Pas d'accord.
Pas parce que le sketch était si épouvantable, mais j'aime bien qu'on agisse pour les bonnes raisons. Voici mes impressions de ce scandale (!)
Premièrement, Mike Ward. Je n'en peux plus de l'entendre prétendre qu'il y a maintenant plusieurs années qu'il livre un dur combat en faveur de la liberté d'expression.
Franchement.
Ce n'est pas un dossier de liberté d'expression. La liberté d'expression est brimée quand on empêche quelqu'un de s'exprimer, de remettre en perspective des éléments de société, par exemple. Pas quand on dit à quelqu'un que ses injures et insultes ne seront pas diffusées à la télé.
Le diffuseur a le droit de mettre en ondes les éléments qu'il souhaite, selon les responsabilités qu'il a. Je ne crois pas qu'empêcher Ward et Nantel de traiter la femme du premier ministre du Canada de « criss de folle » ou de dire que Mike Ward a une shape de lesbienne de dos (en nommant Ariane Moffatt) vienne brimer leur liberté d'expression. Ces deux « gags » faisaient partie du sketch enlevé.
Dans notre société, la liberté de l'un s'arrête là où le droit de l'autre commence.
Si j'aime le type d'humour de Ward, j'achèterai des billets et j'irai entendre ses blagues sur scène. Dans un endroit clos dans lequel les gens ont choisi ce type d'humour. Vous voyez, la différence, pour moi, est là aussi. Ce qui passe à la télé s'adresse à un public de tous âges. Un public qui n'a pas fait le choix de ce type d'humour. Le diffuseur doit en tenir compte et filtrer ce qui passe ou ne passe pas.
Ward peut écrire des livres, des blogues. Il peut publier des vidéos ou des capsules audio sur le Web. Avec le degré de saleté qu'il souhaite y mettre. Sa liberté d'expression n'est pas atteinte. Pas pantoute.
En faire une victime publique me navre profondément.
Lors du gala des Olivier, j'ai bien aimé la sortie de Martin Matte qui, en baragouinant un peu tellement il marchait sur des œufs, a eu le courage de dire que tout est dans la manière de faire les choses. Que lui ne cautionnait pas tous les niveaux d'humour. Il a rappelé que dans son émission « Les beaux malaises », il a parlé de sujets épouvantables, mais la forme a fait le travail.
Nous sommes une société devenue bien puritaine, j'en conviens. Hypocritement puritaine. Il se consomme une quantité astronomique de pornographie sur le Web, mais on s'insurge à la vue du sein qui allaite dans un endroit public.
Mais la liberté d'expression, dans ce dossier, n'a rien à voir.
Ward a remporté le prix de l'Olivier de l'année en surfant sur la vague savamment orchestrée de la publication du sketch sur le Web. Les deux humoristes y étaient introduits par un animateur qui prétendait vivre un grand moment historique... On se calme...
Il y a des gens qui meurent en prison pour un blogue pourtant inoffensif.
Ici, on a des gens qui gagnent un prix prestigieux sur une vague qui sonne faux une fois la poussière retombée.
Étudiants en marketing/communication, prenez des notes. Vous avez vu là un bel exemple de mise en marché avec, en prime, l'obtention en direct du résultat souhaité.
Clin d'œil de la semaine
Il y a des gens qui passent leur vie dans le trouble en répétant ad nauseam qu'ils sont des victimes de tout et, aussi, de rien...