La question est de mise. Tout le reste de l'année, quand on
rencontre quelqu'un au hasard, on y va en deux temps. D'abord « Ça
va? », puis, « Ouin, ben, y fait beau! » (ou pas, c'est selon...)
L'été venu, après le « Ça va? », on enchaîne avec
« Pis, toi, les vacances? »
Pour que les vacances remplacent la température (qui vient
juste après, cela dit), il faut que le concept ait une importance certaine,
non? Disons-le ainsi, des vacances, ça se performe! Quelque part, dans les
centaines de milliers d'applications pour bidules électroniques, il doit y en
avoir une qui vient quantifier et encadrer la performance de la gestion de
notre temps et de nos envies pendant les vacances.
On a juste deux ou trois semaines, meublons les choses
correctement, non?
Ben oui, j'imagine!
Mais attention, quand les mailles du tricot qu'on se
fabrique avec le fil du temps sont trop serrées, on devient un candidat
potentiel à la déception. À la déception du temps perdu.
Parce qu'avec la notion de performance qu'on attache à notre
période de vacances, le tout jumelé au fait qu'on devra rendre des comptes de
nos activités à nos collègues et sur les médias sociaux, on peut perdre son
temps, même (ou surtout?) en vacances.
Mettons qu'il pleut dans le bloc de deux jours qu'on avait
planifié en baignade, bien voilà que nos repères sont amochés, semant au
passage une frustration susceptible de provoquer l'introduction des mots maudit et marde. Comme dans maudit été
de marde ou maudit Québec de marde ou
maudites vacances de marde si on est
un tantinet trop intense.
C'est étrange quand même de pousser la performance à ce
point dans une période destinée à guérir les plaies justement laissées par la
performance au boulot!
Mais nous sommes modernes et ainsi faits.
De mon côté, cette année, comme ce fut le cas pour les deux
dernières années, pas de plan précis. Pas de grand voyage, pas de calendrier
serré. On demeure aux aguets et on est prêts à décoller n'importe quand, ou,
encore, à rester à la maison, le cas échéant. Vous savez, cette maison sur
laquelle on investit tant pour qu'elle soit le fun une fois l'été venu? Mais
bon, on n'en est pas à une contradiction près!
Mais j'avoue tout de même un embryon de malaise quand je dis
qu'on n'a pas de plan déterminé pour les vacances. Les yeux deviennent parfois
interrogateurs. « Ah bon!?! » Puis, pour éviter le malaise, la
personne se dépêche de préciser : « Ben, nous autres, on va... »
Intéressant. Grand bien vous fasse!
Pour moi, une chose est incontournable, par exemple. Que je
sois ici ou ailleurs, je brise le lien avec le bureau. Complètement. Pas de
survol de boîte vocale, pas de survol des courriels. Même pas pour voir. Je
préfère préciser dans un message d'absence que je n'aurai accès ni à ma boîte
vocale ni à mes courriels. Cela peut sembler une évidence, mais nombreuses sont
les personnes qui consultent le bureau en temps presque réel, profitant d'une
pause pipi à la plage pour sauver les apparences.
Les vacances, pour moi, c'est un décrochage en règle. C'est
mon but, en tous les cas. Et peut-être qu'au fond, pour y arriver, il faut se
fixer des standards de performance, qui sait? Ne dit-on pas qu'on combat le feu
avec le feu?
Allez, bon été!
Clin d'œil de la semaine
Objectif moderne de la période de vacances : cumuler
assez de statuts pour convaincre nos amis Facebook que, nous, on sait profiter
des vacances!