La Fête nationale prend une autre dimension cette année. Pas tellement en lien avec la fête. Beaucoup plus du côté de la nation.
Je l'ai dit déjà, je me méfie des effets que peuvent apporter, lorsque poussés trop loin, les mouvements trop identitaires. Je suis pour une société inclusive, mais qui n'oublie pas pour autant ce qu'elle est et d'où elle vient.
La Fête nationale n'est pas, pour moi, une question d'être souverainiste ou non. La nation non plus.
Nous sommes en campagne électorale. Ou presque. Le message de Jean Charest, publié à la télé et sur le web, est une façon pour le gouvernement en place de prendre la température de l'eau. Il devra plonger. Et il ne souhaite pas attendre la reprise des travaux de la commission Charbonneau. Il semble que chaque personne interpellée dans le processus de la commission ait un lien direct avec les dirigeants du parti Libéral. Ça devient gênant. Mais bon. Laissons à la commission le soin de faire elle-même ses commissions...
C'est le contenu du message qui m'achale. Des détails, vous me direz. Mais bon. Le ne qui manque après le ça et le pis gros comme le bras dans la phrase : « Ça peut jamais être parfait, pis on n'a pas réponse à tout ». Visiblement, c'est une façon de se rapprocher des petites gens, de jouer la carte du gros bon sens. Celui du bon peuple. De dire : comme dirigeant, j'ai mal, mais je continue. Une façon, donc, de séduire les parents et les grands-parents. Les firmes de sondage vous tâteront tout l'été pour s'assurer que vous êtes contre les étudiants, et, donc, pour Jean Charest. Et si c'est convaincant, on sera en élection dès septembre.
Mais, pire encore, c'est la dernière phrase qui me dérange le plus : « En politique comme dans la vie, il faut avoir le courage de ses convictions». Jusque-là, ça va. Mais c'est le bout qui suit qui frappe sournoisement : « J'ai fait le choix de la responsabilité, je sais que c'est le bon ». Autrement dit : si vous avez le courage de votre opinion, sachez ceci : si ce n'est pas la même que celle de Jean Charest, c'est que vous êtes un être irresponsable.
C'est ça que je veux dire quand je vous parle, régulièrement, de ce message fabriqué et léché par des spécialistes de la communication. Ceux qui ont le mandat de garantir des votes.
Cette semaine, des souverainistes (et plein d'autres qui ne le sont pas...) ont dit s'ennuyer de gens comme René Lévesque. Je comprends pourquoi*. Au lieu d'un message creux, il y avait des projets. Une vision. Quelque chose de porteur. Quelque chose d'inclusif. Quelque chose de rassembleur.
Le but était de travailler pour quelque chose. Pas contre quelqu'un. L'objectif de chaque parti était de convaincre qu'il était le meilleur choix. Pas le moins pire...
Et non, je ne fais pas dans la nostalgie. Je sais très bien que tout n'était pas parfait à l'époque. Je sais très bien que, là où il y a de l'Homme, il y a de l'Hommerie...
En ce 24 juin 2012, je souhaite que notre jeune nation réussisse bien son passage vers l'âge adulte. Qu'elle soit peuplée de défendeurs d'idées et non de distributeurs d'insultes envers quiconque ne pensant pas comme soi. Plus directement : qu'il y ait plus d'échanges d'idées et moins « d'osties et de criss de ci et de ça » (sic) pour qualifier celle ou celui qui diffère d'opinion.
Je nous souhaite moins de Richard Martineau et plus de René Lévesque.
Clin d'œil de la semaine
Nous sommes responsables de nos actes. Parfois coupables de ceux qu'on a faits. La ligne est souvent mince...
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*il suffit d'écouter quelques minutes du discours de René Lévesque lors de l'adoption du nom « Parti Québécois » pour voir de quoi il s'agit : http://www.youtube.com/watch?v=cFsh1YQM7CA )