« J'ai mon esprit de voyage! »
Je me suis toujours demandé pour quoi le mot « esprit » dans cette phrase. En fait, je crois bien que c'est une version plus élégante de « estie ».
Sinon, l'esprit a bien peu à voir, il me semble, avec une expression d'exaspération...
Mais venons-en au fait : les Fêtes.
Je lisais ce matin que chaque Canadien compte dépenser, en moyenne, près de 528 $ en dépenses secondaires à cette période de l'année. On entend par secondaires les dépenses de divertissements, de décorations et même de voyage.
Vous savez, celui qu'on fait pour éviter les dépenses de Noël?
À cela, il faut ajouter, pour chaque Canadien (toujours en moyenne), 602$ pour les cadeaux.
Voilà qui vous garnit le bas de Noël, Madame!
Alors que la surconsommation a démontré, cette année plus que jamais, ses tristes retombées en ce qui concerne les l'endettement personnel et le climat, voilà qu'on semble traiter tout ça comme une résolution du Nouvel An : on regardera ça après les Fêtes! D'ici là, testons la force du plastique de nos cartes de crédit. Elles sont capables d'en prendre!
Ce qui me désole aussi, c'est que 83% des Canadiens interrogés vont faire au moins un achat en ligne. Les 45 ans et moins sont massivement en ligne. Les plus vieux continuent de privilégier les commerces traditionnels.
Et si on y mettait du sens?
On cherche un sens à nos vies trépidantes, on cherche un sens à la mort quand elle se pointe.
Et quand on est à bout, on s'exclame « ça n'a pas de bon sens! »
Mais, mettons que les choses sont comme elles sont. Je veux dire que c'est bien beau dire qu'on dépense trop, mais bon, dans la famille, c'est de même, on se donne des dizaines de cadeaux. Il faut bien jouer le jeu. Mettons que c'est de même et qu'on ne peut rien y faire. Ou qu'on ne veut pas faire ce combat de peur de partir une polémique poche dans la famille.
Mettons.
Si on joue le jeu de la consommation accélérée aux Fêtes, c'est donc dire que les dollars qu'on fera circuler ont un poids. Ils ont une force. Économique, j'entends.
Alors, mettons qu'on s'arrange pour qu'au moins 75% des cadeaux qu'on offre soient achetés chez un commerçant local. Et mettons qu'on se dit que, dans ce 75%, on veut que 50% des cadeaux achetés soient fabriqués au Québec.
Mission impossible?
Non. Pas du tout.
Mettons qu'on se dit que le fait de faire plaisir à un être cher (qui prend un autre sens à Noël!) peut être un levier économique régional. Qu'on se demande si la personne qui me vend l'item fait son épicerie dans la même ville que moi. Que la personne qui a fait le cadeau envoie ses enfants dans une école de quartier au Québec. Qu'elle vit et dépense ici.
Est-ce que tout ça ne donne pas un peu de sens à nos achats parfois trop intenses?
Et si la magie de Noël était économiquement plus circulaire que linéaire? C'est-à-dire que l'argent revient dans la collectivité plutôt que de partir ailleurs? Et en plus, faites le test: quand vous expliquerez votre démarche d'achat, vos proches salueront votre esprit conséquent!
C'est peut-être comme ça qu'on se ferait le plus beau cadeau, finalement...
Clin d'œil de la semaine
Consommer une ligne crée une dépendance. Consommer en ligne aussi...