« Toi, tu devrais te lancer en politique! »
On me l'a dit plus d'une fois, celle-là. Pourtant, il n'en est pas question.
Depuis quelques années, on insiste beaucoup sur la notion de la crédibilité de nos élus. On parle aussi de ce cynisme montant des citoyens envers leurs élus. Et on se dit qu'il faudrait donc faire quelque chose pour enrayer ce phénomène.
Je veux bien. Mais il faudra une réflexion assez grande et, surtout, une capacité de se remettre en question un brin. Si on s'y mettait, on pourrait tenir un atelier de plusieurs heures sur le sujet!
Deux choses retiennent mon attention ces jours-ci.
D'abord, les sorties publiques de Messieurs Charest et Couillard sur le sujet de l'éthique et de la crédibilité. Monsieur Charest affirme que son gouvernement est au-delà de tout soupçon. Il lavait plus blanc que blanc. L'histoire confirmera ou infirmera. Mais il n'en demeure pas moins que des révélations assez lourdes ont été faites devant la Commission Charbonneau. Dans ce contexte et au moment où celle qui agissait comme vice-première ministre du temps de Monsieur Charest est arrêtée, il est plutôt malhabile de la part de M. Charest de prononcer un discours sur la bonne gouvernance publique devant des universitaires.
Pour évacuer le cynisme, il faudra trouver mieux.
M. Couillard est venu confirmer que le gouvernement de M. Charest était sans reproche. Pourtant, il a été élu, juste après M. Charest, en promettant une nouvelle culture de l'éthique et de la bonne gouvernance. Un changement qu'il disait nécessaire à la suite des dizaines de recommandations de la Commission Charbonneau.
Il fallait tout changer et rapidement, mais tout allait pourtant très bien! Étrange, quand même. La crédibilité ne se rétablira pas sur la base de phrases vides destinées à dénoncer un système établi tout en protégeant les gens qui gravitaient autour.
Puis, il faudra scruter nos attentes face aux politiciens. Plus la confiance est ébranlée, plus on intensifie nos attentes.
Je lisais certains articles sur l'état de santé du député de Sherbrooke, Luc Fortin. Le jeune père de famille, qui agit depuis quelques mois comme ministre de la Culture, dans le gouvernement Couillard, se retire temporairement pour cause d'épuisement.
Je ne connais pas personnellement Monsieur Fortin. Mais je me demande, et c'est le point principal qui me rebute quand on parle de carrière politique, si il est possible de conjuguer une vie, disons, normale, et une vie de politicien. Est-ce qu'on accepterait de voter pour lui, même s'il n'est pas de tous les repas-bénéfice, de toutes les soirées spaghetti, de toutes les conférences de presse? Est-ce qu'on accepterait qu'il ne travaille pas 70 heures par semaine, qu'il soit absent de la place publique la plupart des fins de semaine?
Je souhaite le meilleur à Monsieur Fortin. Je lui souhaite l'équilibre.
Pour moi, la réflexion qui doit être faite doit l'être à plusieurs niveaux.
Demander à un politicien d'être sur la sellette 7 jours sur 7, c'est le confiner dans un monde parallèle. Dans ce monde-là, et considérant la pression qu'on maintient sur eux, les politiciens finissent par considérer normal tel ou tel privilège. C'est comme si ce monde parallèle venait avec ses propres règles... parallèles.
Il faudra bien réfléchir à tout cela un jour.
Mais d'ici là, un embargo sur les phrases vides d'appuis aux collègues et d'autocongratulations serait de mise.
Clin d'œil de la semaine
L'équilibre, c'est ce qui nous empêche de tomber. Faudrait se le rappeler...