Le moins que l'on puisse dire, c'est que ça commence drôle pour la nouvelle ère à la mairie de Sherbrooke.
On recule sur des engagements électoraux qui avaient pourtant l'air solennels au moment de leur promesse il y a quelques semaines à peine. Si on voulait annoncer une nouvelle façon de faire, c'est raté : ça fait plusieurs élections que le scénario se répète...
Puis, l'affaire du chef de cabinet remercié de ses services par le maire pour une question de différence de valeurs fondamentales entre les deux hommes. Quelques jours plus tard, le maire s'excuse et tout le monde est heureux. Même celui qui n'a plus d'emploi. Étonnant, quand même.
Comme le dirait Jean Perron : il y a aiguille sous roche!
Mais vous voyez, pour moi, le gâchis, il n'est pas là. Je veux bien donner le bénéfice du doute au nouveau maire. Derrière le souriant maire jovialiste, il y a peut-être une vision structurée. On verra bien.
Le gâchis, pour moi, commence quand le maire neuf affirme haut et fort qu'il faut que les gens quittent les formations politiques parce que le peuple a décidé de ne pas renouveler certains mandats à des gens appartenant à un parti, dont le maire sortant. Monsieur Lussier a affirmé qu'il saluait le départ de Danielle Berthold du Renouveau sherbrookois. Il a bien le droit. Mais il continue en affirmant que celles et ceux qui ne font pas comme elle n'écoutent simplement pas la population.
Danielle Berthold avait toute la légitimité de demeurer ou non dans le parti. C'est la réaction du maire qui déçoit. Parce qu'il en profite pour faire du populisme. Et ça, ça fait partie du gâchis.
Le populisme, c'est donner une solution simple (voire simpliste) à un problème plus complexe. Et tous les moyens sont bons pour y arriver.
Une analyse simple de la situation permet de constater que bien des éléments ont mené au désaveu visible des gens envers le Renouveau sherbrookois. Le parti a déçu par un manque de transparence, probablement. Le nombre des élus est passé de 19 à 14, ce qui a créé des situations particulières. Peut-être même y a-t-il eu des ratés dans le déroulement stratégique de la campagne?
Bref, plusieurs éléments sont mis en cause. Mais ça ne signifie pas que les partis politiques sont devenus obsolètes et nuisibles. Loin de là. C'est simpliste de penser ainsi. Et affirmer que celles et ceux qui demeurent dans un parti n'écoutent pas la population, c'est faire preuve de mépris. Un mépris exprimé en toute jovialité. Une arme largement utilisée quand on pratique le populisme.
On peut avoir la conviction que les partis ne doivent pas exister, mais encore faut-il savoir l'expliquer autrement que par des phrases vides.
J'aurais aimé que le nouveau maire s'inquiète haut et fort que la participation ait été si faible aux dernières élections.
Résolument positif, il s'appuiera sur le fait que les gens ont été plus nombreux à voter cette fois. Oui, mais... On est passés de 42% à 44%. Même pas la moitié de la population en droit de voter qui sort pour l'exercice du droit de vote.
C'est pathétique.
Et ne réduisez pas cette situation au fait que c'est pareil ailleurs, ce n'est pas utile comme argument. Parmi les 56 % qui ne sont pas sortis, plusieurs y ont vu une façon de démontrer qu'ils ne croient plus aux façons de faire actuelles. Le début de mandat ne vient pas les réconforter. La partie est jeune, je concède, mais quand même.
J'aurais aimé que le maire accueille et s'intéresse à cette situation. Qu'il s'en inquiète, minimalement. Ça ne semble pas le déranger du tout.
Pour moi, le gâchis commence là : comme citoyens, nous avons la responsabilité de nous occuper de nos institutions et de nous impliquer minimalement. Il y a quelque chose qui ne va pas quand on ne récolte pas 50% comme taux de participation. C'est la dynamique même du système qui ne fonctionne pas. Ça devrait faire partie des chantiers à analyser.
On ne récupérera pas la crédibilité auprès des électeurs à coups de déclarations populistes. Ça, ça me semble clair... Ni à coups d'excuses non commentées, d'ailleurs.
Clin d'œil de la semaine
Le maire est contre les partis. Pourtant, à peine la ligne franchie, le chef de cabinet a été pris à partie et est parti...