chef du grand parti qu'est le PLQ et à terme
devenir le premier ministre du Québec. De toute manière, la route des libéraux
pour reprendre le pouvoir à Québec est fort longue et périlleuse à bien des
égards.
Fragmentation politique vs
traditions
L'arrivée de la CAQ et le succès relatif du Parti conservateur d'Éric
Duhaime ainsi que le succès de Québec solidaire dans les urnes et auprès de la
jeunesse ont contribué à une fragmentation politique jamais vue dans l'histoire
du Québec. La CAQ a imposé une alternative centriste et a attiré un électorat
traditionnellement libéral, tandis que Québec solidaire a conquis les jeunes et
les progressistes. Cette fragmentation politique complique la tâche des
libéraux pour reprendre du galon auprès de la population francophone
québécoise.
Il est vrai que le PLQ a été un acteur majeur dans l'édification de l'État
québécois moderne. De l'ère des réformes dans les années 1860 à la
Révolution tranquille des années 1960, le parti a joué un rôle clé dans le
développement d'institutions publiques, de l'éducation et de la santé. Des
figures emblématiques issues de ce parti, comme Jean Lesage, René Lévesque et
Robert Bourassa ont contribué à donner au Québec une image dynamique, tournée vers
l'avenir. Historiquement, le PLQ a su établir presque de tout temps un lien
solide avec l'électorat en se faisant le promoteur de l'économie de marché, des
droits et libertés et de la justice sociale. Ces dernières années, les années
d'austérité budgétaire ont rompu ce lien fort avec l'électorat francophone et
ont relégué le PLQ à des comtés anglophones de l'Ouest de l'île, de l'Outaouais
et de Laval. Le PLQ doit renouer avec les francophones et cela demandera des
orientations politiques claires qui répondront aux enjeux actuels du Québec
contemporain. Cette réconciliation avec les francophones ne sera ni un réflexe
nostalgique sur les grandes années du PLQ ni un concours de popularité des
candidats en lice. Ça prendra de la substance.
Les enjeux actuels
Au grand dam des fédéralistes à tout crin au PLQ, la question identitaire
demeure une question centrale pour l'électorat francophone québécois. Si l'on
ne peut se contenter de slogans creux sur un pseudofédéralisme renouvelé, il
est important que les candidats en présence se prononcent sur des questions
comme la laïcité qui vient de s'inviter à la Cour suprême du Canada, sur
l'avenir du français au Québec et sur le type de relations que le Québec
entretiendra avec les autres membres de la fédération canadienne. Qui plus est,
les candidats ne pourront pas faire l'impasse sur des sujets comme
l'immigration, la lutte aux changements climatiques et les relations
commerciales avec les États-Unis d'Amérique à l'ère Trump.
Pour se sortir de son marasme politique auprès des francophones, les
candidats au leadership du PLQ devront présenter une vision claire sur ces
questions pour gagner la confiance des électeurs qui sont plus que jamais
conscients de l'urgence de ces enjeux pour leur avenir : des plans de
transition pour une économie plus verte, une remise en forme de nos systèmes de
santé et d'éducation, des investissements significatifs en infrastructures
publiques pour faire face aux changements climatiques et une plus grande place
aux régions et aux municipalités dans le processus décisionnel.
Certes, les Québécoises et les Québécois tiennent aujourd'hui comme hier à
leurs généreux programmes sociaux et ils sont sensibles à une bonne gestion des
finances publiques. La quadrature du cercle en somme.
Le choix du leader
Le choix du prochain leader est un élément essentiel de la relance
potentielle du Parti libéral du Québec auprès de l'électorat francophone. La
personnalité et le charisme du nouveau chef joueront un rôle déterminant dans
la capacité du parti à reconquérir le cœur des Québécois. Les candidats doivent
faire preuve d'audace et de transparence en proposant des mesures innovantes
pour le développement du Québec, de même que pour l'unité et l'inclusion
sociale.
Le prochain chef devra aussi s'assurer de réengager sa base militante. Une
mobilisation efficace passera par la réactivation des comités locaux et
l'organisation de forums pour encourager la participation des membres, des
citoyennes et des citoyens. Un parti qui écoutera les préoccupations de ses
membres sera mieux armé pour formuler des politiques qui répondront aux
véritables attentes de la population québécoise.
Pour redéfinir son identité, le PLQ doit se réapproprier son héritage tout
en s'adaptant aux nouvelles réalités du XXIe siècle. Cela signifie pour
moi embrasser une approche progressiste qui reconnaît les diversités
ethnoculturelles tout en réaffirmant les droits historiques de la seule nation
francophone en Amérique du Nord. Entre la souveraineté et un Canada 2.0,
les candidats auront le choix de proposer des avenues inédites et porteuses
d'avenir. L'énoncé de ces défis suffit à eux seuls à expliquer pourquoi Denis
Coderre n'a pas d'affaire dans cette course et qu'il n'est rien d'autre que
l'intrus encombrant...