Dimanche matin. La chaleur est en train de s'étirer comme il
le faut, comme pour être en grande forme pour une bonne journée! La relative
fraîcheur de ce petit matin se révèle déjà une simple apparence. Il suffit
d'enfiler quelques mouvements pour s'apercevoir qu'il fait et fera chaud.
Une journée collante, pour reprendre l'image qui, ma foi,
sied bien à la situation!
Ma blonde est déjà installée dans la pièce qui nous sert de Chouette
petit café confortable dans le confort de notre foyer! Après le
premier bonjour, elle me lance :
-
T'as vu, Trump a été victime d'un
attentat... »
-
« Manqué, j'imagine? »
Sitôt lancée, ma boutade me trouble...
En même temps, ne jouons pas trop à l'autruche. Qui n'a pas
entendu (ou dit !), lors de conversations sur le sujet, la réplique :
« y a-tu quelqu'un qui va lui régler son compte, à un moment donné,
celui-là? »
Le genre de phrase qui s'adresse parfois à Poutine ou à
d'autres personnages, disons, dominants...
Mon trouble, par rapport à ma réaction, vient du fait que
là, on n'est pas en situation de conversation plus ou moins sérieuse. Non, là,
on est devant une situation réelle : quelqu'un a tiré sur Trump.
Nourrir la bête
Bête de scène, de cirque, bête politique, bête dans son faciès,
bête avec son entourage, bête sauvage, parfois, voilà que bien des
qualificatifs relatifs à la bête s'appliquent à Donald Trump.
Mais la dernière affaire qu'on souhaite, c'est que la bête
politique puisse se draper, en plus, dans la cape d'invincibilité que peut
devenir le statut de victime. La balle qui l'a touché devient une nourriture
très riche en protéines de manipulation massive pour lui!
La démocratie a des moyens de montrer la porte à quelqu'un
de non souhaitable aux yeux de la majorité des citoyens. Plusieurs leviers qui
tournent autour d'un axe principal : le vote populaire.
Cette balle de fusil pourrait faire encore plus de ravages
que ce gâchis déjà constaté.
Déjà que la foule qui appuie Trump le suit aussi dans ses raisonnements
(ses lubies, devrais-je peut-être dire!) antidémocratique, antisystème de
justice, antimédias, antiimmigration, proarmes et proretour à une doctrine qui
gère la vie morale des Américains, voici qu'en plus, le système a attaqué
Trump.
Dans le monde des algorithmes, toutes les théories sont
bonnes et amplifiées. Une spirale de statuts qui deviennent un ouragan bien
nourri par les interactions exponentielles des fans de Trump. Il suffit de
choisir la théorie qu'on souhaite et, bingo!, tout le monde possède sa propre
vérité. Vérité qu'il alimentera, évidemment!
C'était déjà trop installé comme phénomène, voilà que ce
sera multiplié par mille!
Je note au passage le premier geste de Trump qui quitte la
scène après les coups de feu. Son réflexe de dominant de ses troupes est acéré
et intact : « Fight! Fight! ». « Combattez! »
Encore une fois, comme lorsqu'il a galvanisé ses
troupes pour attaquer le Capitole, Trump réussit à alimenter le feu et se
retire. Pyromane satisfait de sa journée et de son sort.
Je ne peux comprendre que quelqu'un ne voie pas le danger de
cette situation.
La violence engendre la violence
Qu'elle soit orale, physique ou virtuelle, la violence ne
peut se reproduire qu'en créant plus de violence.
Je vous ai déjà partagé ma vision du peuple américain divisé
en deux camps, séparés par une ligne au sol et qui s'invectivent copieusement.
En plus tout le monde est armé. Et là, un des camps peut accuser l'autre de
tentative de meurtre...
Œil pour œil, dent pour dent est une maxime qui semble
animer Trump depuis des décennies. Là, il est une victime et bénéficie d'une
armée de citoyens armés et potentiellement gonflés d'une mission.
Il ne faut jamais nourrir la bête qui fout le trouble.
Il ne fallait surtout pas nourrir celle qui habite Trump...
Clin d'œil de la semaine
Il ne me vient que des clins d'œil autour de l'expression
« se faire tirer l'oreille ». Je vous laisse avec ça!