Je sais
que le printemps est là quand je ressens la chaleur nouvelle du rayon de soleil
qui a changé sa trajectoire. Qui se manifeste de façon plus directe. La lumière
de l'hiver est très belle, mais plus haute, plus loin, exempte de ce sentiment
de chaleur que le printemps permet.
C'est
beau, le printemps.
Je
disais à mes collègues, cette semaine, que je ne m'imagine pas vivre dans un
endroit où la découpe des saisons est moins nette qu'au Québec.
Tout de
nos saisons rappelle le cycle de la vie. Cette vie qui charrie du charme tout
au long de son parcours, si tant est qu'on veuille bien le voir. On peut
s'arrêter au fait que le printemps ramène cette boue un peu gossante causée par
le dégel. On peut s'arrêter au fait que l'humidité qui se combine à la chaleur
de l'été est suffocante. On peut s'arrêter au fait que l'automne provoque une
grisaille qui absorbe tellement la lumière que ça nous attriste. On peut
s'arrêter au fait que l'hiver est tellement froid que la seule manière d'en
profiter, c'est d'hiberner dans sa cabane chauffée.
On peut
aussi le voir autrement.
On peut
faire l'effort de remarquer les pousses qui verdissent lentement aux branches
des arbres et des arbustes. S'émerveiller devant la soif de vivre des
perce-neiges. Se lover dans cette chaleur nouvelle du soleil du printemps.
On peut
faire l'effort de savourer la légèreté de l'être que procure l'été. Regarder
autour de soi et constater la succession des couleurs dans les platebandes.
S'émerveiller du fait que de jour en jour, la petite semence devient un fruit
ou un légume. Et profiter de ce nombre d'heures où il est facile et plaisant
d'être hors de sa cabane.
On peut
aussi faire le constat de la richesse des couleurs des feuilles d'un arbre à
l'automne. Ces couleurs riches comme les souvenirs d'une vie bien remplie qui
tire à sa fin. Et qui reprendra, sous la forme d'une autre feuille, descendante
de celle qui quitte. Faire le constat de cette richesse sensorielle qui nous enveloppe
lors d'une promenade en forêt à l'automne.
On peut
aussi respirer la pureté de l'air froid par une journée ensoleillée d'hiver.
Voir la lumière difforme du soleil traverser un glaçon de gouttière, même à -20 degrés.
Constater notre univers quotidien recouvert d'un tapis blanc, atténuant ou
accentuant ses courbes, mais révélant rigoureusement son immensité. Se dire que
cet arbre qui semble mort reverdira bientôt et reprendra de sa superbe.
Vivaldi
avait vu ça
Je ne
m'y connais pas en musique classique. Pour tout dire, je n'arrive pas à
l'apprécier comme d'autres le font si bien. L'art atteint tout le monde de
façon bien différente. Et cela est juste et bon, comme dirait l'autre.
« Je
trouve que ça manque de refrains... », ai-je avoué à une amie qui
adore la musique classique. On dirait que c'est trop abstrait pour moi.
Mais
Vivaldi et ses 4 saisons me propose, me semble-t-il, des refrains dans ses
pièces. J'entends par refrains des séquences qui se répètent et qui célèbrent
la pertinence des couplets.
Bref,
ça, c'est moi. Pour vous, c'est peut-être autre chose.
Alexandra
Streliski, André Gagnon, François Dompierre et bien d'autres répondent à cette
définition que je fais des refrains dans les pièces uniquement musicales.
Une
chose, pour moi, demeure centrale : les saisons méritent d'être célébrées.
Comme l'ensemble de cette nature qui nous entoure. Celle-là même qui restera
une fois nos folies modernes éteintes. Celle qui s'adaptera à tout ce qui
arrivera. Celle qu'on croit contrôler. À tort, bien sûr.
Pour
l'heure, j'ai le goût de célébrer ce printemps qui arrive.
J'ai le
goût de célébrer les quatre saisons qui nous rappellent que la vie n'est pas
plus fragile pour nous que pour la nature. L'affaire, c'est que nous, on se
sent plus importants que la nature...
Clin
d'œil de la semaine
La
poésie, c'est le beau, tout simple. Celui qu'on prend le temps de regarder.
« Viens
voir la vieille barrière rouillée, endimanchée de toiles d'araignée »
- Félix Leclerc, Hymne au printemps.