Société Arts & culture Sports Chroniqueurs Concours Annonces Classées

  CHRONIQUEURS / L'Agora

Un budget honnête et pragmatique…

 Imprimer   Envoyer 
Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 31 mars 2021

Jeudi dernier, le ministre des Finances du Québec, Éric Girard, a déposé le budget du gouvernement du Québec à l'Assemblée nationale. Le charisme du ministre n'est pas ce qui fonde notre intérêt pour cet exercice, je le confesse.

Un discours du budget intéressant qui nous permet de constater l'ampleur des dégâts financiers qu'a causés la crise de la pandémie actuelle sur les équilibres financiers du Québec. Le budget présenté est orienté vers la relance économique, le soutien au réseau de la santé avant de remettre à l'ordre du jour la question du déficit. À la même époque l'année dernière, le même ministre avait présenté un autre budget au ton empreint de plus de satisfaction. Néanmoins même si l'exercice de cette année se prête à plus de retenue, le ministre Girard n'a pas manqué de rappeler que l'économie québécoise a mieux fait en temps de pandémie que l'économie canadienne particulièrement celle de l'Ontario. Réflexions libres autour d'un budget qui est le fait d'un gouvernement responsable et à l'écoute de la population.

Le budget, un exercice politique

livre budgetD'entrée de jeu, il faut rappeler que de tous les gestes d'un gouvernement, le dépôt d'un budget constitue un acte suprême de volonté politique. Au-delà des discours, c'est les choix budgétaires d'un gouvernement qui trahissent le plus ses véritables intentions politiques. Il y a plusieurs années Gilles Bourque et Jules Duchastel, ont analysé et revisité le régime de Maurice Duplessis et la période de l'après Deuxième Guerre mondiale au moyen d'une étude des discours du budget. Je ne m'attarderai pas sur cette période particulière, mais retenez que les arguments du livre de Bourque et Duchastel sont convaincants et permettent de voir que les discours du budget sont un moment où l'on ne peut voir par la lecture minutieuse du discours politique de l'époque la traduction de la hiérarchisation des intérêts économiques et politiques incarnés par le Gouvernement et les conditions politico-idéologiques de l'exercice du pouvoir. Ce qui permet aux auteurs de venir interroger un discours prégnant de l'époque décrivant le régime de Duplessis comme un régime de noirceur. Ce n'est pas ce que révèle l'analyse des auteurs sur ce régime politique qui apparaît plutôt comme un conservatisme libéral de bon teint. Restons traditionnels et soyons progressifs en concluent les auteurs. (Gilles Bourque et Jules Duchastel, Restons traditionnels et progressifs. Pour une analyse du discours politique. Le cas du régime Duplessis au Québec, Montréal, Boréal, 1988, 399 pages.)

En ce sens, un examen attentif du dernier budget du gouvernement Legault confirme l'aspect pragmatique de son gouvernement qui se tient loin des dogmes et des idéologies politiques en refusant par exemple de faire sien le discours contre les déficits même s'il s'en préoccupe. Il est clair que l'on veut se tenir loin de propos qui ferait de ce gouvernement un apôtre de l'austérité budgétaire qui a fait si mal à l'image du gouvernement libéral précédent de Philippe Couillard. Le ministre Girard a présenté un budget sobre qui ne craint pas la dépense pour accompagner à la fois le système de santé durement éprouvé par la pandémie et veut venir à la rescousse de la culture, du tourisme et plus globalement du social.

Déficit et PIB

livre budget Vous l'avez sûrement lu autre part. Ce budget est résolument un budget d'expansion. Un budget qui totalise 134,9 milliards de dollars pour des revenus de 122,6 milliards de dollars, ce qui laisse un déficit anticipé, sur la base d'un taux de croissance de l'économie de 4 %, un déficit de 12,3 milliards de dollars. Avant la pandémie, nous avions des surplus, après nous avons un déficit structurel à combler. Triste renversement de situation. Sur la base du ratio dette PIB, cela est encore gérable avec un pourcentage pour 2020-2021 de 53,5 %, ce qui est beaucoup moins que le ratio de 58,4 % atteint en 2014-2015 avant les grandes manœuvres d'austérité de l'ancien ministre libéral Carlos Leitão, selon les prévisions du ministre, qui sous-estime peut-être volontairement le taux de croissance de l'économie. On devrait revenir à un taux plus près de la situation d'avant-pandémie soit de 51 % en 2025-2026.

Le ministre se garde bien de nous révéler comment il entend s'y prendre pour effacer ce nouveau déficit structurel laissant nos imaginations libres de penser ce que nous voulons de la possibilité d'une plus forte croissance économique ou de la possibilité de voir le gouvernement du Canada de transférer des sommes importantes en matière de financement du système de santé. On voit encore poindre un vieux débat du fédéralisme canadien, le déséquilibre fiscal. Par ailleurs, les prévisions anticipées de l'évolution des phénomènes macro-économiques et sociétaux pour le Québec ne permettent pas d'envisager l'avenir avec optimisme. La pénurie de la main-d'œuvre, le vieillissement de la population, le coût des médicaments et les innovations technologiques de l'appareillage médical, entre autres, vont entraver la croissance économique et favoriser l'accroissement des coûts du système de santé. On n'est pas sorti de l'auberge...

