La psychopop sème des perceptions et des idées préconçues depuis des lunes! Tu es seul maître de ta vie, de ta destinée! Écoute ton cœur, toi seul peux décider de la suite des choses. Rien n'arrive pour rien. Tout est opportunité.
Trie le bien du mal, forge ta vie. Je pourrais continuer ainsi pendant très longtemps.
À coup de phrases léchées et porteuses d'un certain sens, on s'emploie à nous dire, preuves (!) à l'appui, que la force est en nous, qu'il suffit de peser sur tel ou tel bouton et tout arrive. Le chemin, c'est à nous de le tracer. Médite, réfléchis, extirpe-toi de la vie quotidienne et tu pourras réorienter ta vie. Comme tu le veux.
J'avoue que ça peut faire du bien. Que ça peut donner le petit coup de pied aux fesses dont on a besoin pour commencer quelque chose.
Vous me direz que je suis trop rationnel, mais je déteste ces pensées un peu magiques qui englobent tout dans de petites phrases. Petites phrases qui évitent souvent les discussions plus approfondies. Petites phrases qui, dépendamment de la façon dont elles sont dites, viennent faire la morale. Viennent établir que « moi, j'ai compris, il serait temps que tu comprennes... »
Une chose est sûre : qu'on adhère ou non à la magie des phrases préconçues, il n'en reste pas moins que nous y sommes exposés toute notre vie.
Votre fil d'actualités Facebook en contient, vos amis vous en servent, les radios publient des capsules positives pour, dit-on, contrebalancer le ouache qui se retrouve dans les bulletins de nouvelles.
Notre vie et ce qu'on en fait nous appartiennent donc. Entièrement. Tout est entre nos deux oreilles. Il suffit de brancher notre cœur et notre cerveau ensemble pour dégager une énergie puissante susceptible de tout modifier devant nous, quelle que soit notre route.
Jusqu'à ce que...
Jusqu'à ce que la maladie frappe et nous retire notre conscience.
Subitement, ce que vous avez cru vrai toute votre vie ne s'applique plus. Même si vous avez répété des dizaines de fois à votre entourage que vous ne voulez pas vivre dans telle et telle condition, même si c'était en lien direct avec votre philosophie de vie, là, à ce moment où tout déraille, votre vie ne vous appartient plus.
Elle appartient à la volonté légale. Au serment d'Hippocrate. Qui peut devenir hypocrite, parfois...
Elle appartient à la médecine qui peut vous étirer ça pendant des dizaines d'années, parfois. Vous aviez dit « non, je ne veux pas ça? » Rien n'y fait.
Je repense à tout ça en consultant les textes concernant cet homme qui a étouffé sa femme qui souffrait d'Alzheimer depuis plus de 11 ans. L'homme ne s'est pas défilé et s'est retrouvé, évidemment, devant les tribunaux. Et je me demande bien de quel droit je jugerais le geste. Je ne m'en sens pas le droit moral, en tous les cas.
Il faut marcher un mille dans les souliers de quelqu'un avant de le juger. 1,6 kilomètre fera l'affaire!
Les choses avancent. Lentement. On peut maintenant signer nos directives médicales anticipées. C'est un début.
La vie, pour moi, est une question d'équilibre. Équilibre qu'on tente de maintenir malgré les vents contraires. Dans cette optique, je crois qu'il est juste de continuer la réflexion sur le prochain pas à franchir après celui des directives médicales anticipées.
Parce que si la médecine peut nous maintenir en vie pendant longtemps, bien installés et attachés dans un lit, on doit pouvoir miser sur la possibilité de faire contrepoids à une décision qui n'est pas la nôtre.
Clin d'œil de la semaine
La vie est une maladie mortelle transmise sexuellement...