La
vie c'est court, mais c'est long des p'tits boutes. C'est Dédé Fortin qui
disait ça. Je me dis la même chose avec l'actuelle campagne électorale.
Ce
n'est pas la matière qui manque de tous les côtés, mais je n'ai pas le goût de
faire l'inventaire des propos niais entendus cette semaine. Des exemples comme
M. Couillard qui dit que la fermeture d'Électrolux est le résultat d'un
gouvernement qui ne parle que de référendum, il y en a assez pour discréditer
celui qui les prononce. Et moi qui croyais qu'on avait atteint le fond du
baril... C'est qu'il est profond, ce baril, madame!
Mais
puisqu'un mot s'est rajouté au vocabulaire binaire de M. Couillard (référendum
et charte), parlons un peu d'intégrité.
L'intégrité
est un état. Une façon d'être. Une façon de faire les choses. Une rigueur dans
l'application.
Se
réclamer, sur toutes les tribunes, d'être une personne intègre, c'est
narcissique. C'est mon principe du gars sympathique. On ne devrait pas dire
qu'on est sympathique, ça devrait paraître.
Visiblement,
on confond les mots « innocent » et « intègre ».
Je
repense à la démission de M. Couillard de son poste de ministre de la Santé et
des Services sociaux en 2008. La façon de négocier avec son futur employeur
alors qu'il était ministre était questionnable. Il a été innocenté. Il prétend
donc qu'il a été intègre. L'intégrité aurait commandé qu'il ait le réflexe
d'assumer ses choix et de quitter la vie politique avant de négocier. Peut-être
n'est-il coupable de rien, mais ça ne fait pas de lui quelqu'un d'intègre.
Même
chose pour le paradis fiscal. Il nous dit : "c'était légal, donc, je
n'ai rien fait de mal". Peut-être. Quand il ajoute : « C'était
légitime », là, je décroche. La légitimité dépasse l'aspect légal pour
inclure les notions d'équité et d'éthique. Le fait de ne pas avoir le réflexe
d'éviter le paradis fiscal, ne serait-ce qu'au nom du souvenir que c'est le
système public québécois qui l'a éduqué est questionnable. Peut-être n'est-il
coupable de rien, mais on ne peut parler d'intégrité.
Et
je pourrais continuer.
Le
problème que j'ai avec la façon d'inclure l'intégrité dans l'actuelle campagne,
c'est qu'on s'en sert comme une anecdote, une façon de marteler un mot pour
discréditer l'autre en se hissant soi-même au haut de la pyramide de
l'honnêteté et de la morale. Et ça finit par transpirer la condescendance.
Quand
M. Couillard nous dit qu'il ne veut pas parler de ce qui s'est passé dans son
parti avant son arrivée comme chef, sous prétexte qu'il est tourné vers l'avenir,
il ne peut parler d'intégrité en même temps. C'est facile de tout balayer du
revers de la main, de ne pas prendre acte, comme il le répète en faisant la
morale aux autres, de ce qui s'est passé.
Étaler
son rapport d'impôt de l'an dernier, c'est un geste qui ne dit pas grand-chose,
surtout pas sur l'intégrité. Comme il y a un Commissaire à l'éthique, au
Québec, c'est une anecdote opportuniste que de dévoiler publiquement des
chiffres en prétendant que ça vient donner un portrait global clair. Une anecdote
vide. Ce n'est rien d'autre.
Au
Québec, on est innocent jusqu'à preuve du contraire. Pour l'intégrité, c'est
beaucoup plus complexe. Les valeurs morales et éthiques sont interpellées.
Voilà.
C'est dit. L'histoire décidera si vous avez été intègre. Comme elle le dira
pour Madame Marois ou M. Legault.
Cette
chronique exprime mon ras-le-bol et fait suite à celle de la semaine passée. La
semaine prochaine, je parle d'autre chose. Je peux dire une chose avec
certitude : la neige tombée ce dimanche (30 mars!), me déprime pas mal
moins que le vide des propos tenus en campagne électorale. La neige, je peux la
pelleter. Cela fait quelques semaines que j'ai l'impression de me faire
pelleter...
Clin d'œil de la semaine
« Aie,
arrive en ville! » diraient les plus vieux pour ramener les gens à la
réalité. Faut dire qu'on est en campagne...