Beaucoup plus jeune, au cours des années 1960, j'ai été
initié à l'eau.
Apprendre à nager était une des choses priorisées à la
maison pour les 4 enfants de notre fratrie.
Nager et savoir aller à vélo étaient au menu. D'autres aspects
que ceux-là étaient couverts, évidemment. Un exemple qui me revient à l'esprit
avec une douce nostalgie : la petite bibliothèque de bois dans laquelle
maman et papa alignaient, entre autres, les livres encyclopédiques de Grolier.
Une offre d'achat de ces volumes incluait ladite bibliothèque qui a régné dans
tellement de salons, à l'époque. Je les consultais rarement, si ce n'est pour
mes devoirs et les recherches qu'il fallait faire pour la classe. Mais la
source d'information était là.
Google répond maintenant aux questions, mais sans la
bibliothèque de bois!
Mais revenons aux cours de natation. À l'époque, notre
famille habitait rue Denault. On partait à pied, ma grande soeur, mon grand
frère et moi, le samedi matin, et on traversait le pont Jacques-Cartier pour
aller à l'école Montcalm. J'ai un souvenir précis d'avoir réussi, même si je
n'ai pas grand-chose d'un sportif, mon niveau Junior (je crois qu'il y
avait Intermédiaire et Médaille de bronze, ensuite). On y
effleurait les styles de nage plus sophistiqués que le « crawl » ou
le « back crawl ». J'ai donc essayé le style papillon et la brasse.
Je doute que quelqu'un ait pu vraiment reconnaître un papillon dans mes gestes
désordonnés, mais j'ai vu la base!
Le but n'a jamais été de faire en sorte d'être d'excellents
nageurs.
Je crois que l'idée première était de déjouer le sentiment
de peur panique qu'on peut ressentir quand nos pieds ne touchent pas le fond de
l'eau. Mes parents ne nageaient pas et ils identifiaient le fait de savoir
nager comme un élément de base de notre développement. Et ça avait l'avantage
de nous permettre d'apprivoiser une étendue d'eau profonde et développer des
réflexes minimums pour nous débrouiller, le cas échéant.
Le parc Victoria
On a aussi parfois fait des pique-niques au parc Victoria,
tout près du CÉGEP. La douce époque où des animaux y vivaient. Un petit zoo
urbain dans lequel on essayait de faire cracher les lamas...
Quand la chaleur était au rendez-vous, on traversait la rue
pour aller à la piscine de la Claire-Fontaine. Immense piscine dans mon
souvenir. Avec un « pas creux » et un « creux », comme on
le disait dans le temps.
L'eau y était froide, dans mon souvenir. Une masse d'eau
impressionnante assez lente à réagir aux rayons du soleil, j'imagine.
Mais j'y ai pataugé quelques fois, même si on n'habitait pas
le secteur.
Et pourquoi ces histoires d'eau?
Des discussions quant à la reconstruction des piscines
municipales qui, comme vous et moi, ont vieilli, ramènent le sujet sur la table
du conseil municipal. C'est beaucoup d'argent, remplacer une piscine. De plus
en plus, on semble opter vers des jeux d'eau à la place.
Dans le contexte des coups de chaleur de plus en plus
fréquents qui frappent nos étés, l'idée a une valeur, évidemment. Puis,
investir 1 M de dollars plutôt que 3 ou 4, ce n'est pas rien non plus.
Mais l'expérience est différente. La piscine permet une
acclimatation à l'eau qui a une grande valeur. Savoir se débrouiller dans l'eau
favorise une confiance en soi qui peut être utile un peu partout dans nos vies.
En plus d'être un élément de sécurité pour la baignade en rivière, en lac ou en
bord de mer.
Il me revient ce souvenir. J'avais voulu essayer, à la
Claire-Fontaine, le petit plongeon. J'avais sous-estimé l'effet que ça me
ferait! Au bout de la planche, j'ai figé. Puis, un coup de sifflet du
sauveteur : « plonge ou plonge pas, mais bouge! »
Et nous, comme ville, par rapport aux piscines : on
plonge ou on ne plonge pas?
Pour l'instant, on ne plonge pas. Et je comprends la logique
derrière. C'est une question de priorisation et chaque citoyen ou groupe de
citoyens revendique ses priorités, ce qui est compréhensible aussi.
Je me dis qu'il faudra, un jour, apprendre à établir les
priorités par ordre d'essentialité.
On navigue présentement au gré des lobbys et des moyens de
pression, on vote plus pour un profil de personne que pour un programme politique
global et on demeure isolément convaincus que "mes taxes devraient servir
à ceci plutôt que cela".
Prioriser sera notre défi. Pour l'instant, j'ai vraiment
l'impression qu'on patauge dans les demandes et qu'on commence à manquer d'air
à vouloir tout faire, mais un petit peu à chaque endroit...
Ce serait plate qu'on s'y noie.
Clin d'œil de la semaine
Faire des choix est impliquant. Et nécessite des compromis.
Compromis ne rime pas avec liberté individuelle...