Incroyable, les bêtises que l'on trouve sur les réseaux
sociaux de nos jours. Ce n'est pas pour rien qu'on les baptise souvent d'égouts
sociaux. Je peux vous en donner des centaines d'exemples, mais la dernière
représente bien le mal de notre siècle. Je cite à témoin la publication sur
Twitter/X et Instagram d'une photographie de notre premier ministre Justin
Trudeau avec son fils, Xavier James Trudeau. « On est
dans l'équipe Barbie », a-t-il écrit sur Twitter/X et Instagram en publiant une
photo de lui et de son fils aîné, Xavier James Trudeau, vêtus d'un coton ouaté
rose et d'un tee-shirt mauve. Il n'en fallait pas plus pour déclencher une
avalanche de commentaires disgracieux, homophobes et haineux à l'endroit de
Justin Trudeau. Cette banale photo d'un père et son fils était devenue le
symbole du coming-out de Justin Trudeau au lendemain de l'annonce de sa
séparation avec sa conjointe, Sophie Grégoire. Cela mène à une réflexion sur la
bêtise que l'on retrouve dans nos vies bardées de certitudes et de préjugés.
Discutons de ce sujet ce matin si vous le voulez bien : les bêtises des
lieux communs et des fausses certitudes. La pratique de l'écriture sous forme
de chronique se prête bien à ce jeu.
La chronique,
pour vaincre l'abatardisation des esprits
Si nous en
croyons la professeure de littérature de l'Université de Montpellier, Marie-Ève
Thérenty dans son ouvrage intitulé : La littérature
au quotidien. Poétiques journalistiques au XIXe siècle, paru à Paris aux Éditions du Seuil en 2007,
la chronique, cette forme particulière d'écriture journalistique a été
pratiquée la première fois par à Paris par Delphine de Girardin.
Cette dernière étend plus largement ses domaines de compétence et élit les
thèmes de prédilection de la chronique. La chronique constitue selon
Thérenty : « un lieu spectaculaire d'évaluation des discours et des lieux
producteurs de ces discours : salons, assemblées, clubs, Chambre des
députés, Académie française et mêmes lieux de prédication. » (Marie-Ève
Thérenty La littérature au quotidien. Poétiques
journalistiques au XIXe siècle, Paris,
Éd. Le Seuil, coll. Poétique, 2007, 408 p.)
La règle générale pour un
chroniqueur c'est de s'efforcer de tuer les lieux communs, de faire réfléchir sur
nos certitudes, de revisiter nos préjugés, d'apporter des faits qui peuvent
nourrir la réflexion afin de nous délivrer des lieux communs qui ne sont en
fait qu'une plate et vulgaire niaiserie exactement contraire à la vérité, et
que tout le monde répète, parce que tout le monde l'a entendu répéter par tout
le monde.
Lieux communs,
un peu de chair autour de l'os
Les lieux
communs sont la nourriture essentielle de la bêtise de la vie ordinaire. « Lieux
communs » est une expression utilisée pour désigner des idées, des opinions ou
des expressions qui sont largement répandues et souvent utilisées de manière
clichée ou stéréotypée. Ces idées sont souvent considérées comme étant peu
originales et peu profondes, car elles ne reflètent pas une réflexion
approfondie ou une compréhension nuancée d'une situation donnée. L'exemple de
la publication sur les réseaux sociaux de Justin Trudeau correspond
parfaitement à un lieu commun comme celui de discourir sur une situation
(séparation du couple Trudeau-Grégoire) sans en connaître les tenants et les
aboutissants, mais surtout faire preuve de préjugés crasses homophobes. C'est
ici qu'intervient la bêtise. La « bêtise humaine » fait référence aux actions,
aux comportements ou aux décisions qui semblent manquer de bon sens, de
rationalité ou d'intelligence. C'est une notion subjective qui peut varier en
fonction des normes culturelles, des connaissances individuelles et des
contextes spécifiques. La bêtise humaine peut être le résultat de l'ignorance,
de l'obstination, de la négligence ou d'autres facteurs.
Les lieux communs et la bêtise humaine sont souvent
liés, car les idées clichées ou stéréotypées peuvent contribuer à des actions
ou des décisions bêtes. Par exemple, croire aveuglément en des idées préconçues
sans faire preuve de pensée critique ou de remise en question peut conduire à
des comportements irrationnels ou illogiques.
