Vous me
direz je fais simple, comme on dit au lac, mais bon.
D'abord,
une parenthèse : il y a des lacs par milliers au Québec. Pourtant, quand
on dit « comme on dit au lac », on sait très bien qu'il s'agit du lac
Saint-Jean.
Fascinant,
dirait Charles Tisseyre!
Vous me
direz que je fais simple, donc, et ça m'est un peu égal. À la limite, ma
simplicité d'esprit agira comme contre poids à l'esprit bien trop compliqué qui
est exprimé dans la sphère publique.
Je
lisais, ce matin, un excellent article de Marie-Sol St-Onge (voir le lien au
bas de la chronique). Elle y traite des précautions à prendre pour baliser les
costumes d'Halloween. En résumé, voici ce qu'il faut éviter : à peu près tout.
Parce qu'à
peu près tout peut être potentiellement offensant quand on a à tenir en compte
la perception et la sensibilité (aussi tordue cette perception et cette
sensibilité puissent-elles être), de quiconque verrait le déguisement.
Vous
vous fabriquez un visage avec les yeux bridés? C'est non. Vous devenez Michael
Jackson et vous maquillez votre visage? C'est non. Vous êtes pirate pour un
soir et vous simulez une jambe de bois et portez une « patch » sur un
œil? C'est doublement non! Toute personne amputée ou ne comptant plus sur la
validité de ses deux yeux (j'essaie de trouver une façon acceptable pour ne pas
dire : aveugle d'un œil ou borgne, ne sachant plus si on peut...) pourrait être
offensée.
Alors, à
défaut de pouvoir se déguiser, ce qui, par définition, veut dire changer de
personnage et, donc, emprunter les traits d'un autre personnage, il semble
qu'il faudrait plutôt opter pour un masque universel de pureté. Que tout le monde porterait tout le temps!
Et si
on le voyait autrement?
Partout,
dans notre société, dans notre quotidien, il y a des bornes à ne pas franchir.
C'est comme ça avec nos voisins, sur la route, au travail, au repos et dans les
loisirs (!)
On a
toutes et tous fait un apprentissage d'un dépassement de bornes en gaffant dans
une situation donnée. Les répercussions de la gaffe étaient à géométrie
variable, mais à titre d'exemple, j'ai bien compris que rire de quelqu'un qui
est différent de moi n'est pas un geste intelligent, constructif et acceptable.
Cet
apprentissage doit se poursuivre tout le temps. Et chacun a une part de
responsabilité dans le respect et le rappel du respect des bornes à ne pas
franchir.
Et rien
ne se jamais parfait, je le précise.
Mais je
pousse plus loin la réflexion.
Quelque
chose peut égratigner la sensibilité de l'autre? Non seulement ça se peut, mais
c'est inévitable! L'affaire, c'est que chaque humain a des sensibilités
variables. Et je maintiens que je ne peux pas me servir de l'argument de ma
sensibilité personnelle pour imposer une mesure collective.
Ce
serait sans fin.
Si je
suis allergique aux noix, je ne peux pas exiger l'abolition des noix partout
dans le monde. L'exemple est boiteux? Je sais. Ils le sont et le seront tous.
Et la raison est fort simple : réfugié dans un rôle de victime, je peux
plaider ce que je veux par rapport à ma perception. Et, surtout, j'empêche la
tenue de tout débat.
Rire de
quelqu'un dans le but de le réduire, que ce soit pour une caractéristique
physique ou autre, c'est non.
Plus
largement, diminuer volontairement la valeur d'autrui dans le but de le
diminuer, c'est à proscrire. Point.
Mais de
là à penser qu'un masque de pureté qu'on obligerait tout le monde à porter
viendra enrayer la haine et le mépris, que ça aplanira les différences, que ça
créera un monde sans danger (un safe space), pour moi, c'est un majestueux coup
d'épée dans l'eau.
Tout
sera toujours nuancé. Rien ne sera blanc ou noir (ne voyez d'offense ni dans
l'utilisation des mots « blanc » et « noir »!) Nuancé au
sens de comprendre la différence entre « rire de » et « rire
avec », entre badiner et insulter, entre nommer une chose pour apporter
des éléments de compréhension et nommer une chose pour s'en servir comme arme
blessante, etc. Nuances.
Tout
sera toujours en nuances. Et l'éducation demeure la seule porte valable.
Finalement,
je me dis ceci : autant j'ai la responsabilité de mes actes envers autrui,
autant j'ai la responsabilité de gérer mes sensibilités personnelles.
C'est
une question d'équilibre. Équilibre personnel. Équilibre qui devient social.
Clin
d'œil de la semaine
Il
faudrait éviter de bannir tous les mots qui commencent par une lettre de
l'alphabet. Ça deviendrait contreproductif. Ou ça règlerait tout?
https://www.latribune.ca/2022/10/16/appropriation-ou-appropries-les-costumes-dhalloween-font-encore-jaser-cette-annee-c3de056bf73103f853e77c8f53c12460