La
nostalgie vend bien. C'est connu. J'ai rarement vu autant d'albums ou de
spectacles hommage que maintenant. Des hommages revisités, parfois. Des
hommages calqués sur la réalité du temps, l'objectif étant de reproduire une atmosphère,
une sensation.
Et je
peux comprendre. Quand on a vu un show rock, trente ans auparavant, il est bien
possible qu'on souhaite revivre l'expérience comme on ouvre un album de photos
pour se téléporter à une autre époque. Pour les shows rock, il se peut aussi
qu'on veuille seulement voir, un peu plus à jeun, ce que ça donnait vraiment...
Mais ça, c'est autre chose!
La
nostalgie vend bien, donc.
Dernièrement,
Radio-Canada annonçait qu'une série dramatique allait être produite et mise en
ondes. Une version revue et corrigée de Les Belles
histoires des pays d'en haut.
Sitôt
annoncée, la nouvelle a créé deux clans. Ou trois. Les pour qui avouent regarder encore (et j'en suis...), la célèbre série
tournée avec les moyens du temps au tout début de la télé couleur. Il y a les contre. Ceux qui prétendent que
« c'est ben nous autres, ça, les Québécois, toujours en train de regarder
derrière avec nos vieilles affaires.» Et il y a les autres, ceux qui sont indifférents ou qui ne savaient pas encore
que Radio-Canada avait annoncé la chose.
J'avoue,
je suis amateur de romans historiques. Ceux qui décrivent le quotidien des gens
de différentes époques. C'est en fin de soirée que ma période de prédilection
de lecture survient, beau temps, mauvais temps. Et je ressens nécessairement un
réconfort à renouer avec les personnages de ces sagas.
Pourtant,
je ne suis pas de ceux qui croient que tout était mieux hier.
Quand on
voit les magouilles politiques du temps, on se rend compte rapidement que seuls
les instruments ont changé. Les manières sont pas mal les mêmes. Disons que le
scrupule n'était pas à toujours à l'agenda dans les différentes époques. Le
scrupule est plutôt absent ces années-ci aussi.
Quand
j'y pense, ce sont les valeurs que je cherche. Celles qui semblent se dissoudre
dans la performance de notre quotidien, dans la rapidité des actions et des
communications.
Ces
valeurs qui ont bâti ce que nous sommes et auxquelles il faut savoir se
raccrocher. Une valeur, c'est le savoir-être d'une nation. Et ce savoir-être
est capable de s'adapter aux époques, aux technologies et autres éléments qui
sont identifiés à l'évolution.
Un
exemple des valeurs exprimées dans ces romans, loin d'être une télé-réalité, la
solidarité, à l'époque, était un outil de survie. Elle l'est encore, mais on le
voit moins, bien ancrés dans nos cocons douillets, sûrs d'être complètement
autonomes tant et aussi longtemps que les logos des pharmacies, des cliniques
médicales, des stations d'essence et des épiceries illuminent nos vies.
Ça me
fait du bien de retrouver ces valeurs dans un espace romancé où le temps prend
son temps et que les jours passent, des fois durement, des fois doucement, mais
à vitesse humaine.
Ça me
fait du bien. Et ça me secoue parfois. Surtout quand je constate qu'à force de
ridiculiser ce qui était autrefois (aujourd'hui, tout est tellement mieux), on
a fini par oublier la base de cette vie-là. Les valeurs qui animaient cette
vie.
Les
valeurs qu'on oublie, faute de temps pour y penser.
Clin
d'œil de la semaine
Un Malien me disait, un
jour : « Vous avez l'heure. Nous, on a le temps ».