Cependant, il est important de noter que tout le
monde peut tomber dans des lieux communs ou faire preuve de bêtise à un moment
ou à un autre, car nous sommes tous sujets à nos propres limites de
compréhension, à nos préjugés inconscients et à nos erreurs de jugement. Il est
également important d'éviter de juger trop rapidement les autres comme étant « bêtes »
en fonction d'actions isolées, car chacun a ses raisons et ses expériences qui
influencent ses décisions.
La clé pour éviter les lieux communs et la bêtise
humaine réside dans la réflexion critique, l'ouverture d'esprit, l'éducation
continue et la capacité à remettre en question ses propres croyances et ses
propres comportements.
Un programme pour combattre la bêtise humaine
On pourrait écrire un livre sur
cette question. Voici le plan de ce livre que j'intitulerais ainsi, Bravant les lieux communs : une chronique pour
éradiquer la bêtise. Voici les chapitres que j'y écrirais :
Chapitre 1 : Les pièges de la pensée conformiste. Dans
ce premier chapitre, nous plongeons dans l'univers des lieux communs, ces
clichés et ces idées toutes faites qui entravent la pensée créative et
critique. Nous explorons comment la bêtise peut résulter de la répétition
aveugle de ces idées, et nous offrons des techniques pour les repérer et les
remettre en question.
Chapitre 2 : L'art de la pensée critique. La clé pour
vaincre la bêtise réside dans la pensée critique. Ce chapitre décortique les
bases de la pensée critique et fournit des outils pour analyser les arguments,
identifier les fausses informations et développer un esprit curieux et
inquisiteur.
Chapitre 3 : Déconstruire les mythes modernes. Les
lieux communs ne se limitent pas au langage quotidien ; ils se cachent
également dans des croyances culturelles profondes. Ce chapitre se penche sur
certains mythes modernes qui persistent, tel que « l'argent fait le bonheur »
ou « la réussite nécessite le sacrifice », en les confrontant à des données et
des perspectives contraires.
Chapitre 4 : L'éducation contre l'ignorance. Pour
vaincre la bêtise, il faut investir dans l'éducation. Ce chapitre explore
comment une éducation solide peut encourager la pensée indépendante, la remise
en question et l'ouverture d'esprit, tout en mettant en lumière les dangers de
l'ignorance et de la désinformation.
Chapitre 5 : Cultiver la créativité et l'innovation. La
bêtise se nourrit souvent de la peur du changement et du conformisme. Ce
chapitre met en avant l'importance de la créativité et de l'innovation pour
défier les conventions, repousser les limites et créer de nouvelles
perspectives.
Chapitre 6 : Dialogues constructifs et empathie. Les
discussions superficielles et les débats stériles ne font qu'alimenter la
bêtise. Ce chapitre explore comment engager des dialogues constructifs, basés
sur l'empathie et l'écoute active, pour favoriser la compréhension mutuelle et
la remise en question saine.
Chapitre 7 : Médias et pensée critique. Dans un monde
inondé d'informations, la capacité de discerner la vérité de la fiction devient
essentielle. Ce chapitre examine comment développer des compétences en matière
de pensée critique pour analyser les médias, reconnaître les biais et prendre
des décisions éclairées.
Chapitre 8 : Agir localement, penser globalement.
Vaincre la bêtise ne se limite pas à un effort individuel, mais implique
également un changement collectif. Ce chapitre explore comment agir localement
dans nos communautés pour promouvoir l'éducation, la tolérance et la pensée
critique, contribuant ainsi à un changement global.
Bien sûr, je n'écrirai pas ce livre même si la bêtise est omniprésente
surtout sur les réseaux sociaux. Néanmoins, j'espère vous avoir convaincu
chères lectrices et chers lecteurs, qu'au moyen de l'éducation, la pensée
critique et la remise en question constante, nous pouvons combattre les lieux
communs. Cette chronique se termine en rappelant que la lutte contre la bêtise
est un processus continu, nécessitant engagement et détermination, mais
apportant des récompenses inestimables pour notre société et notre propre
développement intellectuel. J'essaie chaque semaine ici de faire ma juste part
et celles et ceux qui me lisent contribuent à combattre la tyrannie de la
bêtise humaine...