C'était
il y a plusieurs années. À l'époque de la radio AM qui diffusait ses
informations, ses émissions de variétés et sa musique dans les foyers. L'époque
où il y avait presque toujours quelqu'un à la maison. Presque toujours la
maman, je dirais.
Le
slogan d'une de ces radios : « tout le monde le fait, fais-le donc...
écoute CHLT 63! »
D'abord,
parenthèse sur l'époque
Avant
même que le mot convergence ne soit popularisé par le modèle d'affaires de
Québécor/TVA/Videotron, il y avait une puissante convergence au centre-ville de
Sherbrooke!
Les
locaux de La Tribune, coin Dufferin/Frontenac, à un jet de pierre du
centre-ville et, donc, de la plupart de ses clients-annonceurs, abritaient
aussi la télé et la radio de Sherbrooke. Le tout appartenait à une seule
personne. Un monopole de l'information qui soulèverait un tollé aujourd'hui.
Avec
raison, ajouterais-je...
Pour la
petite histoire, les lettres d'appel des stations CHLT radio et CHLT-TV (Télé
7) ne se terminent par LT par hasard : elles soulignaient le lien d'appartenance
à La Tribune. Les deux dernières lettres de l'appellation de la station
anglophone du groupe, CKTS 90, signifiaient, en anglais : Tribune
Sherbrooke
Fin
de la parenthèse
Tout le
monde le fait, fais-le donc!
Dans les
slogans, il y a toujours ce que les mots disent et ce qu'ils veulent dire.
J'ai
toujours été écorché par le non-sens de la phrase au premier degré. Si tout le
monde le fait déjà, le slogan s'adresse à qui, alors?
Ça,
c'est pour le premier degré.
Quand il
est question de ce que veulent dire les mots du slogan, ça m'horripile encore
plus : l'idée que le simple fait que la majorité des gens fasse quelque
chose devienne, en soi, une raison suffisante pour que je le fasse ne me plaît
pas.
C'était
une autre époque. Les moyens de communication se développaient rapidement pour
le temps, mais lentement si on compare à ce qui se passe maintenant.
Les
médias actuels se redéfinissent tant bien que mal, grafignant des gens et des
habitudes dans le processus.
Les
médias sociaux sont des créateurs de mouvements subis et parfois terriblement
attractifs. D'ailleurs, avec une apparente absence d'humilité, des gens gagnent
leur vie en s'autoproclamant « influenceurs ».
En moins
de temps qu'il ne faut pour le réaliser, voilà que des gens suivent ces gens et
semblent boire leurs paroles comme s'il s'agissait d'un nectar de vérité
apaisant.
Ces gens
ont-ils seulement un minimum de crédibilité? « Sais pas ». Ou
pire : « ben là, au nombre de "followers" qu'il ou elle a,
ça doit être crédible! »
"Followers"
me ramène toujours à la connotation négative de notre « suiveux » au
Québec.
Tout
le monde le fait...
Cette
chronique ne dit pas que tout était mieux avant. Cette chronique ne démonise
pas ce qui se fait aujourd'hui en se réfugiant dans une grande bouffée de
nostalgie pour un passé apparemment si simple...
D'ailleurs,
si le passé a l'air plus simple, c'est juste parce qu'on connaît tout l'épisode
avec le recul. Le présent se construit, ce qui le rend nécessairement plus
compliqué.
Mais
cette chronique souligne à grands traits la nécessité d'enseigner, de la maison
à l'école, les bases de la pensée critique. D'enseigner le réflexe de prendre
un temps de recul avant de suivre presque aveuglément, au nom du « tout le
monde le fait », une idée ou un concept. D'enseigner que le fait que tu
fasses partie de milliers de « followers » ne fait pas de toi
quelqu'un de supérieur aux autres.
Au fond,
c'est tout aussi simple que compliqué. Ça tient de l'apprentissage à
l'argumentaire.
Mais
voilà, argumenter n'est pas de mise sur des réseaux qui privilégient les
réponses en quelques caractères ou pire, en quelques émoticônes.
Un
exemple? Cette chronique est bien trop longue pour être de son temps!
Clin d'œil
de la semaine
Un bon
test à faire à la maison : on réunit notre monde et on pose la question
suivante : le Mondial de soccer au Qatar. Pour ou contre? Mais surtout,
pourquoi?
La réponse risque
d'être plus nuancée qu'on le croirait au départ.