Vivre en société comporte sa large part de difficultés. Cette chronique en a présenté plusieurs, sans prétention scientifique, mais basées sur des constats, je dirais, citoyens.
La crise du Coronavirus met en lumière des particularités troublantes. Et quotidiennes.
Je m'intéresse ici aux médias sociaux.
Ils font partie de la vie. Mais ils ne sont pas la vie!
Des millions de personnes consultent les Facebook, Instagram et autres dans la première heure suivant leur nuit de sommeil. J'en suis. Ce coup d'œil fait partie de ma quête d'informations du matin.
Comme si on espérait que plein de trucs de grand intérêt(!) soient survenus pendant notre nuit de sommeil!
Le fonctionnement giratoire de ces médias est pensé pour créer une accoutumance qui fait du bien. Au-delà des algorithmes qui nous proposent un cercle de personnes qu'on consulte souvent, on peut choisir qui on suit. Presque comme un réflexe, on en vient à choisir de lire et entendre ce qu'on souhaite. L'effet giratoire est enclenché. Comme une laveuse à « spin » qui accélère, laissant partir l'eau qu'on ne souhaite plus avoir autour. Jusqu'à la dernière goutte. La laveuse finit par tourner tellement vite qu'on finit aussi par croire que ce qui reste, c'est la vérité et la vie, comme le disait un auteur célèbre (!).
Par souci d'épuration, on éjecte toutes celles et ceux qui ne pensent pas comme nous. À un moment donné, notre mur de statuts ne contient que des choses qui nous confortent dans ce qu'on pense.
Et nous rend totalement intolérants aux ignares qui osent penser autrement! Une amie à moi soulignait la chose dernièrement. Elle soulignait le fait que celles et ceux qui pensent comme elle sont bafoués régulièrement. Elle ne mentionnait pas que celles et ceux qui ne pensent pas comme elle sont aussi bafoués allègrement!
Les médias sociaux se nourrissent des discordes! Ça génère des clics comme ce n'est pas possible. Et chaque clic qui s'ajoute est un annonceur de plus qui « investira » dans la chose.
Les « radios-poubelles » fonctionnent de la même façon : dites n'importe quoi, au diable que vous soyez conséquent ou non, l'important tient dans une chose : garder l'auditeur, que ce soit par plaisir ou par colère. Mais gardez-le ! Vous dites une chose le matin et le contraire le lendemain? On s'en fout! Maintenez l'état d'alerte chez l'auditeur!
La capsule d'information de 30 secondes
« Je te propose cet article. Très intéressant et bien documenté »
« Non, mais c'est parce que j'ai pas le temps! »
Ce qu'on retrouve, après avoir bien resserré le cercle de nos « amis d'opinion », c'est un genre de secte dans laquelle n'importe qui peut devenir un genre de gourou. Et ça fait du bien à la personne qui suit la secte au jour le jour!
L'information qu'on a la responsabilité de consulter, de chercher devrait pourtant répondre à un critère fondamental : la compréhension. Et aucune compréhension ne se fait sans minimalement prendre connaissance du point de vue de l'autre.
« Oui, mais LCN et RDI, chus pus capable, ils répètent toujours les mêmes affaires! Ils nous manipulent! »
Bon, bon, bon... La manette du téléviseur fonctionne toujours : ça fera, la manipulation, là! Et si on s'arrête à comprendre ce que sont les stations d'information en continu, on conclut rapidement ce qui suit : l'information en continu est là pour vous raconter ce qui se passe à tout moment. L'information est là tout le temps. Ce n'est pas le téléspectateur qui doit être là en continu!
Compréhension...
Bref, avant d'applaudir ou de conspuer la Santé publique, pourquoi ne pas lire un peu? Genre les articles de Québec science. La base de la science est de toujours se remettre en question pour avancer. L'information est accessible. Plusieurs reportages sont intéressants. Ils ont ceci de particulier qu'ils font le tour de plusieurs spécialistes, dressent un portrait général.
« Non, mais c'est parce que j'ai pas le temps! »
30 secondes, ce n'est pas assez pour comprendre un phénomène, une situation. Ça ne permet pas de développer un argumentaire. C'est juste assez pour affirmer que l'autre, qui ne pense pas comme nous, est con. L'insulte à la place de l'argument.
Ampute un peu de médias sociaux. L'entièreté de ta tête te remerciera...
Clin d'œil de la semaine (en référence au titre de la chronique!)
Sur les médias sociaux, ce qui vend, ce sont des titres comme : « les ateliers de carrosserie veulent nous empêcher de parler de notre produit! »
Être une victime, c'est vendeur.
Comme dans la phrase : « Tout le monde veut faire taire ce chercheur »...