Le
nouvel an est arrivé.
« Ça
fait déjà 14 ans qu'on capotait collectivement sur le bogue de l'an
2000! » Le constat est venu de ma blonde, alors qu'on se retrouvait, le Premier
de l'an, chez nos amis de St-Michel de Bellechasse, tout au bord du fleuve. Il
faisait, environ, moins 1400 degrés... L'amitié réchauffait la maison vieille de
220 ans.
Installé
près de la cuisinière ancestrale au bois qui répand sa chaleur, les pieds sur
de vieilles planches de pin larges et noueuses, il me paraissait bien étrange
de parler du bogue de l'an 2000.
C'est
comme vivre un grand écart entre les époques.
Si la
maison pouvait raconter son histoire, elle nous dirait que les premières 120
années de sa vie ont été marquées par le rythme de vie imposé par la présence
du soleil. Le tic-tac régulier de l'horloge n'est venu qu'après une centaine
d'années.
C'est
au tournant des années 1940 que le temps s'est emballé. Malgré la rigueur
absolue de l'aiguille des secondes, le temps s'est mis à aller plus vite que
l'horloge.
L'électricité
a été installée partout. Déjà présentes en ville, les voitures à essence ont
envahi les campagnes. Le téléphone a abattu les frontières. La télé, plus tard,
a envahi nos salons. Puis, les laveuses à linge automatiques, les fours à
micro-ondes, l'abondance des autres applications ménagères robotisées.
Finalement, l'arrivée, par toutes les portes de la maison, de l'ordinateur...
Jusqu'au
bogue de l'an 2000.
Le bogue
qui n'a pas eu lieu.
Ou
plutôt, si! Il a eu lieu!
Il a
eu lieu au sens où il a coûté des
milliards de dollars aux gouvernements, tous paliers confondus, aux entreprises
et aux particuliers. Notre dépendance est telle que de simplement imaginer que
nos systèmes boguent suffit à faire dresser les poils sur les bras...
Le
bogue de l'an 2000, il est dans nos écarts de climat de plus en plus marqués,
il est dans la quête de profits qui assèche la conscience des entreprises et
des gouvernements et qui mène à des Lac-Mégantic. Il est dans notre incapacité
à se passer de la consommation. Le dernier petit bastion qui tenait la route,
c'était le 2 janvier. L'occasion unique d'avoir deux jours de congé de suite
dans les magasins! Eh, bien, depuis quelques années, exit le congé, on ouvre
toutes grandes les portes des commerces.
La
consommation est donc devenue un service essentiel.
Le
bogue a eu lieu. Mais on continue de dire qu'il n'a pas eu lieu. Et on a fait
un grand « ouf » collectif le premier janvier 2000.
Cette
année, tout autour, je sens et ressens un retour vers les traditions du temps
des Fêtes. Il y a quelques années, on répugnait les menus traditionnels. La
couronne de crevettes remplaçait les pâtés de viandes et ragoûts de pattes.
La
musique traditionnelle semble reprendre du service au cœur des jeunes et moins
jeunes.
Et
pourquoi pas?
Ce
n'est pas parce que c'est ancien que c'est périmé!
Les
résolutions font partie de ce folklore considéré comme dépassé.
Cette
année, je m'inscris en faux. Et j'en inscris quelques-unes à l'agenda de mes
jours. Mais je les garde pour moi. Elles deviennent autant de petits repères
que j'inscris sur le calendrier pour tenter de changer certaines choses en moi
et autour de moi.
Les
résolutions, c'est cette façon de se fixer des objectifs. Petits, moyens ou
grands, c'est selon. Une manière de marquer sa différence dans un univers où on
souhaite être tous semblables. C'est une façon, aussi, de prendre conscience
qu'il y a des trucs à améliorer.
Je
soupçonne qu'on est plusieurs à dire « Moi, les résolutions, j'en prends
pas. Comme ça, chus pas déçu! ». Puis, dès que le sujet est clos, on en
inscrit quelques-unes dans notre conscience.
Finalement,
la foutaise, c'est peut-être de ne pas reconnaître chaque début d'année comme
un petit arrêt aux puits qui sert à revoir le plan de match pour l'année qui
vient.
Ah! Et
si vos résolutions ne sont pas prises, il n'est pas trop tard!
Bonne
année!
Clin
d'œil de la semaine
« J'avais
décidé deux choses, l'an dernier », me dit un ami. « Perdre du poids
et réduire ma charge de travail. J'ai réussi les deux! Maudite maladie... »