Chaque année, c'est la même chose. On peine à célébrer notre
fête nationale sans casser du sucre sur le dos du Canada. Pour célébrer le
Québec, on se félicite d'être différent de cet État multiculturaliste,
pétrolier et colonisateur. Le Canada semble être un milieu carcéral pour la
nation québécoise. Comme le disait fort à propos l'un des grands premiers
ministres du Québec, René Lévesque, « Le Canada ce n'est quand même pas le
goulag. » Et oui, malgré la rhétorique nationaleuse, le Canada mérite d'être
célébré par les Québécois. C'est ce que nous ferons dans quelques jours. Cela
ne doit cependant nous faire oublier note histoire.
Des siècles d'affrontement...
Le Québec et le Canada ont en effet connu des
siècles d'affrontements et de tensions. L'histoire des relations entre le
Québec et le reste du Canada remonte à l'époque de la colonisation française en
Amérique du Nord. Les Français ont établi des colonies au Québec dès le 16e siècle,
tandis que les Britanniques ont conquis ces colonies au cours du 18e siècle.
L'affrontement le plus marquant entre le Québec et
le Canada a été la question de la souveraineté du Québec. Dans les années 1960
et 1970, le mouvement indépendantiste québécois s'est renforcé, porté par des
revendications linguistiques et culturelles. En 1970, le Front de libération du
Québec (FLQ), un groupe armé indépendantiste, a mené des actions terroristes,
notamment l'enlèvement et l'assassinat du ministre québécois Pierre Laporte.
Cette période a été marquée par une forte polarisation et des affrontements
politiques intenses.
En 1980, le gouvernement québécois a organisé un
référendum sur la souveraineté-association, qui a été rejeté par une majorité d'électeurs.
Un autre référendum a eu lieu en 1995, cette fois sur la souveraineté du Québec.
Le résultat a été très serré, avec seulement 50,6 % des électeurs rejetant
la proposition de souveraineté. Ces référendums ont profondément divisé la
société québécoise et ont été une source majeure de tensions entre le Québec et
le reste du Canada.
Au fil du temps, des mesures de décentralisation ont
été mises en place pour répondre aux demandes du Québec, telles que la
reconnaissance du français comme langue officielle et la dévolution de pouvoirs
accrus dans des domaines comme la culture et l'éducation. Néanmoins, des
tensions subsistent parfois entre le gouvernement provincial du Québec et le
gouvernement fédéral du Canada, en particulier sur des questions liées à l'autonomie
provinciale et aux compétences partagées.
Il est important de noter que les relations entre le
Québec et le Canada ne se résument pas uniquement à des affrontements. Le
Québec est une province canadienne à part entière et les Québécois sont des
citoyens canadiens. De nombreux Québécois se sentent fiers de leur identité distincte
tout en étant attachés à leur appartenance au Canada. Les relations sont donc
également caractérisées par une coexistence, des échanges culturels,
économiques et politiques, ainsi que par des efforts de collaboration entre le
Québec et les autres provinces canadiennes.
Pourquoi sommes-nous aussi des
Canadiens ?
Les Québécois sont aussi des Canadiens. L'histoire
du Canada porte notre empreinte et la présence de francophones partout au
Canada et même en Amérique témoigne de ce passé où nous arpentions tout le
continent nord-américain. Par ailleurs, nous partageons les mêmes valeurs quant
aux droits et libertés, à l'égalité entre les hommes et les femmes, à la
défense des minorités, à la paix et la justice. Les Canadiens et les Québécois
ne sont pas si différents même si nos États respectifs s'affrontent
régulièrement sur de nombreuses questions touchant à notre langue et à notre
identité.
Sommes-nous réconciliables ?
La réconciliation entre le Québec et le Canada au 21e siècle
est un sujet complexe et délicat. Le Québec est une province francophone du
Canada qui a une histoire unique et une identité culturelle distincte. Au fil
des ans, il y a eu des tensions et des débats sur la relation entre le Québec
et le reste du Canada, en particulier en ce qui concerne la question de la
souveraineté du Québec.
