La dernière semaine a été riche en émotions. Il n'y a pas à dire 2015 démarre sur les chapeaux de roue en matière de violence. Les événements abominables qui ont marqué la vie de nos sœurs et frères de France la semaine dernière sont inqualifiables. Plus que jamais, le monde tente de se réenchanter dans les religions de l'horreur et de la bêtise. Plongée dans la violence instrumentalisée d'une fausse conception des religions...
Jésus-Christ : figure de paix et de non-violence
Jésus-Christ est mort sur la croix pour sauver l'humanité nous raconte, le Nouveau Testament. Son père nous a envoyé son fils pour nous laver de nos péchés. Jésus-Christ, fils de Dieu, a été en son temps un violent contempteur des excès de son époque. Il a dénoncé les injustices, défendu les pauvres et les orphelins et pourfendu les pharisiens et les marchands du temple. La figure iconographique de Jésus en est une de non-violence et d'amour de son prochain. À tel point que sa figure emblématique a été retenue par le mouvement hippie des années 1960. Jésus, notre Jésus, a été un visage de paix et d'amour. C'est ce que nous voulons nous souvenir de cette religion catholique et que nous opposons à celle de Mahomet que l'on voit comme un prophète violent et qui nous permet de croire à la supériorité de notre prophète sur l'autre prophète.
Croire en une telle vision des choses c'est cependant taire de larges pans de l'histoire des Saintes Écritures. S'il est vrai que notre Dieu du Nouveau Testament est un Dieu d'Amour, celui de l'Ancien Testament, le père de Jésus, Yahvé est quant à lui un Dieu vengeur et intransigeant. Il a expulsé Adam et Ève du Paradis pour une pomme, provoqué le déluge ne sauvant que Noé, sa famille et quelques animaux, condamné le peuple juif à l'exode et obligé un père à tuer son fils. Il n'était pas jojo le vieux. Un verset du livre de Jérémie ne laisse aucun doute sur la violence de la pensée de ce Dieu vengeur : « Maudit soit l'homme qui retient son glaive pour ne pas verser le sang! Le respect de la justice, qui est la loi de Dieu, doit passer avant la déférence qui peut être due à l'homme » (cité par Louis Veuillot en 1891 selon les textes de Grégoire VII).
Dans Le Coran, le prophète fixe les règles de conduite en regard de ceux qui refusent de se soumettre à sa loi « Combattez dans le chemin d'Allah ceux qui luttent contre vous... Tuez-les partout où vous les rencontrerez, chassez-les des lieux d'où ils vous ont chassé » (sourate 2, 190-193). Ne retrouve pas des appels à la violence dans les textes sacrés du christianisme et de l'islam? Les infidèles sont-ils supérieurs aux fidèles dans leur volonté pacifique?
Il faut mettre en perspective le fait que les religions, toutes les religions, sont issues de textes d'une autre époque et que cela n'a rien à voir avec le monde dans lequel nous vivons aujourd'hui. Je suis athée et je crois profondément que les religions sont, selon le mot célèbre de Karl Marx, l'opium du peuple. Au nom des religions, on a beaucoup tué dans l'histoire de l'humanité et on a tué encore des innocents la semaine dernière à Paris. N'empêche qu'il est utile de mesurer ce qui sépare les chrétiens et les musulmans pour mieux comprendre...
Fidèles et infidèles...
La chrétienté et l'islam ont des traits de ressemblances et de dissemblances. Tentons d'en comprendre l'essentiel. La Bible est le livre sacré du christianisme. Ce n'est pas un livre, mais une bibliothèque à elle seule. Les textes qui y sont contenus ont été élaborés sur plus d'un millénaire. Ce que nous en connaissons le plus, nous au Québec, ce sont les quatre évangiles qui racontent la vie et la prédication de Jésus. C'est au IVe siècle après J.-C. que la forme canonique du Nouveau Testament a été établie par l'Église. Le Coran, quant à lui, c'est la parole même d'Allah. On ne peut mettre en cause aucune parole puisque ce texte a été dicté à Mahomet par Allah lui-même. Mahomet l'a récité et ceux de ses fidèles qui savaient écrire l'ont retranscrit. En 652, 20 ans après la mort du prophète Mahomet, le calife Othman ordonne de rassembler les textes épars en un seul livre : Le Coran.
Jésus est un homme et un Dieu. Par lui, le verbe s'est fait chair et Dieu s'est incarné sur terre. Mahomet n'est qu'un homme et « seulement homme ». Il est le dernier des prophètes. Le « sceau des prophètes » dit Le Coran. Le Dieu des chrétiens s'incarne dans le complexe concept de la « Sainte-Trinité ». Il existe une relation interactive entre Dieu et l'humanité qu'il a créée à son image. Le Dieu de Mahomet est unique et indivisible. Nul n'est égal à lui. Ses disciples, les musulmans, doivent pour lui plaire s'adonner aux cinq piliers de l'islam : la profession de foi, les cinq prières quotidiennes, l'aumône, le jeûne pendant le mois de ramadan et le pèlerinage à La Mecque.
La différence la plus notable c'est que dans les paroles attribuées à Jésus on retrouve les germes de la séparation de l'Église et de l'État quand il a dit : « Rendez à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » (Luc, xx, 20-26), alors que pour Mahomet le salut ne peut se réaliser que dans la communauté des croyants (la Oumma) et que Mahomet illustre en prenant la tête d'un micro-état à Médine (actuelle Arabie Saoudite).
Enfin, l'autre grande différence c'est que la chrétienté compte sur une institution, l'Église, pour fixer ses lois et ses codes alors que l'on ne retrouve pas d'équivalent pour l'islam. Ce qui en fait une religion beaucoup plus décentralisée et permet plus facilement des dérives et l'émergence de courants de pensée comme ceux de l'islamisme radical.
La terreur
Malgré le fait que je suis un athée convaincu, j'ai le plus profond respect pour toutes les religions y compris pour celle de mes frères et sœurs de l'islam. J'aimerais bien les convaincre, tout comme les chrétiens, les bouddhistes et les hindous, que la religion n'est qu'une fiction et que l'on peut croire plutôt en l'humanité et faire de l'humain notre religion, mais je sais que ce serait peine perdue.
Néanmoins, nous pouvons trouver dans Le Coran un terrain d'entente universel pour toutes les religions en nous référant à la sourate 109 intitulée Al-Kafirune (Les infidèles) :
« Ô vous les infidèles, je n'adore pas ce que vous adorez, et vous n'êtes pas adorateurs de ce que j'adore, je ne suis pas adorateur de ce que vous adorez, et vous n'êtes pas adorateurs de ce que j'adore, à vous votre religion, et moi ma religion. »
En face de la terreur, nous sommes tous des Charlie qui souhaitent désarmer le prophète avec nos mots et nos dessins. Paix aux femmes et aux hommes de bonne volonté, mais mort au prophète armé... Les prophètes armés de toutes les religions. Il faut désarmer le prophète!