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Un constat d’échec

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Photo : (fournie)
Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 15 mai 2024

Que l'on regarde la situation d'un angle ou d'un autre, nous ne pouvons que constater l'échec politique de la mairesse Évelyne Beaudin et de son parti Sherbrooke citoyen dans le cadre de son mandat obtenu en 2021.

Tout ce qu'a entrepris la mairesse Beaudin et son parti s'est soldé par des résultats mitigés, avec peu ou pas de résultats. Pire encore, choisir d'annoncer son départ 18 mois avant la fin de son mandat est une erreur stratégique impardonnable. La recette parfaite pour perdre toute autorité et toute crédibilité. Tout ça risque de s'appesantir d'ici à la prochaine élection. Quelques réflexions sur l'avenir de Sherbrooke.

Trop tôt pour faire un bilan, vraiment ?

Je suis franchement en désaccord avec le chroniqueur Michaël Bergeron sur le fait qu'il est trop tôt pour tirer un bilan de l'expérience Beaudin pour la Ville de Sherbrooke. Plus tôt nous serons en mesure de comprendre les raisons de son échec, mieux nous nous porterons pour l'avenir. Au cœur de l'échec d'Évelyne Beaudin, il y a cette idée saugrenue, quant à moi, qu'un conseil municipal est un gouvernement de proximité plutôt qu'une administration. Cela cause un certain embrouillamini.

Par exemple, dans le débat sur la taxe piscine, on peut lire des commentaires affirmant que c'est une mesure sociale afin d'épargner les locataires eu égard aux propriétaires. On sait que les hausses de taxes foncières se répercutent dans les hausses de loyer. Taxer les piscines serait donc une façon de protéger les locataires. Or, est-ce le rôle d'une Ville de se préoccuper de l'équité entre riches et pauvres sur son territoire ? Pour ma part, je suis d'avis que ce n'est pas dans le mandat d'une ville de venir chercher à réduire les inégalités économiques entre ses citoyennes et ses citoyens par des mesures spécifiques autres que de créer les conditions pour que l'économie croisse et que ses retombées puissent ainsi réduire les inégalités économiques sur son territoire. L'un des premiers accusés sur le banc de l'échec d'Évelyne Beaudin et de Sherbrooke citoyen est cette fausse conception du rôle d'une Ville. Pour réduire les inégalités entre citoyennes et citoyens, nous avons le gouvernement du Québec qui a ce mandat, pas l'administration municipale.

Les partis politiques municipaux

La politique municipale est le reflet de la démocratie locale, où les partis politiques jouent un rôle crucial dans la représentation des intérêts des citoyennes et des citoyens. Par le passé, j'ai souvent défendu l'idée de la présence de partis politiques municipaux à Sherbrooke. Aujourd'hui, mon opinion a changé à la lumière des échecs tant du Renouveau sherbrookois, qui s'est dissous après sa défaite, que de Sherbrooke citoyen.

À Sherbrooke, une ville autrefois dynamique du Québec, les partis politiques municipaux ont eu des succès mitigés au cours des 12 dernières années. Sous Sévigny, le Renouveau sherbrookois s'en est mieux tiré que Sherbrooke citoyen. Mais, la défaite cuisante que ce parti a eue a mené à sa dissolution et au départ de l'une de ses candidates élues rescapées, madame Danielle Berthold.

L'échec des partis politiques municipaux à Sherbrooke peut être attribué à plusieurs facteurs. D'abord, par la structure démographique de la ville qui est composée de 25 % d'étudiantes et d'étudiants postsecondaires. Cela crée un réservoir de militantes et de militants importants et une force de mobilisation essentielle pour des partis plus à gauche. La gauche n'est pas un problème en soi, mais souventesfois les propositions qui en résultent sont totalement déconnectées de la volonté des populations représentées. Devant l'apathie atavique des citoyennes et des citoyens pour la politique municipale, cela permet l'élection d'une mairesse avec à peine 20 000 votes, 22 177 pour être précis, 20 % de la population habilitée à voter. Dans un tel contexte, il n'est pas étonnant de voir la polarisation politique présente au conseil municipal et dans la population. Cela crée une fragmentation croissante du paysage politique qui fait obstacle à la collaboration et à la prise de décisions concertée au sein du conseil municipal. Cette fragmentation entraîne souvent des impasses politiques et nuit à la capacité d'un parti politique à travailler de concert avec les indépendants pour le bien commun. Par des positions souvent jugées radicales, Sherbrooke citoyen semble parfois déconnecté des réalités quotidiennes des Sherbrookoises et des Sherbrookois, ce qui alimente le sentiment de méfiance et d'insatisfaction à son égard.

