Si nous étions collectivement un patient chez son médecin,
ce dernier nous dirait : je dois vous dire que je n'ai pas de bonnes
nouvelles. Nous sommes atteints de diverses maladies qui à terme devraient nous
conduire à notre cercueil. Pensons-y un instant. Nous vivons au lendemain d'une
terrible pandémie qui a fait de nombreuses victimes, nous assistons à la montée
des régimes autoritaires et xénophobes partout dans le monde, les discussions
sans issue sur les énergies renouvelables, les combustibles fossiles, les
changements climatiques, les phénomènes météorologiques extrêmes, la pénurie
d'eau potable, la perte de biodiversité, l'ingérence étrangère, les assassinats
politiques sur notre territoire et la violence contre les minorités sexuelles.
Voir des groupes extrêmes s'organiser au Canada suivant en cela les pratiques de
notre voisin américain contre l'identité du genre est la cerise sur le sundae.
Je ne suis pas convaincu que le rempart Legault sera suffisant pour calmer le
jeu. Nous avons besoin collectivement d'avoir une vraie conversation et de
trouver les voies modérées qui caractérisaient jusqu'à récemment l'identité
canadienne. Jamais l'influence américaine n'aura eu autant de prise sur nous.
Cherchons à y voir clair dans l'enjeu de l'identité du genre.
Identité du genre, une réalité que
j'ai vécue personnellement...
Identité du genre, nouveau vocable, nouvelle réalité qui
touche moins de 1 % de la population. Un enjeu qui prend une place
disproportionnée dans l'espace public même si la protection des minorités doit
être une valeur cardinale de notre vouloir-vivre ensemble. Nous n'avons pas
tous été confrontés à cette réalité. Pour ma part, j'ai été placé devant cette
réalité tant dans ma vie professionnelle que dans ma vie personnelle.
Professionnellement, j'ai déjà fait appel aux services professionnels d'un
expert en marketing numérique. Expert qui est devenu experte du jour au
lendemain puisqu'elle a transitionné de son sexe attitré à la naissance :
masculin à celui qu'elle ressentait, le sexe féminin. Cela n'est pas passé
inaperçu aux yeux de plusieurs. De concert avec mon client aux idées libérales,
nous avons choisi de traverser le plafond des préjugés ambiants. Je m'en
félicite encore aujourd'hui et j'ai développé en prime des liens d'amitié avec
la consultante. J'avais aussi commencé à mieux comprendre ce monde que l'on dit
étranger au nôtre aujourd'hui.
Plus récemment, ma petite-fille m'avait demandé si elle
pouvait inviter une amie à la maison lors de l'une de ses visites en me
prévenant que cette amie qui ressemblait à mes yeux à une fille se sentait un
garçon et que je devais la considérer comme un être masculin même si mes yeux
me disaient que c'était quelqu'un de sexe féminin. Je ne peux vous dire que ce
que j'ai vécu allait de soi, ce serait vous mentir. Néanmoins, de la bonne
volonté et un peu d'efforts pour mettre de côté et j'ai pu faire face à la
situation. En fait, ce ne fut pas si difficile. Un peu de bonne foi,
d'ouverture et le tour était joué. Si moi, un homme blanc né au milieu du
siècle dernier, je suis capable de cet esprit d'ouverture, je ne peux
comprendre les images d'intolérance que j'ai vues cette dernière semaine dans
les bulletins de nouvelles.
Identité du genre, ça mange quoi en
hiver ?
L'identité de genre fait référence au sentiment profond d'une
personne de son propre genre. Cela peut correspondre ou non au sexe qui lui a
été attribué à la naissance. Les gens peuvent s'identifier comme masculins,
féminins, une combinaison des deux, aucun des deux, ou d'une manière
différente. Les
personnes peuvent avoir une identité de genre qui est masculine, féminine, ou
non-binaire. Les personnes non-binaires peuvent s'identifier comme étant en
dehors du binaire homme/femme traditionnel, et peuvent utiliser des termes tels
que genderqueer, agender, bigender, et plus encore pour
décrire leur identité de genre.
Il est important de respecter l'identité de genre
de chacun, y compris en utilisant les pronoms corrects et en offrant un soutien
aux personnes transgenres et non-binaires. La reconnaissance et le respect de l'identité
de genre d'une personne contribuent à son bien-être et à son estime de soi. En
revanche, le rejet ou la non-reconnaissance de l'identité de genre d'une
personne peut entraîner des conséquences négatives sur sa santé mentale et
émotionnelle. La société a progressivement évolué pour reconnaître et respecter
diverses identités de genre, mais il reste encore beaucoup à faire pour assurer
l'égalité et l'acceptation pour tous, quel que soit leur genre.
Alors pourquoi ce débat aujourd'hui ?
Les questions liées à l'identité du genre font irruption sous des
éléments de détails de nos vies quotidiennes. Les toilettes mixtes ou non, le
désir d'un ou d'une professeure de se faire nommer Mix plutôt que monsieur ou
madame, les cases présentes sur les formulaires officiels et tutti quanti. Dans
les faits, ce sont le conservatisme ambiant et les idéologies religieuses qui
sont les plus heurtés par l'irruption du débat sur l'identité du genre. Le
conservatisme politique et l'identité de genre sont deux concepts distincts,
mais ils sont intrinsèquement liés dans ce débat.
