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  CHRONIQUEURS / Deux mots à vous dire

Le temps d’une chanson… de l’année!

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François Fouquet Par François Fouquet
Lundi le 8 janvier 2024

« Ça va durer le temps d'une chanson, cette affaire-là... »

J'ai souvent entendu cette exclamation pour décrire une romance qui n'annonçait rien de stable. De solide.

Pourtant, et vous l'avez peut-être déjà vécu, le temps d'une chanson, pendant un spectacle auquel on assiste, peut entraîner toute la foule d'un trait! Vous savez, cet élan du cœur qui arrive exactement au bon moment et qui a la force d'une décharge d'énergie positive?

Pour les gens présents à ce moment précis, à cet instant d'apothéose, on pourrait croire que la paix dans le monde est possible!

« Ça va durer le temps d'une chanson, cette affaire-là! »

En sortant du spectacle, cependant, les automobilistes reprennent rapidement leurs droits en sortant du stationnement. Un conducteur en vient à juger que non seulement un autre l'a coupé, mais qu'il l'a fait exprès, ce qu'il considère comme une agression personnelle qui demande justice... Une atteinte à sa liberté fondamentale, celle qui se résume à son nombril tout personnel. Gueulage et coups de klaxon au menu!

Et dire que les deux assistaient au même moment magique, en même temps!

« Ça va durer juste le temps d'une chanson, cette affaire-là! », disais-je...

Ce n'est pas la chanson le problème!

À me lire, on pourrait croire que je considère les chansons comme des jeteuses de poudre aux yeux. Comme des agaces qui n'ont rien d'autre à offrir que des illusions.

Il n'en est rien, croyez-moi!

Je me rappelle qu'au tournant de l'an 2000, j'ai été heureux de constater le résultat d'un sondage pour déterminer la chanson la plus marquante du siècle précédent. Chanson francophone, j'entends. C'est l'air de Raymond Lévesque, Quand les hommes vivront d'amour, qui l'a emporté. 

Évidemment, on peut être d'accord ou non, et, comme c'est la mode des années 2020, de traiter tous les gens qui ont voté d'ignares, d'épais et de quoi encore?

Cela confirmerait cependant que Raymond Lévesque avait raison : ce n'est pas demain la veille que ça va arriver! Ou, dit plus bellement : Les soldats seront troubadours, mais nous, nous serons morts, mon frère.

J'aimais le choix du public parce que la seule musique de cette chanson transporte candeur et bienveillance. Quand on y colle la poésie de Raymond Lévesque, ça fait du bien à l'âme. Écrite en 1956. La chanson est encore criante d'actualité.

Et pour 2024?

Je me suis demandé, à l'approche du premier janvier 2024, comment j'allais aborder cette nouvelle année.

Déjà, ça prend de la discipline juste pour ne pas déprimer trop en regardant autour!

Je réalise que cette déprime toute légitime est liée à une sorte de vertige pour moi. Un vertige par rapport à l'insolvable esprit guerrier qui anime les dictateurs de partout dans le monde; par rapport aussi aux effets déjà bien installés de l'accélération des changements climatiques; par rapport à l'attitude « tout pour moi » ou « oui, mais moi » qui semble guider notre quotidien.

Un vertige, donc.

Comme pour calmer tout ça, j'ai besoin de me sentir réconforté, d'abord, puis utile, le plus possible.

C'est là que l'idée de déterminer la chanson de l'année 2024 m'est venue.  

"Un sondage mené auprès de moi-même arriverait à quelle conclusion?", me suis-je demandé.

Ouf! C'est qu'il y en a beaucoup, fort heureusement, des chansons magnifiques. L'espoir que représente On va s'aimer encore est puissant dans toute la douceur de son expression. L'incontournable La Tête en bois de Jipé Dalpé en appelle de façon magistrale à la résilience et la solidarité. Et combien d'autres?

J'arrête mon choix sur la chanson Sur mon épaule des Cowboys Fringants.

Le texte est tellement juste et tellement accessible qu'il en est troublant. Et la musique appelle à une douceur quand même énergique.

Mets ta tête sur mon épaule,

Pour que mon amour te frôle,

Toi qui en as tant besoin...

 

Pourquoi celle-là? 

Parce que c'est notre tête, notre raison, qui est interpellée quand on prend la mesure de tout ce qui ne va pas. 

Parce que la tête contient ce cerveau qui a besoin d'un endroit pour se réfugier quand il n'arrive pas à résoudre une situation qui, ultimement, risque de le détruire. Comme il est programmé pour vivre, il réagit à la menace, mais ne trouve pas de solution rapide... 

Parce que cette chanson appelle à la solidarité. 

Et parce qu'elle réfère à ce moment où des milliers de gens, présents au même spectacle, dans un moment d'apothéose, ont vibré en même temps, croyant pour un instant que la paix dans le monde était possible!

Oui, je sais, ensuite, il y a eu la sortie du stationnement. Mais, pendant un moment, l'espoir était bien là! 

 

Clin d'œil de la semaine

 

Des fois, je redeviens naïf et je chante très fort: c'est le début d'un temps nouveau! 

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