En outre, l'attitude « hors de moi, point de salut » de Sherbrooke citoyen et de ses intransigeances sur des politiques nécessaires, mais mal vendues comme le plan nature sapent la confiance du public dans ce parti et viennent ternir l'image de la politique locale, donnant la fausse impression que c'est un capharnaüm. Ces incidents ont mis en lumière la nécessité d'une plus grande transparence et de plus de responsabilités de la part des partis politiques municipaux pour regagner la confiance de la population.

La présence de partis politiques municipaux - des machines à sortir le vote plutôt que de véritables organisations politiques - à Sherbrooke a des implications profondes pour la gouvernance locale et la démocratie participative. Il est impératif que lors de la prochaine élection, la population rejette la formule des partis politiques pour Sherbrooke. Il faut plutôt favoriser une gouvernance qui se recentre sur les besoins réels des citoyennes et des citoyens et faire de la collaboration et du dialogue entre les élus les éléments essentiels de la relance de Sherbrooke. L'échec des partis politiques municipaux à Sherbrooke est un rappel de la fragilité de la démocratie locale et de la nécessité d'une gouvernance transparente, inclusive et responsable. Les défis actuels appellent à une réflexion profonde sur les pratiques politiques et à des actions concrètes pour revitaliser la vie politique locale et renforcer la confiance de la population envers leurs représentants élus.

Évelyne Beaudin, le constat

La récente démission d'Évelyne Beaudin de son rôle de mairesse de Sherbrooke a suscité un vif débat au sein de la communauté locale. Une décision annoncée à un moment inopportun qui vient affaiblir davantage sa mauvaise gouvernance. Contrairement à ce qu'a déclaré un expert, ce n'est pas une décision stratégique, mais une erreur majeure, comme pour bien d'autres de ses décisions.

Cette décision inattendue a fait écho dans les milieux politiques ainsi que parmi la population de Sherbrooke, soulevant des questions sur les raisons qui ont conduit à cette démission et sur son impact potentiel sur la Ville et ses habitants. Évelyne Beaudin a été élue mairesse de Sherbrooke avec un mandat clair de servir sa communauté et de promouvoir le développement de la ville. Son départ prématuré a pris beaucoup de gens par surprise et a créé une incertitude quant à l'avenir de la gouvernance locale. Les raisons exactes de sa démission n'ont pas été entièrement divulguées, laissant place à des spéculations et à des interprétations variées. Sans compter que la course à la succession donne lieu à de curieuses déclarations. Ainsi, la députée de Sherbrooke de Québec solidaire, Christine Labrie pourrait ne pas finir son mandat pour des raisons de santé, mais elle pourrait être candidate à la mairie. Chercher l'erreur, devenir mairesse permet-il de recouvrer la santé ?

La démission d'Évelyne Beaudin est une bonne nouvelle à moyen terme pour Sherbrooke, mais elle est problématique pour les 18 derniers mois de son mandat actuel pour notre Ville. Le seul angle positif, c'est que cela crée un contexte où le vote des indépendants aura plus de mordant et nous risquons moins de voir des solutions radicales de gauche passer la rampe du conseil municipal.

L'impact de la démission d'Évelyne Beaudin sur la Ville de Sherbrooke reste à voir. La course à la succession à la chefferie de Sherbrooke citoyen n'est d'aucun intérêt pour la population de Sherbrooke. Que ce soit Pierre-Luc Dussault, Raïs Kibonge, Laure Letarte-Lavoie ou encore Christine Labrie, cela ne devrait rien changer à la volonté des Sherbrookois de faire table rase des partis politiques dans notre ville, pour un temps du moins.

Nous le savons. Faire de la politique en 2024 n'est pas une tâche facile. Les maires, les mairesses et les élus locaux sont confrontés à des attentes élevées de la part de leur électorat, tout en jonglant avec des enjeux politiques, sociaux et économiques souvent délicats. Leur capacité à gérer ces pressions et à prendre des décisions difficiles peut déterminer leur succès ou leur échec en tant que leaders communautaires. On ne peut souhaiter qu'une nouvelle génération de politiciens locaux se lève afin de gérer une ville non pas comme un gouvernement, mais comme une administration locale. Une gouvernance solide, transparente et axée sur le bien-être des résidentes et des résidents. Alors que la Ville de Sherbrooke a plus que jamais besoin de se tourner vers l'avenir, il appartient à ses dirigeants et à sa communauté de travailler ensemble pour assurer sa croissance et sa prospérité à long terme. La démission d'Évelyne Beaudin en tant que mairesse de Sherbrooke marque la fin d'un chapitre et le début d'un nouveau. Ce que nous pouvons en conclure, c'est qu'Évelyne Beaudin doit accepter le fait que son passage à la mairie se termine sur un constat d'échec...


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