Le conservatisme politique est une orientation idéologique qui met
l'accent sur la préservation des valeurs, des institutions et des traditions
sociétales existantes. Les conservateurs politiques croient généralement en la
prudence dans le changement social, en la défense de l'ordre établi et en la
promotion de valeurs traditionnelles telles que la famille, la religion et la
responsabilité individuelle. Ils sont souvent en faveur de politiques
économiques favorisant le libre marché et la réduction de l'intervention
gouvernementale dans la vie des individus. Ils sont souvent contre
l'homosexualité et contre le mariage entre personnes de même sexe sans oublier
leur réticence face à l'avortement.
Quant à elle, l'identité de genre se réfère à la manière dont une
personne se perçoit et se définit en matière de genre. Il existe une
distinction entre le genre assigné à la naissance (basé sur les
caractéristiques anatomiques) et le genre avec lequel une personne s'identifie.
Certaines personnes s'identifient au genre qui leur a été assigné à la
naissance (cisgenres), tandis que d'autres s'identifient à un genre différent
de celui qui leur a été assigné (transgenres). L'identité de genre est un
aspect fondamental de la personne et peut être différente de l'expression de
genre (les comportements et les caractéristiques associées au genre). Bien
que le conservatisme politique puisse impliquer une résistance au
changement social, y compris aux évolutions de compréhension de l'identité de
genre et aux droits des personnes transgenres, il est important de noter que
les opinions politiques sur ce sujet varient considérablement. Certains
conservateurs soutiennent les droits des personnes transgenres et la
reconnaissance de l'identité de genre, tandis que d'autres s'y opposent. Le
débat sur l'identité de genre est souvent un sujet complexe et controversé, où
des considérations morales, religieuses, sociales et politiques entrent en jeu.
Les opinions à ce sujet sont diverses et ne se limitent pas strictement à une
orientation politique particulière. De plus, les attitudes et les opinions
évoluent, ce qui signifie que la relation entre le conservatisme politique et l'identité
de genre peut varier selon la culture, la géographie et la période historique.
Les religions s'invitent au débat
Outre le conservatisme ambiant, il y a aussi la facette religieuse
qui s'invite à ce débat. La relation des religions à la question de l'identité
du genre est très variée. Voici quelques points
généraux à prendre en compte. Il existe de nombreuses religions dans le monde,
chacune ayant ses propres enseignements, ses propres croyances et ses propres pratiques.
Certaines religions sont plus inclusives et acceptantes envers les personnes
transgenres et non-binaires, tandis que d'autres peuvent être plus restrictives
et conservatrices en matière de genre. Cela dépend souvent de l'interprétation
des textes religieux et de la manière dont ils sont enseignés par les leaders
religieux. Les attitudes envers l'identité de genre sont souvent influencées
par la culture dans laquelle une religion est pratiquée. Par exemple, certaines
cultures peuvent avoir des normes de genre plus rigides, ce qui peut influencer
la manière dont les religions locales abordent la question. Les croyances
religieuses ne sont pas statiques, et de nombreuses religions évoluent au fil
du temps. Certaines communautés religieuses modifient leurs enseignements pour
devenir plus inclusives et plus acceptantes à mesure que la société évolue et
que de nouvelles informations et de nouvelles perspectives émergent. Il est
important de noter que les attitudes et les croyances individuelles au sein d'une
même religion peuvent varier considérablement. Certaines personnes LGBTQ+
trouvent un soutien spirituel au sein de leur religion, tandis que d'autres choisissent
de quitter leur religion en raison du rejet qu'elles y rencontrent. La
compréhension de cette question est donc très nuancée et est dépendante du
contexte culturel et religieux spécifique.
Le
dialogue doit remplacer l'ignorance
En fait, le problème en soi en est un d'ignorance
crasse comme dans bien d'autres débats. On craint ce que l'on ne connaît pas.
Dans les camps opposés se retrouvent des extrémistes. Les cathos et les fachos
qui veulent nier l'identité du genre et faire comme si cette réalité n'existait
pas sans accommodements raisonnables. De l'autre, les radicaux d'une liberté
qui souhaitent faire disparaître toutes les traces de l'ancien monde peuplé
d'hommes et de femmes. Dans les deux cas, on exagère et cela conduit à des
affrontements néfastes à la préservation des droits des minorités. En fait, ces
jusqu'au-boutistes représentent bien la mouvance contemporaine. Ce n'est pas
avec des propos comme ceux de la mairesse de Montréal, Valérie Plante où du
premier ministre du Canada, Justin Trudeau que l'on va réussir à calmer le jeu.
À cet égard, mieux que Plante et Trudeau, le premier ministre du Québec,
Francois Legault a su trouver les mots et le ton pour combattre ces nouveaux
visages de l'intolérance...