Dans les années 1980 et 1990, il y a eu deux
référendums sur la souveraineté du Québec, qui ont suscité des débats
passionnés dans tout le pays. Les résultats des référendums ont montré une division
profonde au sein de la province et entre le Québec et le reste du Canada, mais
à chaque fois, la majorité des Québécois ont choisi de rester au sein du
Canada. Il est important que nous ayons choisi de demeurer au Canada
majoritairement. Depuis lors, les relations entre le Québec et le Canada ont
évolué. Le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial du Québec ont
cherché à améliorer leur collaboration et à renforcer les liens entre les
Québécois et les autres Canadiens.
Au plan politique, il y a eu des tentatives de
reconnaître la spécificité du Québec au sein du Canada, notamment avec la
reconnaissance du Québec comme société distincte dans la Constitution
canadienne. Des ententes ont également été conclues entre le gouvernement
fédéral et le gouvernement du Québec dans divers domaines, tels que la gestion
des ressources naturelles, la langue française et la culture. Il demeure
néanmoins que le gouvernement actuel du Québec pratique le jeu de la chaise
vide et ne désire pas apporter la contribution du Québec à l'amélioration de ce
pays. En pratiquant un rôle de spectateur passif, le gouvernement Legault prive
le Canada de l'expertise québécoise et de ses sensibilités.
Sur le plan économique, le Québec entretient des
relations commerciales étroites avec les autres provinces canadiennes et
entretient des liens commerciaux importants avec des partenaires
internationaux. Le commerce interprovincial est réglementé par l'Accord de
libre-échange canadien, qui vise à faciliter les échanges commerciaux entre les
provinces.
Cependant, il reste des défis à relever pour
parvenir à une réconciliation complète entre le Québec et le Canada. Les
questions de compétence, de représentation politique et de langue suscitent
toujours des débats et des tensions. Certains groupes au Québec continuent de
plaider en faveur de l'indépendance, tandis que d'autres souhaitent renforcer
les liens avec le reste du Canada. L'avenir tangue du côté de la constitution
d'un fédéralisme nouveau, un fédéralisme multinational. Il faudrait bien qu'un
parti politique québécois s'en fasse le promoteur.
Le fédéralisme multinational
Le fédéralisme multinational est un concept
politique qui fait référence à un système de gouvernance dans lequel plusieurs
groupes ethniques, culturels, linguistiques ou religieux coexistent au sein d'un
même État fédéral. Contrairement au fédéralisme traditionnel, où les entités
fédérées sont généralement basées sur des divisions géographiques, le
fédéralisme multinational reconnaît et accorde une certaine autonomie politique
et culturelle aux différentes nations ou communautés au sein de l'État fédéral.
Ce qui sera parfait au Canada pour reconnaître à la fois les nations
autochtones, acadienne et québécoise.
Dans un système fédéral multinational, les différents
groupes ou les différentes nations ont souvent leur propre gouvernement, leur
propre parlement, leur propre système éducatif et/ou système judiciaire, leur
permettant de prendre des décisions politiques et de préserver leur identité
culturelle dans les domaines qui leur sont propres. Cependant, certaines compétences
et certains pouvoirs sont également dévolus au gouvernement fédéral afin d'assurer
l'unité et la cohésion de l'État dans des domaines tels que la défense, les
affaires étrangères et l'économie.
Le fédéralisme multinational peut être considéré
comme un moyen de gérer les tensions et les revendications de divers groupes au
sein d'un État, en cherchant à préserver la diversité culturelle et à
promouvoir la coopération entre ces groupes au sein d'un cadre politique
commun. Il vise à concilier les aspirations des différentes nations ou
communautés en leur accordant une certaine autonomie tout en maintenant l'intégrité
et la solidarité de l'État fédéral.
Le dialogue, seule voie
d'avenir...
La réconciliation entre le Québec et le Canada est
un processus continu qui nécessite un dialogue ouvert, une compréhension et des
efforts mutuels. Les opinions et les perspectives sur cette question peuvent
varier, et il est important de reconnaître et de respecter cette diversité tout
en cherchant à trouver des moyens de construire un avenir commun.
La seule voie possible pour reconnaître la diversité
de ce pays est de revoir la constitution dans le cadre de la mise en œuvre d'un
véritable fédéralisme.
La vraie question qui se pose en ce 1er juillet
2023 et qui mérite une réponse urgente est : À quand un véritable dialogue ?