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  CHRONIQUEURS / Deux mots à vous dire

Quand le profit affiche ses limites

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François Fouquet Par François Fouquet
Mardi le 3 septembre 2019

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Le dollar est l’unité de mesure qui évalue l’entreprise privée ou publique. Il semble que ce soit, d’ailleurs, pas mal la seule mesure!

Quand le dollar n’est plus au rendez-vous, on ferme. C’est tout.

Retour au secondaire
À la fin du cycle secondaire, les conversations allaient bon train lorsqu’il était question de ce qu’on allait faire dans l’avenir. À cette époque, l’avenir, c’était la vie. Et la vie, c’était long! Mais, déjà, quand on parlait de profession ou de job, on parlait de « ce qu’on allait faire de sa vie ».

Des confrères à moi rêvaient d’être en business. Pour l’argent qui venait avec. Trouver un flash qui ferait faire du cash. Beaucoup de cash. Le cash c’est la clé du succès. Le succès, c’est la reconnaissance. Et la reconnaissance, au début de l’âge adulte, c’est bien important!

Je me souviens surtout de cette histoire à succès où le gars avait commencé comme camelot de son journal pour devenir un entrepreneur aguerri. Et très riche. Le rêve.  

Retour à la réalité
Le principe des grandes entreprises (surtout publiques) est simple : les activités se développent et perdurent si, et seulement si, on génère un profit susceptible d’accumuler une richesse à côté de l’entreprise.

Je m’explique: l’objectif des actionnaires est de se mettre à l’abri des fluctuations de l’entreprise. Donc, on considère celle-ci comme une entité à part entière et, lorsqu’elle génère de généreux profits, on les détourne tout aussi généreusement vers un portefeuille à côté.

Lorsque l’entreprise cesse de faire des profits appréciables et empilables, on la ferme.

Ce n’est pas bien ou mal, c’est comme ça. Ce sont les règles fondamentales du jeu.

Les journaux à la croisée des chemins
C’est là que sont les journaux, présentement, au Québec. Et aussi ailleurs, dans bien des cas.

Les journaux Gesca, de Power Corporation, ont généré des profits très solides au fil des ans. Vraiment très solides. Il y a plusieurs années que c’est plus difficile. Dans ma perception, un sursis a même été accordé pendant un bout de temps. Jusqu’au décès de

Paul Desmarais père, celui qui avait monté l’empire médiatique écrit. Ensuite, les journaux ont été cédés à Capitales Médias. Et là, c’est la fin.

La fin du modèle actuel.

Voici trois constats majeurs qu’il faut, à mon avis, retenir dans le débat qui fait rage.

  1. Pour les journaux en faillite : faire en sorte que l’argent ne sorte pas de l’entreprise elle-même.
    Une autre entreprise privée ou publique ne pourra ramener par magie une rentabilité qui est volatile et dont la clé, la vente de publicité, est en redéfinition totale. Espérer que des taxes externes générer des profits à l’entrepreneur tient de l’utopie. Qu’on taxe les Google Apple et autres me va très bien. Qu’on crée un fonds servant à développer des initiatives liées à l’information, parfait aussi. Mais que l’on compte là-dessus comme une intraveineuse économique dans un modèle traditionnel, ça ne tient pas la route.

    La solution durable réside dans le fait de définir un modèle d’entreprise dont les profits ou trop-perçus seront réinjectés systématiquement dans l’entreprise. Et non dans les poches des actionnaires. Ça existe dans bien des pays du vaste monde sous la forme coopérative. Et ce n’est pas le fruit du hasard qu’une entreprise coopérative dure 50 % plus longtemps qu’une entreprise dite traditionnelle.

  2. Bien situer le débat actuel
    On ne parle pas de la survie, sur poumon artificiel, d’un journal. On parle de la menace sur les médias régionaux. On parle de la nécessité de maintenir des salles de presse adéquates qui témoignent et scrutent la vie politique, communautaire, artistique et sportive d’une région. Qui départagent le vrai du faux dans l’univers des fake news. Qui offrent deux côtés à une médaille. Qui ne misent pas que sur l’opinion d’une personne.

    Les journaux changeront peut-être de format ou même de plateforme de diffusion. L’évolution des choses implique des changements.

    Mais la base demeurera la base : une salle de presse de qualité qui cherche, fouille, questionne et diffuse ses résultats.

    3- Surtout, se prendre en main comme lecteur
    Ne pas se contenter de nos tablettes et téléphones intelligents. Leur « intelligence » est mue par des algorithmes qui fouillent les informations disponibles en fonction de vos recherches et comportements de consommation. Voilà qui ne favorise pas l’ouverture de l’esprit.

Puis, arrêtons de croire que tout sur le Web est gratuit. L’information a une valeur. Il faut accepter de se convaincre de payer une mensualité comme on le fait pour le câble ou un abonnement à un journal ou un magazine.

Finalement, appliquons le principe fondamental de l’économie circulaire dans notre consommation de l’information : est-ce que le journaliste est là, dans ma région? Est-ce qu’il fait son épicerie dans mon patelin? Est-ce qu’il vit et contribue à la vie de ma région?

Tout cela est essentiel.
Viendront se greffer ensuite des reportages de partout ailleurs.
Ils se grefferont à la base solide de l’information régionale. Ils ne la remplaceront pas.

Clin d’œil de la semaine
On sait qu’il faut éloigner un politicien de la vie publique quand il agit comme si les journalistes étaient des plaies ou des menaces en puissance.  


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