La grand-parentalité apporte une
couleur intéressante à la vie quotidienne.
Parfois, la routine se voit
bousculée par de petits êtres qui débarquent avec un niveau d'énergie dont la
maisonnée n'est plus habituée. Quand ils débarquent ainsi pour plusieurs jours,
les petits êtres se font des repères au même rythme que notre chatte Tabata
perd les siens!
Parlant de repères, les nôtres aussi
se trouvent bousculés. C'est toute la dynamique de notre quotidien qui est
brassée. Tout cela est juste et bon, n'y
voyez aucune plainte, mais ça déstabilise quand même un brin!
Au-delà du rythme et du calendrier d'activités qui se
trouvent changés, c'est le temps qui perd la notion de lui-même !
Redéfinir la notion
de l'impor-temps
La gestion et l'encadrement de ce temps qui passe sont
tellement présents que, même chez les gens retraités de leur vie
professionnelle, la phrase est presque unanime : « mes journées sont
occupées plus qu'avant! Je ne sais même pas comment je trouvais le temps
d'aller travailler! »
Dans cette boutade accompagnée d'un clin d'œil ou d'un
sourire complice, il y a une bonne part de rassurance envers soi-même!
Confirmer qu'on est encore vivant et utile importe pas mal. Retraité, mais pas
fini, dirait l'autre. L'âge adulte est tellement défini par le travail et la
performance qui y est rattachée que le vertige peut facilement s'installer
quand vient le temps de se retirer. Il faut se redéfinir autrement et le fait
de se tenir très occupé devient rassurant.
Des fois, je vois nos vies comme autant de rivières qui
coulent. Le débit de l'eau est variable selon les conditions, mais
généralement, chaque rivière suit son cours. L'important, c'est que chacun
définisse sa rivière, idéalement dans les paramètres généraux proposés ou
imposés par notre société.
C'est là que la rivière coule de la façon la plus stable.
Lentement, son cours nous endort ou nous engourdit. On
s'accote sur le prévisible et on s'y conforte.
Et là, des éléments de la vie des autres attirent notre
attention. Pas de grands drames, pas de malheurs. Juste le fait de devoir
s'adapter au rythme de personnes qui se joignent à notre quotidien.
Cette fois, c'est l'horloge qui s'arrête. Le temps de
prendre soin du toutou qui réconforte tellement la plus jeune. Ou bien de s'y
reprendre à plusieurs fois pour refaire le même petit geste, le temps qu'un
petit bout d'apprentissage s'imprime dans la mécanique gestuelle de la plus
grande.
Ce genre de petits moments là.
Ces moments qui défient la performance de notre quotidien.
Cette performance qui nous est si coutumière.
Pour briser le rythme, rien de mieux que côtoyer des gens
qui ne vivent pas selon le nôtre. Je pense à des enfants en bas âge ou à des
gens beaucoup plus âgés que nous. Côtoyer, donc, des gens qui ne sont pas encore
ou qui ne sont plus contaminés par la performance du quotidien.
Briser le rythme, c'est se donner une occasion insoupçonnée
de s'émerveiller devant de belles choses qui, autrement, nous auraient échappé.
Comme le fait de sourire devant le rire sonore et cristallin
de la petite dernière qui ne comprend pas le contenu anglophone de Peppa Pig, mais qui rit de si bon cœur!
Ou encore d'éclater de rire à la suite d'une réplique savoureuse de la plus
grande qui vient nous surprendre!
Briser le rythme aide à prendre conscience que le quotidien
gagne parfois à être chamboulé pour en ressortir des éléments qu'on ne sent ou
ne ressent plus. Ou pas assez souvent.
Mais, entre vous et moi (et n'en parlez à personne!),
dans la phrase qui précède, j'utilise le mot parfois...
C'est que si j'aime bien le chamboulement des jours de temps
à autre, je l'aime bien mon quotidien relativement stable, établi sur un degré
de performance attendu que je contrôle d'ailleurs mieux qu'avant...
Je me dis que si mon quotidien était constamment chamboulé,
je ferais une chronique sur les bienfaits de vivre au rythme d'une rivière qui
coule doucement au gré des jours...
Clin d'œil de la semaine
Certains clowns des séries d'enfants sont insignifiants.
C'est mieux qu'un clown intimidant qui veut diriger un pays...