Je suis à Ho Chi Minh, Vietnam. Une affaire de formation et d'échanges de bons procédés en gestion d'entreprise coopérative. Une belle affaire, quoi! Je vous en reparlerai...
Ho Chi Minh est une ville d'environ 9 millions de population. La population du Québec dans une ville!
Pour déambuler dans une ville dont les us et les coutumes sont bien établis et qu'ils ne correspondent pas à ce qu'on vit à la maison, il y a nécessité de reprogrammer ses façons de faire. Ses façons d'aborder les situations. Il faut accepter de changer ses repères.
Jamais je n'ai vu autant de petites motos. Ce qu'on appelle ici les mobylettes. Des Vespa, des Honda, des Kawa, tout y est. Tout le monde a sa petite moto, me semble-t-il. Impressionnant.
Mais ce n'est pas tout ce qui impressionne dans les déplacements en ville. La densité de la circulation, la presqu'absence de signalisation, peu de signalisation et peu de règles, j'allais dire. Mais à tort. Il y a des règles, mais non-écrites, je crois bien. Quand on a à faire le même chemin, à pied ou en taxi, jour après jour, on finit par comprendre que, derrière cet extraordinaire branle-bas de combat circulatoire, il y a une logique. Une façon de faire. Une façon d'agir.
D'abord, pas de place à l'hésitation! Si vous traversez la rue, vous foncez, sans trop regarder autour. Il ne faut rien craindre, tout ce beau monde trouvera la façon de vous éviter. Donc, hésiter peut être fatal. J'exagère. Mais pas tant!
Quand une moto sort d'une rue transversale, le conducteur va prendre sa place dans le trafic (dirait Francis Cabrel) en tournant à droite, par exemple, et en longeant plus ou moins le trottoir. Il ne regarde pas si quelqu'un s'en vient à gauche. Il sait qu'il y en a. Il y en a toujours. Alors il s'infiltre, plus ou moins élégamment, et le tour est joué. Il sait qu'il se fera faire le même tour à l'autre intersection.
Ça amène à un point bien important : le klaxon. Il ne sert pas à pogner les nerfs après quelqu'un. Il ne sert pas non plus à dire à quelqu'un qu'il doit s'enlever de notre chemin. Non, il sert à aviser que vous êtes là! Et croyez-moi, les Vietnamiens sont de grands aviseurs dans leurs rues! C'est comme ça pour tous les véhicules sur la route.
Faire un long trajet en autobus est un peu gossant : le conducteur va signifier sa présence à chaque intersection où il peut y avoir des piétons, il fera la même chose s'il se présente dans une courbe un peu prononcée. Il le fera même pour signifier à un groupe de moto de ne pas se tasser trop à gauche. Bref, il klaxonne tout le temps.
Les centaines de voitures se côtoient de façon hyper-serrée. Pourtant, à ma connaissance, ils ne s'accrochent pas.
Mais ce n'est pas ça le plus surprenant.
Le plus surprenant, c'est qu'il n'y a pas d'échanges d'insultes. Sur une distance de 1 km, vous pouvez vous faire couper 10 fois. Rien. Ils sont impassibles, parlent parfois au téléphone en conduisant la moto d'une main, bref, ils ne semblent pas s'énerver.
Je m'étais dit que je trouverais, à un moment donné, un cas de rage au volant. Bien non...
Des fois, je me dis qu'on a échappé quelque chose dans la gestion du quotidien de nos vies. Les cas de rage au volant sont nombreux, les coups de poing sur le volant aussi. Et on ne parle des doigts d'honneur qui pleuvent plus que lors d'une grande averse.
Je ne dis pas qu'ils sont meilleurs que nous. Je dis juste qu'on devrait revoir le concept de certaines de nos colères aussi instantanées qu'inutiles. Le trafic, c'est le trafic. Il suffit de l'assumer...
Clin d'oeil de la semaine
Dans ma ville, un coup de klaxon a de bonnes chances de signifier que quelqu'un me salue. Je me trouvais connu pas à peu près à Ho Chi Minh...