Quand
quelque chose va mal pour un enfant, il fait tout pour se réfugier dans le jeu.
Il joue pour recréer un sentiment de bien-être. C'est comme ça pour le deuil,
c'est comme ça pour d'autres épreuves.
Prenez
cet exemple d'un enfant qui perd un être significatif -disons un parent- dans
sa vie. Il y a fort à parier que son entourage sera surpris de constater qu'il
n'est pas complètement démoli. L'entourage dira, à tort, que, finalement, ça ne
lui fait pas grand-chose, qu'il est passé à autre chose.
Ce n'est
pas le cas, généralement. C'est une question de réflexe. L'enfant cherche un
sentiment de bien-être. Il le trouve dans le jeu. Il faut tout de même être
attentif, puisque sa peine n'est souvent que tassée, mais demeure bien
présente. Souvent, sans crier gare, l'enfant éclatera en sanglots. Le présent
le rattrape. La réalité lui rentre dedans, à ce moment précis. Puis, le jeu lui
servira d'arme plus ou moins secrète pour ramener le sentiment de bien-être.
Je me dis
que l'être humain a un réflexe inné qui le pousse vers ce sentiment de
bien-être. En société, nous sommes demeurés, à certains niveaux, des enfants.
Sauf qu'on a remplacé le jeu par la pensée magique.
Je
pensais à tout ça en écoutant les nombreux commentaires qui ont fait suite à
l'élection de PKP à la tête du Parti québécois. Je me rappelais aussi
l'élection de Philippe Couillard à la tête des Libéraux. L'idée est de trouver
la bonne personne, celle qui mènera notre barque à bon port. Le problème, c'est
qu'une fois que nous sommes convaincus que la bonne personne est nommée, on
regarde ailleurs en se disant que le dossier est réglé. Depuis des lunes, nous
votons pour un leader, tant au fédéral qu'au provincial. « Harper va nous
amener où il faut! » « Couillard va nous arranger ça! »
« Une femme première ministre, c'est ça, la solution! »
À peu
près toutes les affirmations des citoyens, en période électorale, tournent
autour de ce type d'énoncés. Les idées défendues? Les éléments du programme? On
n'en a rien à cirer. On a une vie à vivre, on est occupés. Donc, on se dit
qu'on va voter pour un leader pis on le débarquera, au pire, si ça ne fait pas
l'affaire.
L'enfant
se réfugie dans le jeu quand ça ne va pas. L'électeur se réfugie dans la pensée
magique pour ressentir une forme de bien-être par rapport au système de
gouvernance.
Et le
temps finit par jouer contre nous. Le temps filtre la réalité, ne conservant,
généralement, que les bons moments. C'est pour cela, j'imagine, qu'on en vient
toujours à dire que le dirigeant qui était là il y a trente ou quarante était
bon, lui. Le temps vient dorer le souvenir. Les plus conservateurs évoqueront
ce passé filtré pour empêcher le changement. L'électeur cherche un sentiment de
bien-être. Donnons-le lui! Il sera heureux et s'endormira encore pendant quatre
ans.
Le Parti
québécois maquille son idée d'indépendance le plus possible, changeant au
passage l'appellation et les actions pour faire passer la pilule. Les Libéraux
de Jean Charest et de Philippe Couillard cachent leurs intentions réelles
derrière des phrases-clés, camouflant ainsi leur idéal qui est pas mal plus à
droite qu'ils le disent.
Mon
point, dans tout ça? On ne peut plus jouer à l'enfant-électeur et ne chercher
qu'un sentiment de bien-être. Il faut aller au-delà des refuges temporaires et
s'approprier la dynamique de la gouvernance publique.
La
politique n'étant que stratégie depuis des décennies, il faut ouvrir les yeux
et apprendre à débattre des idées. La transparence ne viendra pas des stratèges
d'en haut. Elle sera imposée par l'électeur à la base.
Mais il
faudra y mettre du sien. Et ça, ce n'est pas acquis.
Clin
d'œil de la semaine
Le
Dalaï-Lama disait qu'il n'y a que deux jours dans l'année où on ne peut rien
faire. Hier et demain.