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La peur

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Ces dernières semaines, la campagne électorale a versé dans une campagne de salissage. Un grand concours de lancer de boue.

L'un des thèmes récurrents, outre qui lave plus blanc que blanc, est l'accusation à l'endroit du PLQ et de son chef Philipe Couillard de mener une campagne de peur à l'endroit d'un éventuel référendum, attardons-nous à ce mot : peur.

Une définition :

Si l'on cherche dans le Petit Larousse grand format 2005 la définition du mot peur. On retrouve; « nom féminin du latin « pavor » signifie sentiment de fortes inquiétudes, d'alarme, en présence ou la pensée d'un danger ou d'une menace. »

Le grand écrivain Albert Camus a aussi traité de la peur dans sa grande carrière d'écrivain et faisant notamment référence au nationalisme étroit dans la revue Combats : « Entre la peur très générale d'une guerre, que tout le monde prépare et la peur toute particulière des idéologies meurtrières, il est donc bien vrai que nous vivons dans la terreur. » Camus a aussi parlé de la peur de façon plus légère dans Noces à Tipasa : « Il n'y a pas de honte à être heureux. Mais aujourd'hui l'imbécile est roi, et j'appelle imbécile celui qui a peur de jouir. J'aime cette vie avec abandon et veux en parler avec liberté : elle me donne l'orgueil de ma condition d'homme. »

La peur peut revêtir plusieurs visages et je n'en ai vu aucun dans cette campagne. Qui a fait une campagne de peur? Qui a dit que la souveraineté du Québec était un projet illégitime? Qui a dit que quiconque perdrait quoi que ce soit s'il y avait un référendum? La réponse. Personne. Seuls les ténors péquistes et François Legault accusent les libéraux de mener une campagne de peur. Où est-elle cette campagne de peur? Quelqu'un l'a vu?

Un référendum : un exercice légitime, mais qui en veut?

Le débat concernant le référendum a porté sur un autre aspect que la peur. Il faut plutôt évoquer l'opportunité et la valeur ajoutée d'en tenir un. Ainsi, Le PLQ de Philippe Couillard et la CAQ de François Legault ont demandé à madame Marois de prendre l'engagement ferme de ne pas tenir de référendum dans un prochain mandat. Pas parce qu'ils ont peur, mais parce qu'ils pensent que ce n'est pas un dossier structurant pour renforcer le Québec aujourd'hui. Qu'a répondu madame Marois? Je la cite : « Il n'y en aura pas de référendum. Il n'y aura pas de référendum. On ne fera pas de référendum la nuit, ni à l'insu des Québécoises et des Québécois. Ils seront consultés. Il n'y aura pas de référendum... tant que les Québécois ne seront pas prêts. »

Que veut dire cette réponse? Qui va décider quand les Québécois vont être prêts? Qu'est-ce que ça veut dire être prêts? Devant le flou de la réponse de madame Marois, ses adversaires croient qu'un PQ majoritaire consacrera ses énergies à faire en sorte que les Québécois soient prêts à voter pour faire du Québec un pays. Et c'est tout à fait légitime de penser ainsi. Je n'apprendrai à personne que le Parti québécois est un parti souverainiste et que sa raison d'être et de faire du Québec un pays. C'est quand même le candidat Péladeau qui a crié le bras levé : « Je suis en politique pour faire du Québec un pays. » Ce que je ne comprends pas c'est pourquoi madame Marois qui est une fière souverainiste n'en parle pas avec autant de clarté et d'aisance que madame Françoise David. La porte-parole de Québec Solidaire affirme clairement que si l'on vote pour Québec Solidaire et que si ce parti forme le gouvernement, il y aura formation d'une assemblée constituante, adoption d'une constitution pour le Québec et référendum. C'est simple et clair.

Le flou artistique de Pauline Marois

Alors pourquoi madame Marois est-elle aussi floue sur une question aussi importante? Parce qu'elle sait que les Québécoises et les Québécois ne veulent pas débattre de leur avenir au sein du Canada. Ils ne veulent pas de référendum. Elle veut être première ministre. Point à la ligne. Même première ministre d'une petite province ordinaire, une PPO. Alors pourquoi cette hargne des sympathisants souverainistes sur les réseaux sociaux et ailleurs à l'endroit de ceux qui ne croient pas utile de faire du Québec un pays? Pourquoi ce mépris envers celles et ceux qui croient en l'avenir du Québec dans le Canada? Pourquoi séparer les Québécois entre deux types, les vrais et les faux? Pourtant, mon appartenance au Québec et à sa culture est aussi forte que celle des souverainistes. Je vais vous le dire franchement. Le Québec n'appartient pas au PQ, mais aux Québécois de toutes origines et aussi, quoi que vous en pensiez chers amis souverainistes, incluant les Québécois qui ne partagent pas votre rêve légitime de faire du Québec un pays.

Le pire c'est le mépris pas la peur

Au fond, personne ne parle de peur dans cette campagne sauf les adversaires de Philippe Couillard et des libéraux qui les accusent de mener une campagne de peur. Moi je n'ai pas vu, ni entendu de telles choses. J'ai cependant vu, lu et entendu beaucoup de mépris sur les réseaux sociaux de pseudo souverainistes à l'égard de celles et ceux qui ne pensent pas comme eux. J'écris pseudo souverainistes, car je compte beaucoup d'amis souverainistes qui dénoncent aussi ces écarts. Je ne veux donc pas généraliser. Albert Camus a aussi écrit là-dessus : « Le démocrate, après tout, est celui qui admet qu'un adversaire peut avoir raison, qui le laisse donc s'exprimer et qui accepte de réfléchir à ses arguments. Quand des partis ou des hommes se trouvent assez persuadés de leurs raisons pour accepter de fermer la bouche de contradicteurs par la violence, alors la démocratie n'est plus. »

La violence verbale est en quelque sorte annonciatrice d'un déni de la démocratie et cela, plus qu'un référendum, me fait vraiment peur...


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