Le mot en titre n'est pas une erreur. En fait, le mot est né
dans ma tête en réfléchissant à différents aspects de la bienveillance.
Ma définition de bienvieillissance : concept de
la bienveillance qui apprend à se conjuguer au temps qui passe.
À mon sens, c'est un mot très engageant. Je ne crois pas que
le mot existe. Mon logiciel de correction Antidote semble étonné, mais ouvert
d'esprit. Voici ce qu'il me dit :
Mot inconnu - Bienvieillissance est inconnu d'Antidote.
S'il est correct, songez à l'ajouter à un dictionnaire personnel.
J'y songe, j'y songe !
J'aime bien cette ouverture d'esprit dont fait preuve
Antidote. Ça contraste avec des attitudes vécues dans notre société qui se
polarise de mois en mois. Du genre : si je ne le connais pas, ça n'existe
pas. Point.
Ma définition de bienvieillissance est engageante.
J'y ai inséré le verbe apprendre. Ce n'est pas fortuit. L'apprentissage,
c'est une démarche. Une démarche qui, dans sa forme ultime et idéale, ne
s'arrête pas. Un apprentissage qui progressera au gré du temps et des
changements humains et sociétaux.
Bien sûr, mes 63 ans bien sonnés m'amènent à réfléchir au
vieillissement.
Les funérailles d'une tante âgée de 91 ans, la semaine
dernière, ont aussi alimenté la réflexion. Cette femme hyper impliquée dans sa
communauté avait d'ailleurs contribué à briser un plafond de verre dans sa
vie : dans son noyau familial, le revenu principal lié à un travail
extérieur, c'était le sien. Nous sommes dans les années 1960. C'était rare, à
cette époque. Une femme étonnante, extravertie et tellement accueillante !
La maladie l'a pourtant réduite au silence. Elle était,
malgré elle, repliée sur elle-même. Son légendaire sourire illuminait de moins
en moins son visage. Elle n'en pouvait plus, ses membres se raidissaient et la
circulation sanguine était déficiente. Et, elle n'avait plus que ses yeux pour
crier sa douleur. L'aînée de ses filles est marquée par le fait qu'au cours des
derniers mois, elle essuyait constamment des larmes sur les joues de sa maman
qui ne pouvait plus s'exprimer autrement.
Bienvieillissance, je disais donc...
Ce qu'on a collectivement échappé en chemin
On a d'abord échappé le principe de collectivité, justement.
Le confort individuel a pris le dessus sur le groupe.
Puis, on a échappé le principe de prévoyance.
Nous acceptons de vivre dans un système qui réagit au lieu
d'agir. Depuis le début des années 1980, les gouvernements décident en fonction
d'une éventuelle réélection.
L'exemple le plus criant est sûrement le troisième lien
devant relier Québec et Lévis. L'objectif ultime n'est pas routier. Il s'agit
de conserver les sièges électoraux dans cette région. Et, pour sauver des
sièges au Parlement, il y a toujours des milliards de dollars disponibles,
étrangement.
Mais, pendant qu'on s'intéresse aux voitures à Québec, le
train de notre société passe, comme ça, en arrière-plan, sans que les décideurs
en tiennent compte.
Aujourd'hui, on essaie de réagir au fait que la population
continue de vieillir dans la courbe statistique. Depuis les années 1970 et 1980
qu'on sait où on s'en va. Mais, on ne fait rien. Ou très peu. Tout ça relève du
long terme, alors que l'important, c'est le prochain mandat !
Et, disons-le, nous sommes tous un peu complices de cette
situation. On vote sans trop se soucier de l'impact et même des programmes
présentés.
Même dans la gestion de l'État, on se fie à un individu pour
tout régler. Tel premier ministre va tout régler. À la Santé, c'est
pareil : on multiplie les réformes improvisées au gré des ministres qui se
succèdent. On change les structures, les acronymes, les méthodes, les
indicateurs et tout.
Le manque de réflexion donne des situations comme celle des
années 1995 où on a poussé des milliers de personnes à la retraite anticipée
dans l'obsessive atteinte du déficit zéro de Lucien Bouchard, omettant ainsi de
regarder plus loin. M. Bouchard a ensuite joint sa voix au groupe des
autoproclamés « lucides ». Ça ne s'invente pas.
La bienvieillissance, donc.
Après les funérailles de ma chère tante, autour de moi, le
propos était pas mal unanime. « Je ne veux pas finir comme ma tante.
Vivement l'accessibilité à l'aide médicale à mourir prévue à l'avance ! »
Nous en sommes rendus à nous donner des moyens d'échapper à
la prison que peuvent devenir des soins de longue durée... Après tout, si la
médecine peut nous amener très (trop ?)
loin dans le processus de vie, voire de survie, ça devient une question d'équilibre des forces en présence, que le patient puisse dire (ou pré-dire !) « Ok, là,
ça fait... Merci pour tout, mais là, salut ! »
La bienvieillissance est bien plus large que cette
seule chronique. J'y reviendrai de temps à autre.
Mais nous avons tous vécu des situations qui font qu'on a
tendance à prendre une lecture de la situation en commençant par la fin.
Clin d'œil de la semaine
Rien n'est simple, en société. Mais, faire
semblant que les choses n'arriveront pas n'est pas une solution...