Bon, ça
y est.
Facebook/Meta
est passé à l'action et a désactivé les statuts publiés par les médias
d'information canadiens.
Dérangeant,
quand même. Je vous propose des éléments de réflexion d'un utilisateur, bien
sûr, mais surtout d'un citoyen concerné par son environnement immédiat.
À mon
sens, l'aspect génial de Facebook est de miser sur ce besoin intrinsèque qu'on
a toutes et tous d'entrer en relation avec autrui.
Le
développement initial s'est donc fait en fonction de faciliter les contacts. À
partir des images qu'on partage jusqu'à la possibilité de s'exprimer sur un
sujet donné, tout était là pour créer une plateforme utile et agréable.
Utile,
sûrement.
Agréable,
c'est selon!
En cours
de route, disons que Facebook s'est fait de nouveaux amis plus riches,
éclipsant au passage le rapport avec ceux qu'elle avait à la base!
Dans les
faits, le modèle d'affaires est devenu l'unique motivation de Facebook/Meta. Les
fonctions servant à mettre les gens en relation sont devenues de formidables
outils pour générer des profits. La société est entrée en bourse et vise,
depuis, la satisfaction d'actionnaires avides de profits.
Je constate
que le fil d'actualités perd de sa valeur initiale de mois en mois. Une analyse
visuelle rapide trahit le fait que la place des publicités est largement plus
impressionnante que celle dédiée aux « amis ».
Et
parlons-en, des amis! Si je peux choisir qui me suit et qui je suis (pas au
sens d'être, mais de suivre!), c'est quand même un algorithme qui décide de ce
que le fil d'actualités me propose. L'appât du gain a largement pris le dessus
sur le but premier d'entrer en contact avec autrui.
Un
formidable modèle à générer des profits qui compte des milliards
d'utilisateurs.
Et qui
mesure sa pertinence à sa croissance économique.
Un
pied de nez à une loi canadienne
Le
retrait des liens proposés par les médias sociaux contribue à dégarnir le
contenu déjà de plus en plus pauvre.
La
machine Facebook/Meta est bien huilée. La réaction à la loi fédérale a d'abord
été politique et prenait des allures de menaces. Comme le poisson n'a pas
mordu, le politique a confié le dossier aux mains expertes du département des
communications qui propose un autre ton, du genre : dans le but de nous
conformer à la loi canadienne, Facebook/Meta est tenu de retirer le contenu
proposé par les médias d'information...
Habile
façon de mettre le singe sur les épaules d'un autre ami... et de détourner
l'attention du débat réel.
Notre
rapport avec l'information.
Plus les
médias sociaux s'insèrent dans nos quotidiens, plus ils prennent du contrôle
sur nos actions et réactions et plus ils sont efficaces pour les annonceurs qui
les utilisent.
Dans le
monde des médias, un triste constat est souvent fait, via les analyses du
comportement des internautes à la vue du titre d'un article sur un sujet
donné : une majorité de gens lisent un titre de l'actualité et réagissent
à la nouvelle, mais sans avoir cliqué sur le lien!
Constat :
dans une ère où chaque seconde semble comptée, le titre devient l'information.
Et ça,
c'est dangereux.
À
nous de jouer!
On peut
diminuer radicalement notre temps d'utilisation quotidien de Facebook, s'en
servant pour ce qu'il est : une façon d'entrer en relation. Dans les
paramètres de confidentialité, on peut demander à Facebook de limiter notre
accès à un temps donné. On peut être surpris du temps qu'on y passe, au final!
Après 20 minutes par jour, mon Facebook me dit « à demain ». Je ne me
rends plus là, maintenant, et je ne vais surtout pas plus mal.
Additionné
à des milliers d'autres, notre comportement individuel peut avoir un effet sur
les plateformes qui carburent aux statistiques, la pression de l'augmentation
des revenus publicitaires étant leur salut.
Puis, il
faut réfléchir à notre rapport avec l'information. À l'importance de prioriser
une information crédible. À considérer les médias locaux qui nous branchent sur
notre communauté (EstriePlus en est un de ces médias!). Il est simple, ensuite,
de faire une liste des médias qu'on souhaite suivre et d'activer les
notifications de leurs sites respectifs.
Facebook/Meta
est d'abord un outil pour entrer en contact avec d'autres humains. Déjà que de
s'approprier le terme « amis » est pompeux, voilà que l'objectif
principal a changé : faire toujours et toujours plus d'argent, quitte à
créer des formes de dépendance à coups de publicités, de vidéos courtes et d'histoires
« réelles » qui ne font qu'assouvir une soif de voyeurisme plus ou
moins sain.
Exactement
ce qu'un vrai ami nous dirait d'éviter.
Clin
d'œil de la semaine
Facebook
est un lieu. Lieu de rencontres avec mes amis. Mais, rappel amical : le
lieu en soi n'est pas un ami...