Où va notre dollar de taxe ?

Les gouvernements taxent les citoyens pour leur offrir un panier de service. Une saine taxation établit le montant perçu en taxes et en impôt aux services rendus que nous jugeons essentiels. C'est généralement là-dessus que les partis politiques se combattent sur leurs valeurs respectives entre ce qui est jugé essentiel, utile ou accessoire aux citoyennes et aux citoyens. Les dépenses sont consacrées aux missions suivantes : 51,3 milliards de dollars pour la santé et services sociaux soit 38 % du budget, 28,2 milliards de dollars pour l'éducation et la culture soit 21 % du budget. À eux seuls, la santé et l'éducation représentent donc 59 % du budget de l'État québécois. Le reste des dépenses sont consacrées à l'économie et l'environnement avec 18 milliards de dollars pour un pourcentage de 13 % alors que le soutien aux familles et aux personnes entraîne des dépenses de 11,6 milliards de dollars soit 8,5 % des dépenses de l'État. La justice et la gouverne totalisent 12,1 milliards de dollars pour 8,9 % des dépenses alors que les autres dépenses non classifiées représentent 13,7 milliards de dollars pour 10 % de toutes les dépenses.

Le gouvernement fait-il les bonnes choses avec notre argent ?

On conviendra que ce budget ne donne pas dans la frivolité si l'on se base sur les postes de dépenses. C'est certain qu'on retrouvera dans les médias un groupe ou un autre défendant une cause juste et essentielle se plaindre que l'effort du gouvernement n'est pas suffisant comme le dossier des centres pour accueillir les femmes victimes violence conjugale ou encore les organismes qui accueillent des hommes violents. C'est certain que nous serons d'accord qu'il faut faire plus. Je suis convaincu que le gouvernement du Québec fera le nécessaire dans ce dossier. On parle ici de vie ou de mort.

Le monde des entreprises pourra se demander si le gouvernement en fait assez pour aider les entreprises à affronter la pénurie de la main-d'œuvre et si on les aide suffisamment pour les aider à exporter. Les groupes écologistes argumenteront sur les efforts insuffisants pour faire émerger une économie verte. Les municipalités et villes trouveront comme la mairesse Valérie Plante que Montréal ne trouve pas son compte. Et tutti quanti...

Les besoins sont infinis dans notre société, mais les ressources sont limitées. Le gouvernement de François Legault a fait ses choix en fonction de son identité propre, une autre formation au pouvoir ferait des choix différents. Ce qui explique que les oppositions ont beaucoup à redire sur le budget. Ce qui est dans l'ordre des choses. Dans les faits cependant, je suis d'avis que ce budget est un bon budget dans les circonstances actuelles. La situation du Québec est moins catastrophique que l'on aurait pu le penser. Les choix difficiles sont reportés. Tant mieux, il y aura de la matière pour la prochaine campagne électorale pour des débats de fond. On doit s'en réjouir. En attendant, saluons ce budget du gouvernement Legault. Un budget honnête et pragmatique...

  

 


  A LIRE AUSSI ...

Trump joue, gagne et pige une carte sortie de prison…

Mercredi le 13 novembre 2024
Trump joue, gagne et pige une carte sortie de prison…
La démocratie en dérive…

Mercredi le 30 octobre 2024
La démocratie en dérive…
Prendre parti…

Mercredi le 6 novembre 2024
Prendre parti…
NOS RECOMMANDATIONS
Quoi faire ce weekend en Estrie

Jeudi le 14 novembre 2024
Quoi faire ce weekend en Estrie
Mise en application de la taxe sur l’immatriculation à Sherbrooke

Lundi le 18 novembre 2024
Mise en application de la taxe sur l’immatriculation à Sherbrooke
Sherweb récompensé pour son don record de 1,5 M $ à l'UdeS

Jeudi le 14 novembre 2024
Sherweb récompensé pour son don record de 1,5 M $ à l'UdeS
PLUS... | CONSULTEZ LA SECTION COMPLÈTE...

 
Daniel Nadeau
Mercredi, 20 novembre 2024
Les maudits gars

François Fouquet
Lundi, 18 novembre 2024
Les pépites d’espoir

Chat GPT, Le sommelier du journal Estrieplus
Vendredi, 15 novembre 2024
Le Cigare Volant Bonny Doon Central Coast 2022

inscription infolettre 600
Les portes ouvertes du Centre 24-Juin à Sherbrooke approchent à grands pas Par Martin Bossé Mardi, 19 novembre 2024
Les portes ouvertes du Centre 24-Juin à Sherbrooke approchent à grands pas
Arrestation sur la rue Bowen Sud à Sherbrooke : drogue et matériel saisis Par Martin Bossé Mercredi, 20 novembre 2024
Arrestation sur la rue Bowen Sud à Sherbrooke : drogue et matériel saisis
Quoi faire ce weekend en Estrie Par Catherine Blanchette Jeudi, 14 novembre 2024
Quoi faire ce weekend en Estrie
ACHETEZ EstriePlus.com
bannières | concours | répertoire web | publireportage | texte de référencement | site web | vidéos | chroniqueur vedette
2024 © EstriePlus.com, tous droits réservés | Contactez-nous